
0 INTRODUCTION.
Ci (l'établir une uniformité de nomenclature nécessaire pour
(( toutes les parties de la Républi(jue (i). »
C’est ce vaste programme que j ’ai cherché à remplir en
m’entourant de tous les matériaux indispensables à son exécution.
.le m’y suis préparé par sept années d’études, pendant
lesquelles je n’ai cessé d’examiner et de décrire, une à une,
et dans tons leurs détails, les Variétés cultivées au Muséum,
de les rapprocher suivant leurs ressemltlances, de les dessiner
avec toute l ’exactitude dont je suis capable, en même
temps que je formais un herbier de leurs fleurs et de leurs
rameaux feuillus, de manière à pouvoir saisir l ’ensemble
(les caractères de chaque Variété à toutes les épo(|ues de
l'année. Ce n’est (pi’après cette longue étude préalable que
1 ai cru pouvoir commencer la publication du / ardin fr u itier
du Muséum.
,1e ne sais quel jugement mes successeurs porteront sur
mon travail; ce (pie je jjiiis affirmer, c ’est que les circonstances
m'ont été particulièrement favorables, en ce sens (pie
j ’ai pu observer moi-mênie avec suite, à loisir ct sans idée
préconçue, la totalité des Variétés dont J’avais à parler. Ou
le comprendra si on se rappelle que le Muséum possède la
¡lilis riche collection d’ariires fruitiers qui existe, et, J’ose
le dire, une des mieux entretenues. La création de ce verger
école date (le lyqa, c’est-à-dire de l ’époque où le célèlire
jardin fruitier des Chartreux de Paris, ayant été aboli par
1111 décret de la Convention, deux individus de cliaifue variété
d’arbres dont il était formé, furent transportés au Muséum.
Cette collection, (¡ni comprenait i8,ô Variétés en 179 i,
s’est accrue depuis sans interruption par les soins des pro-
( i ) D p c r e l d e la ConvciUion , .793.
fesseiirs illustres qui m’ont précédé. Elle est si vaste aujourd’hui
(pie le seul Genre Poirier, qui comptait en i8 uj, à la
mort d’André Tlioüin, aG5 Variétés, y ligure aujourd’hiii
pour plus de i.^oo. Ce qui ajoute encore à riiiiportanoe de
cette collection, c’est q u’elle a conservé la plupart des types
décrits il y a un siècle par Duhamel,
Si la nomenclature de nos arbres fruitiers est restée jns-
(¡ii’à ce jour un inextricable chaos, il faut l ’attrilnier non-
seulement à l ’absence de tonte méthode, an défaut absolu
de description, mais surtoiità l ’arbitraire qui aprésidé à leur
(lésignatioii. 11 n’est pas une de ces Variétés qui ne porte,
suivant les lieux, plusieurs noms différents; ileiiestpeii aussi
(|ui n ’ait quelques noms communs à plusieurs autres. Or, on
le sait, en histoire naturelle plus (¡n’en tonte autre science
peut-être,, la désignation des objets par des noms (¡ui leur
soient propres est la première condition à remplir : faute de
noms précis, il n’est pins possible de s’entendre; l’esprit se
perd dans la multiplicité d’appellations dont la valeur n ’est
pas fixée, et auxquelles cliacnu donne un sens arliitrairo. Mais
¡)our appliquer des noms aux objets, ou pour faire un lien-
reiixchoix parmi ceux qu'ils portent déjà, il faut connaître
les objets eux-mêmes; il faut pouvoir les distinguer à des
caractères certains, saillants autant que possible, et, afin de
les rendre saisissalfles à l ’esprit du lecteur, les dégager de
ce (¡ni appartient 011 commun à tout le Genre dont ils
font partie. La possession de tous ces objets est doue,
de nécessité absolue, car la difficulté du travail de nomenclature
s’accroît avec le nombre des individus à classer, et
elle est d ’autant plus grande qu’ils offrent moins de différence
entre eux. Si les lîotanistos iiionographes ont tant de
peine à mettre do l ’ordre dans les Genres naturels qu’ils ont