3<5 H I S T O I R E P H Y S I Q . U E
ce lieu-là une fi grande quantité de fel, il y en avoit toujours eu de
dix années.
Qmfon C e t t e Expérience montre clairement que le fel fait par art
tient des par- t{ans l cs falines, & cuit par le Soleil en: d’un goût amer, qui provelies
volatiles ? x o L
bitummcufcs. Banja <Jes parties volatiles bitumineufes a befoin du tems & de l’air
pour fe diffipen
tlifferencçda l e août des fels des eaux fuperficielles faits, comme j ’ai d it, par
goût du fel de o l J x
&depcdu‘iidû diftillation, eft d’une falure mordante, & d’une amertume prefque
foni infenfible, & le goût de celui des profondes eft d’une falure plus
grande, & d’une amertume dégoûtante.
L a falure de ceux-ci eft d’un tiers plus forte que celle du fel
commun.
Degm d« C e l le des fels fixes de plufieurs fortes de Plantes molles eft dH
facsedcsS fek verfe, & en comparaifon de celle du fel des Eaux fuperficielles.1
animaux à Celle de l’Algue ronge eft femblable à celle du tel commun, & en
! kd” =rt f a ' l ’autre Algue ordinaire, elle eft moins fenfible. C ’eft ainfi qu’en
deoeTit“ divers degrez de plus, ou de moins, la falure fe fait fentir dans tous;
les fels tirez des diverfes plantes de la Mer.
L es fels fixes des animaux, y compris les coquillages, les poiA
fons à croûte , & leurs écorces, ont un goût très-peu falé & affez-
égal.
A y an t fait par hazard l’Analyfe de l ’Epée du poilfoo, qui porte
ce nom, j ’ai trouvé fon fel fixe la moitié moins falé, que eelui de
l’eau fuperficielle.
Mffaescfede S i l’on jette fur des charbons allumez toutes fortes de fels de là
desfd°m0°n Mer, des Plantes & des Animaux, le fel commun feulement pétillé
confiderablement. Pour les autres tant des eaux fuperficielles que
des profondes étant féparez par le feu, ils ne font entendre qu’un
fimple murmure.
Diverfes-Ex- L es mélanges des fels des eaux friperficielles & profondes dans
periencesdu ° 1 1
mélange des teinture des fleurs de Mauve montrent fels avec 1 eau x divers effets J;car nous trouiu
llT de vons que l’ordinaire couleur verte & affez claire, que prend cette
teinture, lors qu’on lui mêle les fels, tirez par le feu, devient plus
brillante avec ceux des eaux fùperficielles, 8c un peu moins avec
ceux des profondes.
L e fel fixe de l’Epée du poiffon, qui porte ce nom, mêlé dans
Cette teinture en change le violet naturel en un très-beau vert, &
tout au contraire celui des coquillages, & des poiifons à croûte lui
donnent une couleur de cendre, 8c quelquefois même de terre.
L ’H u I le de Tartre fait fon effet ordinaire, qui eft d’unir les fub- Mélangé
fiances craffes, & de les précipiter en moins de tems, 8c en plus deTaltrfc
grande quantité en cette eau, d’où le fel profond a été tiré; que
non pas en celle , d’où le fuperficiel a été pris, ce qui eft femblable à
ce que l’on voit arriver, dans l’eau naturelle de la Mer.
L es efprits acides jettez fur l’un & l’autre de ces deux fels caufenï ?" m.aal’sd
en eux une fermentation fans fiimée à la referve de celui du vinaigre »L™ *
qui ne leur caufe aucun mouvement. Il faut remarquer que fur les
fels profonds l’agitation fe fait, avec plus de violence, que fur les fin
perficiels.
L es fels fixes des coquillages & des poiifons à croûte mêlez avec Se,!Sxcs
les efprits acides donnent d’abord une ébullition fans fumée , mais idllafûte
avec des Globes, ou des ve/fies d’une grandeur demefurée, ce qui
montre qu’ils font d’une qualité alcaline, & qu’ils feroient capables
d effets falutaires pour le corps humain, lors que fùivant la nécelfité
on en auroit modéré l’acide.
I l faudroit maintenant expérimenter la nature de la fubftance bi- | |ÉM f|
tumineufe, que j ’ai dit être dans l’eau de la Mer; mais n’étant pas tumulcuIc-
poffible, du moins pour moi, de la féparer comme j ’ai fait le fel,
jeme contenterai de 1 examiner feulement, par quelques conjectures.
J’ a i montré dans la couftruétion de l’eau de Mer artificielle
qu’on pouvoit lui donner fon amertume naturelle, avec une certaine
quantité d’elprit de charbon de pierre, qui eft une efpece de Carab-
be & de Bitume.
L es obfervations, que j ’ai faites en navigeant du côté de laQMnag«mt
T h ra c e , m ont fait voir en plufieurs endroits de la Mer du Bitume cft ftesuent«
fiotant, qui paroît fiir l’eau lors qu’elle eft calme. C ’eft la même £ThrfV
choie, que ce qu’on trouve fi abondamment dans les mers des Indes 0rimt,1's"
Orientales, fur tout aux endroits où il y a quantité d’ambre gris.
L O n c t u o s i t é ' , qui, comme j ’ai dit, refte encore dans l ’eau, Divtrft,
foigneufement diftillée, confirme affez ce que j ’ai avancé ci-deffus.
Ajoûtez à cela cette multiplicité de Glus qui s’uniffent fur les pier- bltuminc“re,
res, les poiifons & les plantes qui font dans la Mer, & l’union de tant
de corps héterogenes , qui s’affemblentpar la force de ceMaftic. Enfin
rien ne le peut mieux perfuader, que la fubftance desLithophytons,
& autres plantes pierreufes, & l’abondance des elprits volatils, que
nous trouvons dans celles-ci, & même en quelques-unes des plantes
molles. On m a meme aporte, du Rivage de Barbarie, plufieurs morceaux
de pierres qui tenoient à du Corail ; fur lefquels il y avoit une