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turel eft celui qui eft uniquement proportionné à la force du vent.
L ’accidentel eft quand les ondes viennent à fe choquer ou de front
ou en flanc, ou qu’elles fe fuivent avec trop de violence & fans interruption,
ou qu’elles fe roulent en des plages fablonneufes , ou
contre des rochers ; car ce font là autant de caufes qui les font
monter beaucoup plus , que le vent ne fauroit faire naturellement.
L';ievarion R obert B oyle raporte plufieurs obfervations, pour montrer
deffusdei’ho- qUe je vent le plus fort ne pénétré jamais plus de fix pieds, au deflous
mcr' de l’horizon ordinaire de la Mer. Il s’enlùit de-là, que le Cylindre
de l’eau ne doit pas s’élever plus de fix pieds fur le même horizon.
J’ai vérifié cette expérience dans les plages du Languedoc, entre
Maguelonne & Peyrol, ou je mefurai l’élévation des ondes, dans
un tems de tempête au deflus de la ligne perpendiculaire de la Mer
lors qu’elle eft tranquille, & cette élévation fe trouva de fept pieds;
il ne faut pas s’étonner que l’eau en cette fituation s eleve un pied de
plus par raport à ce long trajet de bas fonds de fable, ou les ondes
viennent heurter. Il eft aifez naturel, que par cette violence elles
montent une fixiéme partie de plus qu aux autres endroits.
Eevationies A u x rivages niontueux de la Provence, ou il y a beaucoup plus de
b&hcdirLiK fonds, que dans le Languedoc, un vent de Labêche, egalement
nncedePro'furieux, n’y fera élever l’eau naturellement que de cinq pieds, mais
la percuflîon accidentelle qu’elle fait contre les rochers la pouffe
quelquefois jufqu’à la hauteur de huit pieds.
Hauteur des E n haute mer, où les vents trouvent un champ libre, les ondes,
ondeseupie1- f | g | ieur état ordinaire de tempête ne font au plus que de fix
pieds, deviennent quelquefois horribles , par l’union de plufieurs
autres ondes qui les fuivent de trop près , & fans cefle entrent
les unes dans les autres, fe roulent , & forment des tourbillons
qui font les tempêtes extraordinaires ; mais communément l ’eau ne
s’élève que y. ou 6. pieds au deflus de l’horizon du calme, comme
on voit par la figure où l’on diftingue de quelle maniéré la force du
ufage de la vent pénétré dans l’eau, & l’éleve a proportion. Le Cylindre
cette obfer- A. A. A- eft celui du vent ; l’efpace B. B. B. eft la partie de
l’eau preflee par le vent qui s’élève comme C. C. C. C. au deflus
de l’horizon, & qui enfuite, par la percuflîon contre les rochers,
contre les bancs de fable, ou contre les autres ondes monte à cette
élévation accidentelle, dont je viens de parler.
L es vents qui, en cette côte, caufent la plus grande agitation
font
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font le Nord-Oueft, & le Sud-Oueft, qui régnent indiferemment
les uns avec les autres , & de la maniéré irrégulière, que l’on
verra dans la Table. Je ne m’étendrai pas au refte fiir cette
partie des vents , quoi qu’elle en dût faire une confiderable dans
l’Hiftoire de la Mer ; l’Experience m’avant 1 J ajp. ris q.1u ’il n’eft JpT as pDol’u®rc uunW feul
poflîble non plus de produire rien d’afluré, fiir cet article, tant
qu’il n’y aura pas plufieurs Obfervateurs à la fois placez en des LfilwS»“
lieux diferens ; car toute forrée qu’eft nôtre Mer Méditerranée,
on y remarque très-fouvent, à fort peu de diftance, deux fortes
de vents, cela venant de la fituation diverfe des Rivages, & de
la difpofition des plages. Ce que je viens d’avancer, eft une
chofe que les Galeres éprouvent, prefque toutes les fois qu’elles
veulent paffer de Marfeille à Sette en Languedoc. Bien qu’elles Vlrieté des
aient le vent en poupe , lors qu’elles partent,, à mefure qu’elles
avancent dans le Golfe de L y on , elles trouvent le vent d’abord
au Sud-eft, puis au Sud, enfin au Sud-Oueft, ce qui les oblige pourSette'
de revenir. Cela eft caufe que les Galeres, dont nous parlons,
aiment mieux, pour pafler le Golfe, attendre un petit vent de
Terre Septentrional, ou le Calme,
On verra un petit eflai de la maniéré dont les vents contribuent à uü édei»
la variété du tems, dans la Table ci-jointe. Je voudrois bien que
pour cette partie, & pour les Courans & les Marées, nous eneuflîons
dix autres, faites, comme j ’ai dit, dans le même tems, en divers
lieux ; car je le répété encore , il eft impoffible d’établir quelque
chofe de folide là-deflus, tant qu’une feule perfonne travaillera à ces
obfervations.
Q u a n t au flux & reflux, il m’a falu, pour connoître quel il eft
& comment il fo fait en cette Mer, y faire mettre une réglé perpendiculaire
, & qui fût d’une longueur capable de toucher au fond &
de s’elever fur l’Eau aufli haut que la tempête pouvoit la faire monter.
Dans le lieu que je choifis elle a dû être de 68. pouces, on en
voit la divifion dans le profil qui eft à côté de la Table.
P our compter les diverfes hauteurs de la Mer, j ’ai trouvé à pro- obf«™.
pos de commencer, par la partie fuperieure de la ligne de bois, def-
Cendant, félon l’ofdre qui eft marqué par les nombres; de forte que ïer‘“ -C
fi la mefure de la hauteur de l’Eau eft,par exemple, de40.pouces,on
doit compter de fuite en defeendant au fond.
J’a i diftingue, pour une plus grande exactitude, touchant
l ’élévation, & le décroiffement de l’Eau, les deux differens états,