
f
men themfelves , who have preceeded us : By her, whole Countries en-
clofed in the narrow compafs o f a PiBu re, are traced to our eye, as
i f they were prefent , and from one moment , xto another , we find
ourfelves tranf ported into Countries, wbofe iifiance is immenfe from that,
which we inhabit . 0 Painting ! thou truly divine Art , tt is to
thee , I owe my comfort , that only comfort, which I enjoy'd in thofe
gloomy days , when , by the fport o f capricious fortune , the low intrigues
o f Courtiers , and the ambition o f Princes , I f iw , like Damocles,
the fatal fword continually banging over my head; I Jlept in the dif-
mal fear , which accompanied the prefent moment , and threatned me
with a more unhappy lot hereafter. Thou, by pouring forth thy charms
over so many inquietudes , ilidji find out the means o f letting me
enjoy fome reft , in the falutary obfcurity , that bid me from every
eye : and thou ^mud|l have taught me to defpife vain ambition , i f ,
the heart , which has once given way to it , could have avoided the
heavy chains, it impofes . By thee , from the ruins o f Ancient Rome,
I was tranfported to the Academy o f Athens ( i ) ; there I faw Ariftotle
, affirming with bis band , and with that air o f authority which
Royal favour difpenfetb ; the obfcure Dogmas o f bis Pbilofophy . More
modejl, bu t, with an eloquence almoft Divine , Plato, ftretched forth bis
arm , and with a finger pointing out the heaven , feem’d to indicate
the unity o f a God , which be bad learned from bis Majler , and
propofed to bis Difciples the fublime principles o f bis Metapbyficks : quite
feperated from all , as having nothing in common , either in his maxims
or aBions , with the reft o f the Philofophers ; Diogenes did not
feem to belong to them. He was lying in an indecent pofture, upon tbs
Jleps o f the Portico , and feem’d to be jiudying , how to contradiB
other Mens opinions; Prouder o f bis Nakednefs and Indigence , than the
others o f their purple Robes and Riches : you faw , in him , the only
Man to and from whom , Alexander all Powerfull as he was , knew,
he
hommes dont la nature fembloit nous a vo ir féparés pour toujours ;
Par la Peinture , nous v ivon s dans les temps & a vec les Hommes
mêmes qui nous ont précédés ; par e l le , des contrées entières renfermées
dans le cou r t efpace d’un T a b le au , font retracées fous nos yeu x
comme fi elles étoient préfentes , & nous nous trouvons tranfportés
d’un moment à l’a u tre , en des p a y s , dont la diftance elt immenfe de
celui que nous habitons . O Peinture A r t vraiment D iv in ! c'eft à toi
que je dois la confolation , la feule confolation que j’ éprouvai dans
ces triftes jours , où jouet du caprice de la fortune , des bafl'es intrigues
des courtifiins, & de l ’ambition des Princes , je v o yo is comme
Damocles l’épée fatale continuellement fufpendue fur ma t ê t e . Je m’en-
dormois dans la fombre c ra in te , qui accompagnoit le p r é fen t, & ne
me laiffoit p r é v o ir , qu’un fort plus funelie pour l’a v en ir : tu fus en
répandant tes charmes fur tant d’inquiétudes, me faire goûter quelque
rep o s ,dan s la falutaire o b fcu r ité , qui me ca choit à tous les y e u x , &
tu m’aurois appris à méprifer la vaine ambition ; fi le coeur qui s’y
eft une fois liv r é p o u v o it échapper aux chaînes pelantes qu'elle impc-
f e . C ’eft par t o i , que des ruines de l’Ancienne Rome , je fus tranfporté
dans l’Académie d’A th en e s ; là , je vis A r ifto te ( i ) affirmant de la main
avec cet air d’autorité que donne la fa veur des Rois , les Dogmes
obfcurs de fa Philofophie : plus modefte , mais avec une éloquence
prefque divine Platon é levo it le bras , & du d o ig t qui marquoit le
C i e l , il fembloit indiquer l’unité d’un D ieu , qu'il a vo ir apprife de
fon maître ; & prop o fo it à fes d ifc ip le s , les fublimes principes de sa
M étaph y fiqu e . Séparé de to u s , comme n’ayant rien de com m u n , ni
dans fes maximes, ni dans fes a illo n s , a vec le refte des Philofophes,
Diogene leur paroilfoit étranger , 11 é to it couché d’un air indécent,
fu r les degrés du P o r tiq u e , & Paroilfoit s’étudier à contredire les opinions
du refte des hommes : plus orgueilleux de sa nudité & de l'on
in d ig enc e, que les autres ne le fo n t , de leurs robes de Pourpre & de
Vol. I I . c leurs
i l
(i) Les defcriptions qu’on v a lire font celles d’ un tableau d’hiftoire . J’ euiTe pu ajouter prefde
l’ Ecole d’ A fh cn e s , & de l’A t i lla de Raphaël. qu’autant de citations qu’ il y a de paroles dans la
On les a mifes ici , pour faire léncir par des premiere de ces deux peintures : car il eft certain
Exemples, ce qui doit entrer dans la compofition que le grand homme qui les a fa ite s, avoir ibus
les
les yeux tout ce que les anciens ont écrit du ca- fa it, les reconnoitront aifcment, les autres n’auront
raflcre & de la philoibphic des hommes qu’ il point de regret de ne pas les trouver dans cetv
ou lo it reprclènter. J’ai cherché à réunir tous ces te no te,
pafl’ages dans le diicours même. Ceux qui font au