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10 INTRODUCTION.
de ceux de la poire â!Angleterre, qui n’ont germé que Tan-
iiée suivante, et cela dans deux semis différents ( i 853 et
i 854), sans que je puisse en déterminer la cause. Un très-petit
nombre seulement de ces arbres a fructifié, et je regrette?
({ii'iine décision ministérielle, en date du 5 janvier i86;?,
m'ait forcé de transplanter la plupart des antres : les résultats
qu’ils m’auraient fournis, s’ils fussent restés en place,
auraient été bien plus variés, et, par cela même, plus concluants
que ceux que j ’ai pu obtenir. On verra cependant
du premier coup d’oeil, à l’inspection des ligures coloriées
des Variétés issues de la poire d’Angleterre (pl. 33),
combien les fruits sont déjà modifiés dès leur première génération.
\insi dans la variété du Poirier sauger^ cultivée aux environs
de Paris sons le nom de cirole., les quatre arbres qui ont
fructilié out donné quatre formes différentes : l’une ovoïde,
toute verte; une seconde, ramassée et presque maliforme,
colorée de rouge et de vert; une troisième plus déprimée
encore, de couleur verte tachée de brun; enfin, une quatrième,
régulièrement pyriforme, du douille plus grosse
que les précédentes et uniformément jaune. De la poire
Belle-A lliance sont sorties neuf Variétés nouvelles, dont
aucune ne reproduit la Variété mère, soit par la forme, soit
par la grosseur, soit par le coloris, soit enfin par l’époqne
de la maturité; il s’en est trouvé deux particulièrement re-
inarqiialdes, l’iirie parson volume, plus (jiie douille de celui
de la Belle-Alliance, l ’autre par sa forme ramassée, ([ui
rappelle les poires maliformes. La poire Bosc ts. produit de
même plusieurs nouveaux fruits différant du type, l ’un
il’eux se trouvant même si semlilable à l ’un des fruits obtenus
du Poirier sauger, f[u’on aiïrait peine à l’en distinguer.
INTRODUCTION, 1 1
Les variations se sont trouvées non moins saillantes dans les
semis de Angleterre (i), où neuf arbres fructifiant
nous ont donné neuf formes nouvelles, toutes aussi différentes
les unes des antres et de la forme mère, que le sont
entre elles la plupart de nos anciennes Variétés : l ’un des
sujets m’a même fourni des fruits d’hiver semblables à la
poire Saint-Germain^ tandis qu’unautre m’a donné des fruits
maliformes identiques avec ceux qu’avaient produits les semis
de la Belle-A lliance ; n’oublions pas ([ue cliacune de nos Variétés
de poires constitue une individualité que la nature ne
reproduit plus, et que nous ne pouvons conserver qu’au
moyen de la greffe. Nos expériences contredisent donc les
faits cités par i\I. Darwin (a), qui admet que certaines variétés
de Poiriers se reproduisent identiques à elles-mêmes par
semis.
Ce n ’est pas seulement par les fruits que les arl)res issus
d’une même Variété ont différé; c’est aussi par leur différence
de iirécocité, par leur port et par la forme des feuilles.
Ces différences sont frappantes pour qui observait ces
ai'bres rapprochés dans les mêmes planches de jardin. Autant
d’arbres, autant d’aspects différents : les uns sont épineux,
les autres sont sans épines; ceux-ci ont le bois grêle, ceux-là
Font gros et trapu; sur quelques sujets du Poirier d’^/i-
( 1 )V o ir P la n c h e 3 3 .
(2) D a rw in , Gard, Chron., i 8 5 6 , e t D e là v a r iai.,\o \ . 2 , p . 3 3 é d i t.f r a n c . — M . D a rw in ,
r é d u it à em p ru n t e r ses e x em p le s à d e s a u te u r s q u i n ’o n t jam a i s fa it d ’e x p é r ie n c e s , se tr o u v e
s o u v e n t eu c o n tra d ic tio n av e c lu i-m êm e . A in s i, il a dm e t (1. c ., p . 228) q u e « p e rso n n e n e
c h e r c h e ra it à o b te n ir u n e p o ir e su c c u le n te e t fo n d a n te d ’u ii p o i r ie r sau v ag e » . T a n d i s
q u ’il a dm e t u n p e u p lu s lo in q u e « c’e s t d a n s le b o is q u ’o n a d é c o u v e rt le p lu s g r a n d
n om b re d e s m e ille u re s p o ir e s ». p . 276. — Mes e x p é r ie n c e s d ém o n tr e n t a u c o n tra ir e .q u e
n o u s p o u v o n s o b te n ir d e b o n n e s v a rié té s e n s em a n t d e s p é p in s d e p o ir e s sa u v ag e s , c t d e
tr è s -m a u v a is f ru its en s em a n t c e u x d e n o s p o ir e s am é lio ré e s .