Les eaux profondes
p e i'ent
le plus.
Table I.
Expérience
avecl'Areométré
du
poids des
eaux«
Autres expe
riences par 1
diftillation
&c,
24 H I S T O I R E P H Y S I Q .Ü E
tes & fai ces, que celles qui font en haute mer ; où elles ne craignent
point le mélange des Eaux douces, à la referve des fouterrai-
nés, qui coulant à une extrême profondeur ne peuvent jamais caufer
une alteration fenlible à la fuperficie.
I l y a au (fi de la différence pour le goût falé entre les Eaux fù-
perficielles 8c les profondes, ce qui m’a obligé de fuivre toujours
cette divifion, que j ’ai établie dès l e . commencement. Les Eaux
qui font fort profondes, comme celles de 1 Abîme, pefent plus que
les autres. Celles que j ’en tirai avec un vafe fait exprès d’un fonds de
i jo . Braffes fe trouvèrent,une 406. partie,plus pefantes que cellesde
la liiperficie, comme on le peut voir, a la Table ; & ayant réitéré
ces expériences, & en divers tems, l’Areometre m a montre quelque
petite différence pour le poids, & j ai vu la Couleui changée.
Cette alteration m’a afïûré, de plus en plus, qu’il s’y écou-
loit des Eaux, par l’intérieur de la T erre, lefquelles faifoient le même
effet dans le fond , que nous avons dit, que produifent celles
de la fuperficie de la T e r r e , dans la furface de l’Eau de
la Mer.
j\ toutes ces Expériences , que je viens de raporter 8c que j ai
* faites, par le moyen de la Balance, & de l ’Aréometre, j ’ajouterai
celles des diftillations très-exa&es ; qui ont dépouillé diverfes Eaux
de la Mer de tout le fel, qu’elles contenoient, les rendant égales en
poids & en nature à celles des Citernes; & cela a été fait, avec la
régularité nécelfaire, pour favoir la jufte quantité de fel, qu’il pou-
voit y avoir dans deux livres d’Eau de la Mer, tant fùperficielle, que
profonde.
P our mieux m’affurer de cette proportion, j ’ai voulu reflituer à
ces mêmes Eaux diftillées le fel, que je leur avois ôté, & en faire
une artificielle avec de l’Eau de Citerne & du fel commun. On n’a
pas oublié auffi plufieurs mélanges de diverfes Teintures, & d’Alcalis
, avec l’Eau naturelle de la Mer dépouillée de fon fe l, & à laquelle
enfuite on l’a reftitué, & avec d’autres Eaux de Mer artificielles
; & on a auffi obfervé l’effet, qu’elles pouvoient faire dans la
cuiffon des viandes, & des Légumes, enfin toutes les expériences
qui pouvoient faire connoître la nature de cette forte de fel ; les comparant
avec les fixes, tirez des plantes marines, pour voir quel aliment
ces Eaux donnent à tant de diverfes plantes, qui croiffent en
elles, & particulièrement ù celles de fubftance pierreufe. Comme
ces dernieres croiffent en grand nombre, entre Caffis, Caffidagne &
Riou,
t ) E L A M E R , P à i t i e IL I f
Riou, j ’ai pris de l’Eau, dans ce même T ra je t, pour faire ces Expériences,
qui m’ont tant donné de peine.
L es diftilations ont été faites le plus foigneüfement, qu’il s’eft
p u , au bain de fable, fur deux livres d’Eau fùperficielle de Cha-
teauvieux, de Caffidagne, & de l ’endroit d Port Miou, ou le Fleuve
foûterrain fe dégorge. On a pris. également de la profonde, le
plus bas qu’on a pu dans ces endroits,
L a quantité de fe l, qu’on a tiree de l’une 8c l’autre de ces Eaux Quantité <is
eft marquée dans la leconde Table jointe d celle des divers poids
trouvez avec la Balance, & l’Aréometre aux Eaux naturelles de la <uulbmo“-
Mer, à celles qui ont été dépouillées de leur fel, & aux autres de
fontaine, & de citerne; afin d e v o ir, d’un coup d’oeuil, la proportion
des poids qui eft entre elles, la quantité de fel qu’elles ont,
& de quelle forte ce fel répond à leur poids.
S ur le fondement de ces Expériences, j ’établis donc que l’eau de Quantité du
la Mer, en ces fituations, où fon Goût naturel falé n’eft point alte- 1««
/ t ai v 1 pure ^ difife*
rc par le mélangé des Rivières, ni des Torrens, & qui nourrit
bien le Corail, contient de fel en fa liiperficie la 32. partie de fon
propre poids, & dans le fonds une 29. partie. C ’eft la proportion, que
me montre la Balance, mais l’Aréometre, dont je produirai les expériences
en fon lieu, fait voir qu’il devroit y en avoir une partie de
plus ; ce qui eft, à mon avis, plus exaét que la Balance, & plus aflii-
ré contre toutes les diminutions, que caufe la Chymie, malgré toute
l’exaétitude, dont on puifle s’avifer.
L es mélangés de diverfes liqueurs dans l’Eau naturelle de la Mer Expérience«
font plufieurs effets particuliers, fur elle; ce que j ’ai vu par un nom- Sfi&S
bre d’expériences, que je n’infere pas ic i , à caufe qu’elles ne font pas fwî
néceffaires, & que je fuis bien aife d’éviter l’ennui, que cela pour-
roit donner au Leéteur. Ces trois mélanges favoir d’Eau de Fleurs
de Mauve, d’Efprit de fel Armoniac, & d’huile de Tartre , font
ceux qui font mieux paroître la diverfité des Eaux de la Mer, promptement
& fenfiblement. L ’eau de fleurs de Mauve, qui eft, comme
l ’on fa it , de Couleur violete , étant mêlée dans l’eau de la Mer
devient d’un verd jaunâtre à peu près femblable à la Couleur
de la Chryfblithe. L ’Efprit de fel armoniac trouble fur le
champ l’eau, & il s’y coagule une matière craffe 8c blanche
, qui morceau à morceau fe précipite dans le fond du
Vafe. L ’huile de Tartre fait la même choie, 8c encore avec
plus de force.
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