j ’ai obforvée au Golfe de Caffis, qui eft une partie de la côte
d’Europe, le long de laquelle, dit-on. le Courant va toujours an
Couchant.
L a Lifte des obfervations faites en ce lieu-là, pour ce qui regarde
les Courans, & que l’on trouvera dans la T ab le, fait voir le contraire;
foit que la proximité de la terre contribue à cette variété, &
interrompe la continuation de ces Courans reglez, foit que la ftruc-
ture du Baffin de la Mer, ou la repercufïion des vents entre les Montagnes
, qui compofent cette côte, en foient la caufe.
obfervation O n voit donc, dans cette T ab le , que les Courans vont tantôt de
« S T Ma- l’Eft à l’Oueft, & tantôt de l’Oueft à l’Eft: ce qui ne devrcit pas aller
de la forte, félon ce que les Mariniers nous raportent. La caufo
de ce mouvement alternatif, & opofé ne me femble pas facile à
comprendre; vû même la difpofition de la cote de Provence, en
laquelle je ne trouve aucun fondement, fur qui l'on put avancer quelque
choie de lolide. Il arrive plufieurs fois que ces Courans, & principalement
dans l’été, font tout-à-fait infenfibles, & d’autres fois,
depuis la fûrface de l ’eau jufqu’à une certaine profondeur ils vont
d’un côté; & plus bas il s’en trouve un autre, qui tient une route
Courans tien- °p°fêe, & c’eft ce que les Pêcheurs apellent les Courans doubles. Ce
SgHHp qu’ü y a de plus furprenant, c’eft qu’à la côte de l’abîme pendant
çouisduSo- & dans le tems, que l’on pêche le cora il, on aperçoit un
Courant d’un mouvement égal à celui du Soleil, car lorsqu’il fe leve,
celui-ci s’en va du côté de l ’Oueft; à midi il court vers le Nord, &
le foir il prend fon chemin vers l’Eft. Je n’aurois jamais crû cette
bizarrerie des Courans , que me raportoient les Pêcheurs tant de
Caflîs, que des lieux voifins; fi je ne l’eulfe moi-même reconnue,
dans une pêche de corail faite en cet endroit le premier du mois de
Juillet 1707. Ce fût alors véritablement que je defefperai de pouvoir,
y entendre quelque chofe.
J’a i tâché de connoître fi les vens contribuoient à cette variété,
Différence de
coûta“ df mais je n’ai rien avancé, par ce moyen; car dans un tems cal-
divers tems. les Courans fe changeoient ; & devenoient fouvent très-vîtes,
tellement que les pêcheurs ne pouvoient prefque foûtenir leurs
re ts , & d’autres fois les vents étant très-forts, les Courans n’é-
toient prefque pas fenfibles. Plufieurs fois auflï j ’ai vû les Courans
courir d’une vitefle proportionnée à la force du vent, & fouvent même
aller au rebours du vent.
C e que j ’ai trouvé de plus uniforme, c’eft que quand en certain
On ne peut
fonder des
D E L A M E R . P a r t i e III. 47
tain lieu les Courans continuoient deux ou trois jours à venir forte- obfcmtims
ment du Couchant, il ne manquoit guère de venir de ce même côté collrsdcJ
un vent de miftral, & que quand ils couraient du Levant, les vents
enfûite foufloient de ce côté-là. Néanmoins j ’ai trouvé en cela encore
des irrégularitez , qui m’empêchent eje produire les réflexions
que j ’avois faites , for cette uniformité , que j ’avois crue
univerfolle.
J e conclus de toutes ces obfervations differentes, qu’on n’établira EïP'ri'n-
jamais rien de folide, touchant les Courans, tant qu’une feule perfon-
ne travaillera à les obforver, & dans un feul endroit comme j ’ai fait fôün«™pcr'
a Caffis. Il faudrait qu’en même tems, il y eût des Obfèrvateurs
aux piincipaux Caps delà Cote & des Ifles; lefquels, fûivant une
méthode, dont on ferait convenu, feraient tous des Journaux
exaéts, tant à l’égard de la vélocité des Courans, que des endroits
ou leurs cours fo tourneraient, fans oublier les courans intérieurs
opofez à ceux de la fuperficie, en joignant à cela l’obforvation des
vents, dont ils compareraient la force avec celle des Courans. Mais
comme c’eft une depenfo réforvée à quelque Prince amateur, & protecteur
des Sciences-, je ne dirai autre chofe là-deffus, & en attendant
, que l’on puiffe retirer quelque utilité de nos obfervations, par
ce moyen, je pafferai à celles des autres mouvemens.
N o u s avons apellé le mouvement des. Eaux de la Mer caufe par c«* desojj-
les vents ondulation, puis qu’il ne fo fait que par la révolution cy- U 0"S’
lindrique, & fucceffive des eaux preffées par les vents, auxquelles
on donne le nom d’ondes. Ce mouvement cjépend de la force des
vents, & auffi de la diverfe fituation des montagnes, où leur impetuofi-
té siaugmente par la repereuffion, laquelle refferrant davantage l’air,
qui émeut les eaux, fait que celles-ci s’élèvent,en plufieurs Cylindres de
grandeur diverfo, & proportionnée à la force mouvante du vent.
Ce mouvement eft accidentel, car tandis que l’air eft dans fon L-on[Iuh
calme ordinaire, la fuperficie de la Mer l’eft auffi, & fi-tôt qu’il s’y dd"nt^ea&
éleve un petit foufle de vent, l’eau commence à fo rider legere- vrat.”d du
ment; & à proportion que le vent s’augmente, cette efpece de
ride fo rend plus fonfible, s’élevant & s’abaiffant en divers de-
grez d’ondes de la maniéré qu’on peut voir dans le premier
profil.
J’a 1 voulu favoir quelle étoit la plus grande élévation d’une onde Diverfa
dans la tempête. L ’experience m’a montré qu’il faloit divifor l’état S S | ^
des ondes, en deux ; l’un naturel & l’autre accidentel. Le n a -011
M z turel