Defcription
des inftru-
mens , tels
que les Pêcheurs
emploient
pour
lapêche du
Corail.
* Ch. 4. Description
du
Baftion de
France.
Profit'que
retirera l’Auteur
de cette
vérité découverte.
Que l'ufâge
en eft tort ancien.
Defcription
& nom du
premier infiniment.
Defcription
du fécond.
V. FUi.fig.
107.
Application
des. inftru-
meris donnée
dans la
*g. I.
110 H I S T O I R E . P H Y S I Q_U E
Les pêcheurs les plus expérimentez d’aujourd’hui s’accordent en
cela avec la relation que le Pere Dan nous a donnée , dans fonHiftoi-
re de Barbarie, où il parle de cette forte *: Les Pêcheurs ont un grand
Rejl, attaché à de longues cordes , parce qu’il y a quelquefois jus-
qiïà cinquante Brasfes d'eau, dans les endroits où ils font leur pêche.
En ce Refl ils mettent de grosfes pierres pour le faire aller
au fon d , ft bien que par la violence de l ’eau, & du courant, il
entre fous des Rochers , en certaines grottes extrêmement creufes ,
Ê? faites en forme de voûtes , où croifl le Corail, & où il s’attache i
ayant fes Branches qui pendent en bas. De forte donc qu’il ne refte
plus aucun lieu de douter fur cette vérité de fait, après les démonftra-
tions que j ’ai données, & dont nous nous fervironsen fon lieu, pour
montrer de quelle maniéré la nature agit en la végétation du Corail.
Ceux qui fe font hazardez les premiers, en la recherche de ces antres
, ont dû recourir en même tems à l’art, pour fe munir d’inftru-
mens propres à pénétrer dans leur intérieur , afin qu’après les avoir
trouvez, ils pulfent en retirer les plantes qu’ils recherchoient. Aufli
c’eftunufage fort ancien, parmi les pêcheurs, que les deux fortes d’ins-
trumens qu’ils employent pour cette pêche, félon les. differentes
fituations.
Les Provençaux appellent l’un Engin, & l’autre Salabre. Le
premier qui eft celui dont ils le fervent en haute mer pour fouiller
fous l’eau dans le Rocher, eft compofé de deux Poutres en C ro ix ,
ayant, dans l’intervalle de l’angle,un boulet de Canon qui en facilite
la fùbmerfion ; & aux extremitez une malle de Rets, faite en partie
de mailles fortes & chargées, & d’autres plus ferrées. Les grandes
fervent pour arracher les rameaux, & les petites pour les envelopper.
Le fécond eft une efpéce de cuiller, compofée d’un Cercle
de fer, d’un pied & demi de diamètre, ayant au fond un Sac de
Rets, qui aux deux cotez en a auffi un Groupe. L e tout eft attaché
à une poutre plus longue même que la Barque, & . qui a un Boulet
de fer pour fa prompte immerfion, & pour la conduire dans les antres
qui font au rivage du Continent. Les figures 3. & 4. montrent
mieux la figure, la proportion des parties, & le tout enfemble
de ces inftrumens.
La maniéré dont les Pêcheurs s’en feryent, tant au large, qu’auprès
de terre, fe verra mieux auffi d’un coup d’oeil par le moyen dcs
figii-
D E L A M E R . P a r t i e IV. i x i
figures, qui repréfentent un trajet de Mer, où il y a des Barques, v.PU3,sg.
qui en la diverfité de fonds , & de proximité du Rivage employent
les deux inftrumens. On y diftingue comment ils agif-
font dans les antres , enveloppant premièrement, & enfuite arrachant
les Branchés de Corail , par la commodité de leur végétation
perpendiculaire, qui fait que leùrs Rêts les embraffent,
& embaraffent bien plus aifëment, que fi elles s’élevoie-nt d’une
maniéré verticale.
Les plantes de Corail, que l’on pêche de cette forte , font
rarement entières, leur pied ne pouvant que très-difficilement STfa^aS-
s’embarraffer dans les filets. Mais on les a dans leur entière où elles font
perfection , lors qu’ils' ont la force d’arracher les: corps folides
pù elles font attachées, & avec plus de facilité lors qu’elles font
par accident conglutinées fur des Coquilles, des Os, du Bois, ou
autres corps folides accidentels ; on en tire quelquefois d’attaçhées
aux amas terreftres, dits Magirtan , comme auffi fur des pièces de
Rocher, & j ’en conferve de toutes ces fortes quelques-unes, auxquelles
il ne manque rien.
Avant que de venir à une, defcription détaillée de toutes les
parties qui compofent une plante de C o ra il, je dois , ce me fom-
b le , défabufor le public de l’opinion dont il a été prévenu par les anciens
Poètes , & Phyficiens j favoir , que le Corail en fortant
de la Mer, eft auffi mol que de la pâte,- ce qui eft très-faux,
puisque dans l’eau même je l’ai trouvé de la confiftance & dureté
de la pierre, à la referve des extremitez des branches qui font
molles, comme n’étant pas encore remplies du fûc neceffaire, qui
s’y infinué fucceffivement pour les confolider , en la manjere que je
ferai voir en fon lieu.
J’ai d it , en parlant en general des plantes de la mer, qu’à la referve
de l’Algue, je les ai toutes trouvées fans racines , & fur tout
les pierreufes qui s'attachent aux corps folides fur lesquels elles po-
fent, par une plaque qui eft une extenfion de leur lûbftance de
même couleur & ftruéture, & égale en tout à celle des Branches
du Corail.
Cette plaque eft quelquefois de l’épaiffeur du dos d’un couteau,
& fe trouve de l’étendue, du tour, & de la concavité que lui donne
la figure convexe du corps folide, fur lequel elle s’étend. De forte
que j ’ai vû une faliere de 48. lignes de long, & de 38. de large, de
la forme exprimée par la figure. J’en ai une prefque femblable que
E e z j«
Opinion des
Anciens reconnue
fur la
moleffe des
Coraux.
Plantes de la
mer fans racine,
excepté
l’algue, &les
pierreufes
colées fur les
corps folides
par une humeur.
Cette humeur
prend
la figure du
corps fur lequel
elle s’étend.
Son épaifieur
confiderable.
V .P l.î3 .Bjg
IO9.