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de l ’armée avance vers le Pontife une main fuppliante : dans la médiation
qu’il femble o ff r ir , il exc ite la p itié pour A t t i la , il le montre
p rê t à o b é ir , il intéreffe p ou r fon in fo r tu n e , & femble ne demander
que le temps qu’il faut , pour faire une retraite à laquelle on se
difpofe & de fufpendre au moins pour quelques inftans les effets de
ce p o u v o ir a b fo lu ,d o n t Léon p a roit le d ifp en fa teu r . C ’eft en ce moment
g lo r ie u x , où libérateur de fon p a y s , il en impofe aux Puiffances
de la t e r r e , & difpofe de celles du C i e l , qu’il eft digne du nom de
Grand que la p oftér ité lu i a con firm é . U n foldat à pied près de fon
R o y , le regarde a vec tou te la compaflion dont il eft capable dans
l ’horrible frayeur' dont il eft fa if i, cette même fray eur qui s’imprime
fur tous les v ifa g e s , à pénétré dans tons les rangs qu’elle a confondus,
elle se v o it dans les aêlions de tous les hommes 8c des ch e v a u x , parto
u t elle eft exprimée fu iv an t l’â g e , le caraêlere 8c l’é t a t , des perfon-
nes ; tels font les miracles du Grand Raphaël qui par une forte de
preftige nous fa it éprouv e r pendant le r é v e i l , les plaifirs d’ un fonge
a g ré a b le , 8c nous trompe fur le temps comme fur les lie u x ,e n nous
intéreffant 8c nous faifant partag er les paffions, qu’il fa it donner a vec
tant de v é r ité aux perfonages qu’il fa it a g i r . Comme j’avois reconnu
Socrates dans ces doêles pein tures, j’y retrou v a i A n a x im an d re , Démo-
c r i t e , A lp h o n fe d’A r r a g o n ce pr ince P h ilo fo p h e , qui préféra le repos
que fon t aimer les fc ien ce s , à la g lo ire de p o r te r la Courone Impériale
qu’on lu i o f f ro it . J’y v is aufli beaucoup d’autres grands hommes
dont j’avois lu les hiftoires ou les écrits a vec admiration ; leur goût,
leur tempérament , leur maniéré de v o i r , y étoient marqués à des
traits fi reffemblans que chacun d’ eux se diftinguoit de tous les au-
autres; ceux qui ont examiné a vec foin les précieux morceaux que
je viens de d é c r ir e , n’ont pas manqué d’être touchés d’un fi noble fpe-
ü a c l e , qui frappe à mefure q u ’il trou v e l ’e fp r it plus préparé à le comp
ren d re , 8c l ’ame plus difpofée à s’ou v r ir au fentiment qu’ infpirent
néceffairement les belles chofes : combien de gens en ont encore été
plus touchés que moi ! Q u e fi quelques-uns ont échappé à l’impreflion
qu’ il d ev o it leur faire , c’ eft faute de I a vo ir étudié ou connu fuffi-
fament . J’ofe croire auiîi , que femblable à la Poéfie , la Peinture
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