v i n P R E ’ F A C E .
formées dans chaque fa r t ie , fa r une
fabrique qui lui eft fr o fr e . Vous croir
ie z , que toutes ces productions, f i di-
verfes , qui s’y nourrirent , qui s'y atténuent
, fa r l'ardeur du S o le il, f a r la
chaleur fouterraine , f a r une difpofîtion
naturelle au changement, f a r l'é fe t du
mélange , f a r la fecouffe des V en ts, f a r
le f lu x © reflux de la Mer , f a r le choc
des eaux ofoflées, étant enfin devenues
mobiles s'élancent en F a ir , s'y cuifent ©
s ’y meurijfent : fu i s bientôt a fr è s , qu'elles
font differfées fa r les Vents ; qu’elles
retombent en fuite avec la rofée, le brouillard
, les fin ie s , la gelée , la neige, la
grêle ; © qu’enfin , f a r cet arrofement
continuel, elles rendent fa fr em ie r e fécond
ité à la Terre épuifce. Q u e l ordre admirable
des chofes ! L i f e z , l i f e z , t Ouvrage
même ; fo u r f e u que vous d ie z fa i t
atention aux chofes , que j e n’ai fa i t ici
qu'éfleurer, j e fu is fe r ju a d é que vous y
découvrirez mille obfervations , d'une
conféquence infinie , fo u r la Phyfique.
Conftderez , j e vous f r i e , ce que vous y
lir e z des ondes de la M e r , de leur cours,
du f lu x Ça reflux. Vous n'y trouverez
rien d'ufe ; tout y eft nouveau ; tout y eft
excellent. Conftderez atentivement ce
que vous y lir e z de la couleur, de l'Odeur
, du g o û t , du fo id s de l e au de la
M e r ; j e fu is f u r , que vous en fe r e z enchanté.
Tour moi, parmi tant de belles
chofes , j e ne trouve rien de plus beau ,
par f in ut ilité , que lamertume bitumi-
neufe de la Me r , qui demeure atachée à
(on e ffr it v o la t il, afrès les diftillations
qu’en fa i t la Chymie. S ’i l m étoit permis
de raifinner fu r cette matière , je fo u r-
rois feu t-é tr e découvrir certaines chofes ,
peu atendues fans doute. M a is , laiftons-
en la gloire à notre llluftre Auteur , qui
a conclu, avec tant de fù b t ilité , que le
bitume , qui tranff 'tre des carrières , où
f e forme le charbon , devoit être mêlé
avec du f i l . L e s L eB eur s peuvent f e
fe r v ir de toute leur pénétration , four
dévelofer le myftere, que cache là-desfous
la Mere univerfelle de toutes chofe
s . I l me refte, pour déclarer le fu je t
de ce L iv r e , à dire ici quelque chofe
des T tantes qui naiffent dans la Mer.
I l y a long-tems qu’on eft convaincu qui i l
y en a un nombre in fin i, © Ariftote , ni
Théophralte ne tou t pas ignoré : mais
combien ce nombre a -t-il é té augmenté f a r
Clufius, Paludanus, Imperatus, Colum-
na, Boot, Boccone, Rumphius, Tour-
nefort, Sloane , Gherard , Ray. Çe-
L E C T U R 0.
ceptacula univerfalia , fæpe effun-*
di , atque miris fane dotibus hanc,
communem Thaleti habitam cor*
porum materiem, marinam aquarri
imprægnare. Declivia plerunque
Maris retinacula , aut & verticali
quandoque pofitura ardua,cafu forte,
absque ordine, fada putabas usque
in üceani abyffum. O quam alia
hic omnia cernis ! F.ffradæ enim-
vero in vaftam voraginem Telluris
ripa defcendens eadem ilia ftrata
fervat, ut natos in fe foetus in cava
Maris libéré dimittat. Quid veto
inauditum magis, quam oppofitas
ejusdem Maris fæpe adeo lati ripas,
& remota valde littora , ita fere
conftruda obfervari, ut & tabula*
torum faxeorum fitus , horumque
ratione Horizontis parallelismus ,
liquido évinçant, déclives littorum
crepidines, atquefuperficiem, eun-
dem ilium partium incumbentium
ordinem fervare, imo & altitudinis
refpedu eundem horum numerum,
ac fi cava Marium eontinuata utrius-
que ripæ ferie repleta conftitiffent,
atque globofam fùæ Iphæræ figurant
complevilfent perealoca, quæ
aquam nunc capiunt. Jurâtes, mag-
nam MatremTellurem ex omnibus
fuis venis in unos finus venofos ,
Maria dico, effundere, & mifcere
omne fere humorum genus , quos
varios admodum in fingula quaque
parte per propriam illi fabricam
confecerat. Crederes, omnia hate,
adeo varia, fo ta h ic , mota, atte-
nuata, Solis per ignem, per calo-
rem fùbterraneum, fpontanea mu-
tabilitate, mifeelæ effedu, Vento-
rum concuffu, Maris æftu & reces-
fii, aquarum oppofitarum offenfà,
tandem parta mobilitate in aéra
rap i, maturefeere in eo & perco-
qui, mox per Ventos diftribui, re-
L E C T U R 0.
labi deindecumrore, nebula, plu-
viis, imbre, pruina,nive,grandîne
, eoque tandem modo exhauftam
imprægnare denuo irrigua hac irro-
ratione Tellurem. O! quantus hic
fe rerum ordo pandit ! T u , mi
Led or , quæfo T e , Opus evolve
ipfum, modo pauca hæc, quæ inde
delibavi, Tecum ferio perpenderis,
folertem T e dabo in eliciundis inde
quam plurimis, quæ maximum dein
per Phyfica ufum habeant, Con-
fidera , amab oT e , quæ de Maris
undis , de harum fluxu , de motu
Maris reciproco, habebis nova omnia
& eximia. Quid , ubi colore ,
odore, fapore, pondéré, aquæ ma-
rinæ leges? Mihi quidem inter tot
pulchra , præclarius ufu fiio nihil
videtur , quam bituminofus Maris
amaror, in volaticoejus laticeper-
ftans poft deftillationes Chemicas.
Si fas eiïet mihi fpeculari fuper his,
forte daretur proferre quid prorlus
inexfpedati. Sedmaneathæcpalma
llluftrem Audorem, qui ex Lacunis
carbonariis tranfludans bitumen fali
mifeendum tâm fubtiliter deduxit.
T u interim, perfpicaciflime Lector
, erue pro tua perfpicientia ,
quod hic latet myfterii magnæ Ma-
tris. Supereft in enarranda Libri
hujus materie, ut de Stirpibus pauca
marinis addam. Quas reperiri
plurimas conftitit dudum vel Magno
Ætfiotelt & fheophraflo : quantus
vero illis per Clufium , Palu-
danum , Imperatum , Columnam ,
Boottum,Boecones,Rumpbium, Tour-
neforttum, Sloane , Gherardum, Ra-
jum , numerus acceffit ? Attamen,
ante llluftrem Marfiïït, primaque
ejusfuper his communicatainventa,
creditum, fubmarina alia longe lege
na(ci,quam quæ de Terra végétant.
Forte curiofis operum fuorum
contemplatoribus aima Natura de
P R E’ F A C E. ix
fendant, avant llllu f tr e Comte Marfilli,
© les premières découvertes, qu’i l a bien
voulu communiquer au Public , on avoit
toujours cru, que les ‘Plantes, qui crois-
f in t dans la M e r , naiffoient dune autre
maniéré que celles que la Terre produit.
L a Nature liberale a prefenté à ceux
qui f i font atachés à contempler f i s ouvrages
, plus de quatorze mille l i a n tes
, Jorties de la Terre , @ toutes difé-
rentes les unes des autres. T lû t à D ie u
que ce fameux Naturalifte Guillaume
Ghérard voulût tirer de f i s tr é firs , des
preuves de ce que J avance ; car i l eft en
état de le fa ir e ! Toutes celles qu’i l m’a
été permis de confiderer de plus p rès ,
naiffent de leur propre femence. L e s
Sages même de l Antiquité ont bien aperçu
, que c’eft dans la partie mafeuline ,
que réftde la vertu feminale de la ‘P la n te
, qui eft conçue dans la matrice fém inine.
' f t f i l fa ille atribuer à [un ® à
l'autre , l'a fa r e il & la naiffance des
F le u r s , c'eft ce qu’ont démontré, de notre
tems, Malpighi, Grew , Leeuwenhoek,
Morland , Robart, Vaillant; © ils ont
afftgné à chacune des parties refpeBives
des fleurs , leur ofice particulier , pour
la génération de la Plante. D e forte
que la maniéré d’engendrer, par mâle
© femelle , eft une loi commune aux
Animaux © aux Végétaux. M a is , pour
ce qui eft des Plantes marines, on a é té
f i éloigné de s'en imaginer rien de p areil,
que le célèbre Naturalifte Ray en retranche
abfolument les fleurs ; ©, qu’i l affure,
que jamais elles ne naiffent fous les eaux.
C ’étoit aux travaux de l ’incomparable
Comte Marfilli , que la JuJlice même
avait refervé cette gloire. I l nous montre
f i clairement , la génération complété
des plantes marines, q u 'il ne nous refte
aucun lieu de douter , qu'il n'y ait dans
les fleurs qui croiffent au fond de la M e r ,
les mêmes parties qui concourent à la
naiffance de celles qui paroiffent fu r la
T e r r e , © qu'elles ne foient deftinées aux
mêmes ufages. Voici donc, cette loi également
établie, dans les ouvrages cachés de
la Mer , ® dans les productions vifibles
de la Terre. C ’eft ainfi, que nous découvrons
, peu à peu , que , malgré la var
ié té infinie des Corps, les loix de la Na ture
font toujours les mêmes. Voilà ce
que contient ce Volume, de beau , de fin -
gulier, d'excellent. I l ne refte plus qu'à
expofer , en peu de m ots, la mètode
qu'a obferuée notre llluftre Auteur,pour
achever ce grand Ouvrage. I l n’a rien
“ (£■ ) em