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PI. N . 32. L a Peinture de ce Vafe qui a
été trouvé à Capoue, nous paroit repréfenter LES
N O C E S D E P A R IS E T D ’ H E L E N E : Homere
diOingue fort clairement la confommation de leur
Adultere , de la cérémonie de leurs Mariage lorfqu’il
fait dire à Paris, N?iVu ¿’èv Kpctvoiij i¡J.tyriv tpi-
XÓTÜT1 xa i luFÎ , & que d’ une autre part H e flo r
fouhaite qu’il f î i f mort avant d avoir celebre ces
noces funeHes Iliad, iv . v e r f 40- A in fi k Scene eft
à T r o y e : Hccube qui aimait tendrement Pans eft
aflife près d’ une colonne, c’étoit alors la place la
plus honorable , on k voir donner à Démodocus
dans k Huhieme Iwre de fOdijJee 4 7 3 - S e le ne
debout eft devant fa belle mere, elle porte une
Couronne de Verveine donr, felon Feftus in'voc. Corolla,
on couronnoir les nouvelles mariées qui _fai-
foienr elles-mêmes ces Couronnes, elles les portoient
enfuite fous leurs habits jiiiqu' au moment qu’on
les leur mettoit fur k tête . C ’eft ainfi qn’Ariaiie
étoit repréfentée fur le Coffre de Cypfclus fanfantas
in Eiid. à côté d’Hécube une femme porte une C a f
fette dans laquelle on renfermoit les préièns que
Julius Pollux appelle muñera Spiifaliria; une autre
fuivante d’ Hélene porte aufli un C o ffret, P ix is ,
c’eft a in fi, que dans fon tableau de Delphes, Po-
iygnote repréfênta cette Princeife accompagnée de
deux femmes . L a premiere eft peut-être cette
Aftina x q u i , fuivant Suidas, prima varios in coim
decubitus invenit , tS:' de rcrum venrrcarum figuris
formifque fcripfit - Paris eft affis à côté de Calían-
dre qui tient un Génie, pour montrer quelle avo it
reçu d’Apollon le don de prédire l’avenir ; {voy.
fíome-re, Efcbyle, Lycophron, Euripide, Virgile). Ce
Genie touche le devant de k tête de P a n s , &
comme c’étoit un préfage finiftre de toucher cette
partie, on trouve dans i'Æneide V . ve-rf. 6 9 S., &
dans l’AlceJîe dEuripide , que Proferpine & Mercure
coupoient aux hommes un toupet de Cheveux
peu de temps avant leur m o r t . Ce qui nous porte
à croire que ce Génie eft ici pour annoncer
les malheurs qui doivent fuivre le Mariage de
P a r is , malheurs que Caflandre annonçoit toujours
& que r on ne croyoit jamais ; ceci rappelle ce
qu Horace fait dire à Nérée au fujet de ce fatal
Hyménée.
Mala ducts avi domum
Quam muho repetet Griecia milite
Conjurara tuas nimpcre nuptias.
E t regnum Priami vêtus.
Paris eft repréfenté tel qu’il eft peint dans Homère
Odijf. Lib. V i l i vrr. 39. 40. remarquable par
k beauté & par k molefle de iès habits qui rei-
fembloient à ceux des femmes ; aulieu du bonnet
Phrygien, il porte une coëffure qu’on appelloit Ca-
lyptra, celle qui fervoit aux hommes é to it , cornme
on le peut v o ir , un peu différente de celle qu’era-
ployoient les femmes, car cette derniere laiflolt pa-
roitre le toupet de leurs cheveux. On ne doit pas être
lurpris de ne pas trouver ici k Mitre Phrygienne;
car l’ Orphée du Capitole & celui qu avoit_ peint
Polygnote ne partoient pas k T hia re ordinaire au
T ra c e s , & dans les Peintures antiques publiées par
M .T o rn b u lI , Paris eft aufli ians bonnet, Gamme-
de paroit de même dans plufieurs pierres rapportées
par Maffei . L a Robe de Paris_ eft celle que
les Anciens ßorida w / « ■> k s Rois
de Perfe , au rapport d’Ath én é e , & k s habitans
de Cumes portoient de ces fortes de R ob e s, mais
P h ik rq u e , dans le 24. livre de fes Hijîotres, àiloit
que ceux de Syracufe les avoient dettendues comme
trop voluptueufes & ne k s permettoient
qu’ aux Courtifannes . I l étoit honteux de paroître
ainfi vêtu chez les Athéniens, & fans-doute
que par cet habillement le Peintre a voulu indiquer
le caraGere de celui qui k ;portoit . Pans
tient u n . Sceptre , comme étant louvent appelle
R o i par H om e re, lliad. i v . ve-rf. 96. L a fleur qui
Je furmonte eft k même que l’ on peut voir lur
le Sccptré de Jupiter, dans le Camée de Farnele
gravé par Athénion . T e l étoit fans doute k fameux
Scepte de Pélops . C e t attribut convenoit a
P a r is , qui par Priam , L aomedon, I lu s , T ro s &
Eriaonius deicendoit de Dardanus fils de Jupiter
& d’E k a r e . L a figure qui eft dernere Caflandre
rcpréfence Hélenus reconnoiflable au bâton de laurier
qu’il porte en main, comme étant infpire par
Ap o llon ; Quant aux deux femmes qu’on v o it près
d’Hé cub e, elles font à k fuite de cette Princefle,
l’une d’elles porte un Vafe pour faire des Libations
à peu-près comme dans k Noce Aldobrandine .
Les Marchepieds qui font dans cette peinture indiquent
prefque toujours des Dieux ou des Héros
; Hékne & Paris étoient l’ un & l’ autre , car
outre que tous deux delcendoient de Juj5iter, l’une
par Léda & l’autre p a rE le a r e , c’eft qu’encore on
leur rendoit k s honneurs dûs aux Héros & aux
Dieux : en effet Lucien nous affure avoir vu dans
le Temple de k Déeffe de Sy rie , les Statues d’H élen
e , d’ Hécube , d’ Andromaque , celles de Pans,
d'HcÔor , d’ Ach ille , de Nirée &c. Hérodote de
fon côté (L tè -K / .) nous apprend qu’Hckn e avoit un
T emple dans le quartier de Lacédémone appellé
T é rap n c , & lesRhodiens, au rapport de Pa^anias,
lui en ckverent une autre fous k nom d’Hékne
Entitris . Les Athéniens pendant k cérémonie de
Noces, avoient coutume de tenir des pains dans des
Corbeilles, ce qui répondoit à la Confarréarîon en
uiâge chez les Romains , c’eft peut-être ce qui eft
indiqué par k Corbeille placée fous la figure de
P aris , & qui pourroit bien, auffi être U S itu la confacrée
à Bacchus , l’ un des Dieux , D i t Genitales
qui préfidoient aux époufailles.
Les Couronnes qui font au deffus de k tête
des nouveaux E p o u x , marquent un ufage rapporté
par C k u d ie n , tu gemmas, concordia, neBe coronas;
elles Indiquent parfaitement bien k fojet de
cette peinture qui ne pouvoit être mieux ch o iiî,
pulfqu’ il rappelle un des événemens k s plus in-
téreifans pour k Grece; car l’expédition de T ro y e
à laquelle k Mariage d’Hélene & de Pans donna
lieu , e f t , avec c e ik de Tebes & le Vo yag e des
Argonautes, la plus fameufe de toutes celles dont
il eft parlé dans l’hiftoire des temps Héroïques.
Les figures de cette Peinture font bien entendues
& pleines de graces , on y defireroit cependant
un peu plus de variété dans les attitudes,
& de correélion dans le Deflein : les Drapperies
font en général bien jetées & rappellent plufieurs
coutumes , que j’ ai cru inutile de rapporter i c i .
Je remarquerai ièukment que l’ habillement d’ Hék
n e eft encore en ufage dans les environs de N a ples,
& felon Tournefort dans quelques-unes des
' I sk s de 1 Arch ipe l. L a Robe de Caflandre, qui eft
ouverte fur les côtés, eft celle que portoient les La-
cédémonienes & dont Plutarque fait mention dans
la vie de Lycurgue . On v oit encore ici le Srro-
phium ou fafciaPeBoralis dont parie Ap u lé e, c’étoit
une efpece de ceinture qui foutenoit k ièin de femmes.
On pourroit aulïï remarquer k tunique de lin
lucida v e f i s , que k s Tarcntins au rapport d’Athe-
née , excelloient à fabrique r. Les bras de Paris font
ornés de Bracelets fuivant k coutume des Orienta
u x ._ T it e Live nous apprend que les Sabins en
portoient au fli, & l’ on trouve dans Gruterus une
infcription qui rappelle que Fabius Qiiadratus fut
deux fois honoré par T ib e re du don des Colliers
& des B racele ts . L ’aélion de Paris eft très noble
& rend bien k furprife où Je jetc k préfence du
G é n ie , dont l’attitude impolànte a quelque choie
de Solemnel qui exprime bien ce qu’ il annonce;
on ne peut rien de plus fimple & à k fois de plus
agréable que k figure d’H é len e ; cependant on y
obferve comme dans toutes les autres un air d’inquiétude,
& une forte de triftefle qui k iflen t v oir
que cet Hymen eft formé fous des au/plccs malheureux
; ce ièntiment eft celui qu’ il me ièmbJe que
l ’A rtifte a principalement voulu exprimer.
Les connoifl’eurs admireront fans doute k compofition
des ornemens qui décorent ce V a fe , ils me
paroiffent ne pouvoir être mieux placés , ni plus
ingénieufement imaginés, qu’ils le fo n t .
Pl. 35. Suivant k Théogonie d’Héfiode, Né-
mefis fille de k N u it étoit foeur du Deftin , des
Parques, de k Mo rt , du Somcü , des Songes &c.
elle v eillo it , dit Ammian M a rc e llin , à la punition
des crimes des Impies : les Habitans des
Smyrne furent , felon Paufanias les premiers qui
lui donnèrent des ailes , parce qu’elle pourfuivoit
inceffament les coupables : k s Anciens l’ ont quelquefois
confondue avec le Deftin , les Parques &
mêmes les furies ; Plutarque n’ eu connoir qu’ une,
qui comme Ncmefis portoir le nom d’Adraftée &
qui étoit félon lui le feul Miniftre de k vengean-
ge des Dieux ; c ’eft cette Némefis qui eft reprcTcntée
ic i , O R D O N N A N T A O R E S T E D ’A L L E R
V E N G E R L A M O R T D ’ A G AM EM N O N fur
Egyftc & fur Clytemneftre . Cette Peinture me
rappelle l ’idée de la magnifique Scene de l’Eieflre
de Sophocle, où k Choeur dit ^ je vois Némefis
qui s avance , elle porte en fes marns la juftc punition
qui fu it le crime, oui ma fxur , elle s'approche
, la voila , mon efpérance ne m abufe pas.
Rien n eft plus Grand , plus Majeftueux , plus
Vol. 11.
Impofant que k figure de k Déeffe ; dans l’ air
impérieux dont elle commande on reconnoit k
peinture qu’Efchyle fa it de k force du Deftin dans
•fon Promethée . L a Statue de Némefis, que P h y dias
avo it fculptée à Ramnus près de Marathon,
avoit fur la tête une Couronne furmontée de Cerfs,
pour indiquer la force que cette Déeflc avoit de
rendre timides ceux à qui elle commandoit ; c eft
ce que le Peintre a voulu faire fentir dans k figure
d’Orefte , où rien n’eft plus remarquable que
I impreflion de terreur produite par k préiènce de
celle de toutes les Divinités q u i, felon Paufanias,
shrrite le plus contre l’infolence des Hommes : on
I’appelloit Adraftée parce que perfonne ne pouvoir
fe fouftraire' à fes loix qui étoient celles du Deftin
même ; ce qui fait dire à Euripide dans fon Io n .
Dec-reta fato praterrre quis quæat.
C ’eft pour cela que Nemefis eft repréfenrée ici '
ordonnant d’ un air à qui rien ne s’oppo fé , elle
paroit dominer fur les élemens , fà figure eft en
l a i r ; de k main elle marque k route que doit
fuiv re Orefte ; fon bras , qui eft enveloppé dans
fa tunique lui donne un air de gravité qui fait
connoître que fa volonté eft la volonté même des
Deftinées : Rien n’eft plus févere que fa Phyfionomie
& fa C ontenance. Bien que faire avec peu
de traits je doute qu’ il y ait dans tout ce que
nous connoiflbns de l ’Antique une figure dont
l ’aétion fo it plus fiere , plus vive & plus grande
tout à la fois (k qui reponde mieux à fon o b je t.
C e morceau eft bien propre à nous faire connoître
combien les Artiftes anciens, étoient remplis
des plus fublimes idées de leurs Poëres ; C eft de
là qu’ils tiroienr, comme Je faifoient les Orateurs
fuivant Lo n g in , ces traits de Génie qui les éga-
loient à ceux mêmes qui leur avoient fervis de
modèles.
Orefte porte le double juvelot comme c’ étoit
fu fa g e au temps de la guerre de T ro y e .
Bina manu lato c-ri/fnis HafHia fcrro. Virg.
Nous avons une médaille de la V ille de Ma-
ronée où l’on v o it un Bacchus avec le double jav
e lo t , F iy . Mo-nr-Fauc. Vol. 1. P . 14p. & Théle-
maque eft ainfi dans l’ Odiffée d’ Homere lorfqu’il
part pour aller chez E u b ée .
L e Péralé ou Chapeau qu’Orefte porte ici indique
le voyage ; il eft rataché avec des cordons
comme le font ceux que portent encore les Cardinaux
& les Prélats à leur entrée dans Rome ;
ces Chapeaux avoient peu de fond, ils étoient plus
propres à fervir d’abri contre le Soleil & k pluye,
qu’à couvrir k tête . L ’habillement d’Orefte éroir
celui des voy ag eu rs .
P I .3 8 .C E T T E T E T E n’a rien de particulier,
finon qu’lelk rappelle , comme nous l’avons dit ,
dans le Chapitre précédent LE P R O F IL IN V E N T
E P A R L A F IL L E D E D IB U T A D E S & les
commencement de l ’A r t , L a Coëffure & les Boucles
d’o re ilk en font fingulieres, & font connoître
des formes & des ufages que les Amateurs de i’An-
tiquitc ne feront pas fâché de trouver i c i .
f f PJ. 40.
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