<en doute. M a is . /<?j Sages ne font pàs
moins bien fondés à ajfurer, que la connoifi
fiance quon aquïert des chofes, eft très-utile
■ au Genre Humain ,pour toutes les commo -
d ité s , pour tous les befoins , & tous les
•ufâge s de la v ie : V Agriculture l'Aftro-
nomie , la Medecitte ,. la Navigation ,
jpzw <? pas parler d'un nombre infini d'autres
chofes, nous en fournirent des exemp
le s & des témoignages certains. Cep en.
d a n t , i l fie préfente ici deux chemins ,
p a r lesquels on eft toujours parvenu à une
véritable connoiffance : dans l'u n , on ne
s'è(l conduit, que, par le raport des Sens dans
l'autre ,. on s'eft conduit par le raisonnement
, fë) par la méditation. M a is , on a
beau fa ir e , on n avance pas beaucoup, par
l'une de ces deux vote s fa n s le fecours de Vautre
; au lïeu q u e , quand l'A r t les fa it
aftocier, elles produifent des éfets incrdiables
; & leurs forces unies font réciproquement
à l'une & à l'autre , d'un merveilleux
fecours. I l fa u t pourtant toujours
obferver cet ordre inviolable , que la
connoiffance des Corps, qui s aquïertpar les
S ens, doit marcher la première , qu'elle
doit être mifie en ufiage, & bien exercée ,
avant que la Raifon entreprenne d\en disputer.
On a remarqué , que , p lu s le
jRaifonnement a é té précédé par les expériences
des Sens ,plus l'E fp r it a é té heureux
dans la contemplât ion des Corps, & dans fe s
fpéculations. On fa it même, que tout ce que
peut fa ir e la Raifon, c'eft d'agiter, d'examiner
, & de concilier les divers ‘Phénomènes
, que l 'Expérience a rajfemblés, de
fo r te quon ne peut conclure, touchant les
Corps , que ce qui elle a connu , avec la
derniere évidence , être une fuite nécef-
fiaire des fa c u lté s , que les Sens y ont aperçues.
I c i pourtant , i l fie p r é fen te
une difficulté fouvent infurmontable,
qui confifte principalement, en ce que la
recherche qu'on doit fa ir e des chofes , par
Pentremife des Sens, demande , que le
Corps , quion veut examiner , fo it à
leur portée : c'eft pourquoiquand on veut
avoir le plaifîr d'obfefver des objets é-
loignés , i l fa u t commencer , par s'en
approcher. M a is , combien f e trouvera-t-il
de gens, qui fibïent d humeur, ou en état de
p en fir à une pareille entreprife ? 11 y
en aura peut-être un entre mille , qui
pourra fe fa ir e un p la ifir , de fe donner
tout entier à une recherche auffi dificïle.
N'allons donc pas chercher plus loin la
caufe malheureufe qui empêche , , ou du
moins qui retarde les heureux progrès ,
que pourvoit fa ir e la ‘Phyfique. Mais
auffi, que cela nous faffe connoître tout le
Mentem humanam ab adorando
rerum omnium Creatore ita faâam
e lle , ut poflideat facultatem cogno-
fcendi corporum natorum dotes
quasdam fenfibus objectas, ne Pyrrho
quidem neget, de eo vel Socrates
haud dubitet. Illam vero, quæ
fie comparata habetur, rerum feien-
tiam Generi Humano,ad omnia vitae
commoda, neceffitates, & ufus ,
quam utiliffimam effe, optimo jure
Sapientes aflerunt. Agricultura, As-
tronomia , Medicina, Ars Navi-
gandi, infinita utaliapræteream ,
veriffima exempla dant & teftimo-
nia. In quibus tamen omnibus duplex
quidem via obfervata femper
e ft, qua itum fuit ad veram feien-
tiam ; quarum una fcilicet per cor-
poreos fenfiis, per meditantis aciem
mentis, procedit altera. Una tamen
harum absque alterius ope parum
promovet, multum licet moveat *
ubi veroexarte fociantur fimul, &
excoluntur, incredibilia efficiunt,
junétisque viribus mirifice femutuo
juvant. Ea tamen inviolabili lege
femper, üt natam per fenfus feien-
tiam corporum primam ordine ex-
colendam elfe , atque ante Rationis
in his difputationem prius exercen-
damacriter, appareat. Imo vero
evidlum quoque fuit, eo felicius ver-
far i in contemplatione corporum
per rationalem lpeculationem ani-
mum, quo plura antea collegit un-
dique per fenfuum expérimenta. De-
nique, ne valere quidem ad hæc
omnia Rationem, nifi eousque tantum
, ut folis experiundo letStis Phæ-
nomenis verfàndis, undique fpecu-
culandis, atque componendis inter
fe, occupetur : adeo, ut ultra quid
de corporibus colligere fit nefas, nifi
quod fiolum ex deprelienfis horum
per organa fenfuum facultatibus cer-
to fequi, quam liquidiffime perfpexit
L E C T U R 0.
xit prius. Qua tamen in refumma,
& ineludtabilis fæpenumeto diffi-
cultas ilia imprimis obtinet, quod
indago rerum per fenfuum inftru-
menta inftituenda examinanda corpora
propinqua omnino exploranti
poftulet. Quare etiam remota qui-
cunque perluftrare volupe ducit ,
eadem ut prius inveftiget, atque
accedat ad eadem, neceftarium eft.
Quotusquifque vero eft, cui vacat
his addle negotiis ? vel nemo, vel
nnus forte, erit, quem voluptas tra-
h e t , ut totum fe difficillimæ hiiic
inquifitioni dedat. Patet profeéto
infelix inde remora, quæ progreffum
felicem Difciplinæ Plîyficæ retardât.
Tanto itaque carius eft pretium illa-
rum obfervationum, quæ rite captas
fiintin natali cujusque corporis loco,
ubi perfpicere datur needum a propria
degenerans indole corporum
ingenium. Hæc funt ilia demum
obfervata, & hæc quidem fola, quæ
Promptüaria phyfica replent , di-
tantque, ut ad ilia recurrere queat
tuto prudens Philofophus, quoties
de naturalibus rebus meditariquid,
vel commentari, inftituit. Tum
apparetfùmmum illud taliumhifto-
riarum pretium, tum demum dig-
nitas obfervatorum jufte æftima-
tur, & præ cæteris omnibus excel-
lentia. Si enim quærere intempeftive
debes tune, quando ad meditandum
inventis indiges jam prius compa-
ratis, aut ad feribendum te accin-
g is , tædii faftidio a propofito aver-
teris. Verum requifita reperirejam,
ubi necefte eft, pofte & iis bene fir-
mis ad rem tuam uti , pulchrum
præprimis atque jucundum habetur.
Atqui talem Liber hic materiem ,
atque eam quidem uberrimam, gratis
T ibi exhibet. Imo vero & talem,
quam vix ullus prius attigit, in qüa
nemo tantum profecit. Quid veto
P R E’ F A C Ei r
p r ix des obfervations, qui ont été exactement
fa ite s de chaque corps , fu r le lieu
même de fa naijfance, où i l peut être examiné
, avant q u 'il a it eu le tems de dégénérer
de fon état naturel. Ce fon t cei
fortes d.'obfervations , j e dis même , à
l'exclufion de toutes autres , qui fournirent
, qui enrichirent la ‘Phyfique , de
forte qu'un Philofophe peut y recourir hardiment
, toutes les fo is qu'il lui prend
envie de méditer , ou d'écrire , fu r les
chofes naturelles. Ces confidérations nous
font voir le p r ix ineflimable de cette forte
d ’H ifo ir e s ; elles nous aprennent à fa ir e
une ju fte eftime dé leur excellence, p ar-
deffus toutes les autres. Car, f i lors qiion
veut méditer, ou qiion f e prépare à écrir
e , on f e trouve obligé d’empldier le tems,
mal à propos, à chercher des matériaux ,
q u 'il faudrait avoir tout trouvés d'avance
, une recherche aufft ennuieufe n'eft-elle
pas feule capable de dégoûter , (5 d’en
fa ir e pajfer l'envie ? Mais au contraire,
y a -t-il rien de plus beau, rien de plus
agréable, que de pouvoir troilver tout ce
qui eft nécefaire, dès qu'on en a befoin ,
(S de pouvoir , fans fcrupule , le faire
f r v i r à fon ufage ? Vous a v e z ic i cette
matière, fans dépenfes, fans peines , (S
fans p erte de tems ; vous la trouverez ,
dans le L iv r e qu'on vous préfente , en f i
grande abondance , & telle , qu’i l n'y a
prefque perfonne qui f a i t touchée auparavant',
perfonne abfolument, qui la i t portée
aujfi loin. J e dirai p lu s , c ’eft une
matière f i néceffaire , polir entendre celles
qui apartiennent à la ‘Phyfique , qui on
ne peut f e pajfer de cet Ouvrage , pour
peu quon fo it curieux d'aprendre la nature
des chofes, puis qu’on y trouve une
infinité de defcrïptions, qu'on chercherait
inutilement ailleurs. Car les Expériences,
que nous avons de tous côtés, nous aprennent
, que tout le Globe de la Terre que
nous habitons, eft véritablement un Corps
organijé ; & tellement compofé de diférentes
parties , que , tandis que chacune
dielles , en parthulier , fa i t la fonction
qui lui eft pràpre., l'éfort général de toute
là Terre , par les éfets rajfemblés de
toutes les parties, achèvent de plus grands
ouvrages , qui dépendent du concours de
toutes les p arties enfemble, & de l ’harmonie
de leurs éfets. I l ne fa u t pourtant
pas inférer de cette Doélrine , que ces
parties f e font unies par h a za rd , pour
produire enfuite les chofes à l'aventure ,
& faiis ordre : c’eft au contraire , une
preuve certaine , que le fe u l Ë fp r it
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