HISTOIRE PHYSIQUE
d e l a m e r .
TROI S I EME PARTIE,
Des Mouvemens de l’Eau.
Caufes des
mouvemens
de la Mer.
Trois fortes
de mouvemens
des
eaux de la
mer.
Sj’E au étant naturellement fluide, eft par conféquent
fùjette à des mouvemens, & ces mouvemens font divers,
félon la diverfité de leurs caufes. L a première
eft peut-être la pante de quelques endroits du
„ fond du Baflïn. L ’air, qui prefle par les vents agite
l’eau à proportion.de fa force, & forme des ondes de diverfes grandeurs
, peut fe compter pour une fécondé. Et la troifiéme enfin, à
qui l’on attribue le flux & reflux de cet Elément eft l ’impreffion de la
Lune. Voilà les caufes des trois mouvemens, que nous remarquons
dans l’Eau de la Mer. Je diftingue ces trois mouvemens par
les noms de courans , d’ondulation , & de flux & reflux , ou de
J’a i examiné dans le trajet de Mer où s’eft fait nôtre Eflai Phyfi-
que, à quels degrez ces mouvemens s’y trouvent. L ’endroit particulier
du Détroit de Caflis m’a paru propre pour cet examen,
obfemtions J e me fuis porté moi-même pour reconnoître ces courans plu-
" d° fieurs milles au large, & pendant trois mois entiers les Pêcheurs ont
PTOYeace. ^ mon or(jre des obfervations là-deffus tous les jours.
Ondulations J’a i diftingué de la fenêtre de mon apartement, & dans mes di-
verfes Navigations les ondulations dont la force étoit toujours pro-
.flux & reflux portionnée à celle des vents, qui les caufoient.
cheàivirée p ravo;r s’il V avoit un mouvement méthodique de flux & reenplufieurs
x J
üsnes‘ flux, & à quel degré il pouvoit s’étendre, je fis mettre a 1 entree du
Port une perche divifée en un certain nombre de pouces, ainfi que
je le ferai voir en fon lieu. Au refte j ’ai jugé à propos de joindre a
ces
D E L A M E R . P a r t i e I I I . 4 y
ces obfervations, pour une plus grande exa&itude toutes celles du
Thermomètre, & du changement de tems, cela pouvant contribuer
en quelque choie a la variété des mouvemens. Elles font toutes par
ordre dans une Table ci-jointe, contenant trois Lunes & un quart, fe^Tabi"
favoir, Janvier, Février, Mars, & le premier quartier d’Avril. On Smaorn!’
a pris foin d’y marquer toutes les circonftances néceffaires ainfi
qu’on peut le voir ; cela étant le fondement de toutes nos demon-
ftrations, pour les mouvemens de cette partie de Mer , que nous
avons choifie.
L es Courans y font de deux fortes, continuels, & interrompus; ®j,,uif,ond|:!
nous en voyons auflî dans la fuperficie de l’eau, & dans le fond. Les
continuels dans la fuperficie, fe diftinguent aux embouchures des
Rivières & particulièrement à celle du Rhône, où en tems de calme
ils fe rendent fenfibles, & s’étendent jufqu’à i 5. & zo milles. Lors
que le vent leur eft contraire ils ne s’avancent pas fi loin, & leur
cours eft beaucoup plus lent ; & quand il leur eft favorable ils s’étendent
a une plus grande diftance, mais avec moins de régularité que
pendant le Calme,"
J’ a i fait voir, dans la première Partie de cet Ouvrage, qu’il y a , comnsdans
dans le fond de laMer, plufieurs Courans, & j ’ai donné pour exem- dcU
pie celui de Port Miou. Il y a aparence que les alterations, dans la
rapidité, y doivent être auflî, puis que tant de caufes , qui y contribuent,
s’y rencontrent. Mais je n’ai pas pu diftinguer cela particulièrement,
8c je me luis contenté de reconnoitre la continuation
des Courans.
L es Mariniers les plus expérimentez, fur la Mediterranée, I É j co™«.
lent qu’il y en ait deux réglez & opofez l’un à l’autre. Le premier f e &op'
va du Couchant au Levant, commençant au Détroit de Gibraltar &
allant le long de la côte d’Afrique, jufques en vue>du-Royaume de
Candie. Le fécond va au contraire du Levant au Couchant, commençant
du lieu, où l’autre finit, &allant le long de la côte d’Europe
au meme Detroit de Gibraltar ; lequel, par conféquent, doit avoir
fa fuperficie divifée en deux Courans. Il eft certain que le premier,
qui va le long d’Afrique, doit, à la hauteur de Candie, prendre un
mouvement qui rétrogradé, car je me fuis aperçu de la continuation
de celui du Bofphore de Thrace qui force l’autre à prendre un cours
opofe, & de s’en retourner le long de la côte d’Europe.
C e t t e difpofition de Courans, qui m’â été alfurée par les fflrpof,,™
plus habiles Pilotes, ne s’accorde point du tout avec celle que
, , a Caffis diffe