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PLANTES PIERREUSES.
jENom de pierreufos, que l’on donne à ces Plantes,
fait aflez connoître qu’elles font d’une nature de
pierre. C ’eft une végétation tout-à-fait particulière
à la mer, puis que nous n’avons rien de fomblable
fur la furface de la terre j & l’extrême différence de
leur nature, d’avec celle de toutes les autres, eft ce qui a fait douter
non feulement les anciens, mais moi-même le plus moderne des
Obfervateurs, fi c’étoient de véritables Plantes, qui vegetaflentdans
un ordre réglé, de la maniéré que je l’ai enfin reconnu , & que je
démontrerai.
rcufes avec La principale diftinétion , qu’on doit obferver en cette claffedes
écorce & fans • r n t u - / , écorce. pierreules > eit de celles qui ont une ecorce 9 8c des autres qui n’én
ont point.
LefeulCoraiï
Æ g g j j L e Cora»l eft le leul T » en ait -, 8c lors qu’il fort fraîchement de
fcpatoTu la mer > eette écorce peut être féparée de la fiibftance, avec la mê-
fomtdeieau. me facilité qu’on le fait aux plantes de la terre.
Plantes fans
m“ ésCMnX '- Toutes les autres plantes de cette clalfe n’en ont point, & nous
pora. jeur donnons le nom general de Madrépores ; que nous trouvons à
Madfcporaf p ropos de fubdivifèr enlùite félon l’ordre des parties qui les compo-
fent, 8t leur font prendre de diverfes figures. Nous en diftinguons
donc à fimple calice ; à plufieurs calices, dont l’union fait quelque
chofo d’équivalent à des Branches; des rameufos, rondes & unies;
des rameufos, rondes &nouëufos,- des rameufos plates ,- des feuillues
de qui les feuilles fo replient en divers tours en forme de Rofo; &
enfin de Moufle, comme étant femblables ù la Moufle terreftre
compofoes de rameaux très-deliez.
(ions de leurs On voit par-la que leurs configurations font particulières & diversubftance
*"es ^ans leurs e^Peces- Quant à leur fubftance elle eft plus ou moins
BoL°dure. unie> & Par confoquent de divers degrez de dureté, que l’on expli.
quera dans la defoription de chaque plante.
Leur véritable & particulière dénomination Botanique, refte encore
en fofpens, pour les raifons que j ’ai déjà raportées. Je ne me
forvirai donc que des noms ufitez parmi les pêcheurs.
Toutes ces végétations pierreufos, au refte font des plantes effectives
»
ves, & qui Ont toutes leur ftïiiéture, quoi qüe réglée toujours, folon ç« rutile
mechanifme üniverfol, que la nature a établie dans les plantes da
marines, qui permet à toutes les parties qui les compofotlt, d’être
nourries indépendemnient de l’entiere union organique.
Les endroits, où cette végétation fo fait ordinairement & en
° a cette efpecç
.plus grande abondance, font des efpeces de fourneaux, & des J*'nvcscu*
Grottes de la forme que nous pàrticulariferons, en parlant du fu-
je t principal qui eft le Corail.
Ces plantes n’ont point de racines, pour la même eaufo que
nous avons raportée, aüfujet des molles, & de celles qui font prefque 1$™™'
de Bois , végétant indifféremment fur toute forte de corps foliées
$ comme des pierres , des conglutinations de terre , des os >
des coquillages, du fe r , de la terre cuite, de B ois , & quelquefois
même fur d’autres plantes , fans avoir égard à l’aliment
particulier, qu’elles devraient tirer du lieu, où elles font pofées,
fi elles avoient des racines*
Les couleurs de toutes ces Plantes changent, quand elles font changement
Hors de 1 eau : 8c il n’y a que le Corail rouge * qui retient la i| | | | |
couleur naturelle fans autre alteration que dans l’écorce, laquel- 0eint,
le en fo fechant prend une couleur plus livide. écor«!f°“
L a ftruéhire organique, qui montre de quelle manière ces plantes LaflmSu«
fo nourriffont, eft fomblable dans le Corail, à celle des molles, con-
fiftant dans le tiflù glanduleux de l’écorCe ; & aux autres qui n’en
ont point, la nature leur a difpofé certains trous , & canaux dans
la fubftance de pierre, par lefquels la glu marine s’infinuë , fo coagulant
en une efpece de lait blanc, en quelques-unes , & jaune en
d autres , & de divers degrez d’epaifleur. Il faut remarquer que ce
lait blanc devient toujours jaune lors qu’il fo foehe.
* Une y a de bien particulier en ces plantes , eft que le F,enfJ |S
Corail muni d’une écorce réglée a de très-belles fleurs que j ’ai décou- s i x ,
vert nouvellement & dont je ferai une demonftration fort c laire, leConuI-
dans l ’endroit deftiné, pour parler des fleurs , & des femences des
plantes de la mer.
Enfin les analyfos chymiqües nous font voir, d’une maniéré à ne IfêSSi
pouvoir en douter, que ces végétations pierreufos font de véritables * i ,
plantes, & que l’on en peut tirer, lors qu’elles font fraîches, les
mêmes parties que des plantes terreftres, & des animaux*
D d a D U
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