V I P R E ’ F A C Ë*
Créateur de toutes chofes, dont la Sageffe
ctl infinie, © la ‘Puiffance fans bornes ,
les a toutes formées , © tellement difpo-
fées entr e lles, que toutes leurs operations
tendent enfemble à un fe u l © même but.
Toutes les chofes créées fu r cette Terre
font d'une nature, à pouvoir durer ju s qu'à
la fin des Siècles, > f f ” -
dant ce tems-là, leurs vtcijfitudes ,
révolutions , leurs régénérations , par
une loi certaine , © par un ordre déterminé
Toutes chofes ont leur natfance ,
leur durée, leurs changement-, elles meur
ent, elles renaiffent, avec le concours ,
© la ide de toutes les autres, qui rayem-
blèes en une feule majfe confiituent tout
le Globe terreflre. Quelle magnifique
idée de cet Univers ! qu elle efi digne
d'un e [prit é le v é ! N ’en demeurons nous pas
pleinement convaincus,qu'on ne doitpasplus
atribuer au h a za rd , ce qui arrive dans
toute la T e r r e , que ce que f o n t , dans te
corps humain , les deux y eu x , les deux
oreilles ? Toutes les parties de la Terre
ne font pas moins née e fa ir es a chacune
d'elles en p a r t icu lie r , qu'il efi certain ,
que foe il de [Homme, pour pouvoir fub-
fifle r dans f in entier © être en
état de remplir f i s fonctions, ne f i peut
pafier , avant toutes chofes , des opéra-
fions unies de la bouche j de lu gorge , u
ventricule, des inteftins , des veines, du
coeur» du poumon , des art e t es y du cerveau
, des n e r f s , © de tous les autres
vifieres: J e fais p erfu adé , que, quand
on confidere , fa ivan t cette opinion g les
ouvrâtes de la Nature , © ?» on les rédigé
en bon ordre , on n'en peut avoir
qu'une idée beaucoup plus exalte , que
celle qui efi communément repue Gon-
fu lte z les autres A u teu r s , a lle z chercher
chez e u x , ce que vous p r é fente celui-
ci-, c’eft de celui-ci fe u l , qUe vous dev e z
atendre des fecours pour vos difé rensbe -
foins. I c i , vous v ote z les h t s de la. Mer
taillé s dans la te r r e, elle-même artifiement
tra va illée , & qui confervant, dans leurs
ca v ité s, la même fabrique qu ils avoient
auparavant, lors qu’ils ne faifiient quu-
ue fuite de terre , fans interruption , reçoivent
dans leur Jein des torrens innombrables
de F leu v e s , qui tombent avec rap
id ité du haut des Montagnes Vous y
aprenez en même tems , que des R iv iè res
, qui viennent avec autant d
tuokté, f i p récipiter au fond de la Mer ,
par des conduits fouterrams, communiquent
à [es eaux des propriétés admirables
-,y produifint diférens moitvemens ,
L E C T V k d.
dicam , non eft & alia villa magis
neceflaria ad intelligenda Phyfica.
Itaquidem,ut nobilihocOpere ca-
rere poffit nemo, cui cura eft rerum
naturam difeere : quum aliunde ne-
queat hie deferi pta cognofcere. Lec-
ta enim undique Experimenta nos
docent, univdrfum, quem incoli-
mus mortales j Globum telluris vere
corpus efle organicurri, quod ex va*
riis partibils ita conflatum 5 ut dum
finguls qu.eque harum prOprium fuo
ingenioopus abfolvunt t interim to-
tum terrx molimen per adunatos
partium omnium effedtus , opera
perficiat majora , qua: a eoncurfu
omnium fimul unitarum partium &
harum Confpirantibus effedtis pen-
deant. Neque tamen patitur dodtri-
na hie tradita, fortuita forte partes
has coiiffe inter fe , & tumultuaria
hinc modo producere. Contra veto
certa hie demonftratkme eonficitur,
ah una ouiniparente Mente,' eujus
ut propria eft fapientia infinita,-ita
& abfolute perfe&a potentia,- omnia
hxc fimul itacondita atque compo-
fita inter fe y ut operand© fimul ini
ununi propofitum tendanG Scilicet
ut inhacTerra lemelcreata cundta
ita inftrudta fint , ut multa queant
in fecula 'durare, viciffitudines in-
terea fuas, revolutiones, atque pa-
lingenefias, certa lege, & definito
ordine, patiantur. Univerfa quippe
h s c nafeuntur, manent, mutantur,
intereunt, atque renafeuntur, per
concurfum, & auxilia rerum omnium
, quae in unam adadta niolcm
Tellurem totam faciunt. O quam eft
pulchra haec, & alta mente digna,
hujus Univerfi idea ? Nonne certo
feimus inde , in tota Tellure nihil'
magis fortuitum quid accidere ,
quam quod in corpore humanobini
agant oculi, aures bins ? Neque minus
requiri omnes exteras Telluris
partes
L E c r U R 0.
partes ad linam quameunque hârum,
quam certum eft , oculum Hominis
requirere oris, faucium, ventriculi,
inteftinorum, venarum, cordis,pulmonis
, arteriarum, cerebri, nervorum,
omniumque aliorumvifcerunij
prægreflas prius , & confpirantes,
actiones, ut bonus oculus, fiio par
officio, integer fubfiftat. Credide-
rim , quoties fecundum hanc fen-
tentiam, opera Nâturæ in Tellure
noftra lüftrantur inque caftigatum
rediguntur ordinem , verior longe
habebitur, quam pervulgata, fuper
his idea. Eas jam,qusrashscapud
alios, quaepraeftohiehabes &ufibus'
idonea nusquam nifi hie invenies.
Spedtas capaciffimos hie alveos Maris
de ipfa fabrefadta T ellure exeifos,
qui ejusdem tenaces fabrics in fins
cavis,quam iniolidaTelluris com^
page prius habuerant, in fe exeipiant
confpicuos Fluminum torrentes ra-
pidiffimede altis riientes MontibuSi
Sed & difeis fimul,ccecos ipfo in Maris
profundo Fluvios, haud minori
immiffoS eumimpetuperpraecipitia
fubterranea , ibidem miras in ipfa
marina aqua dotes, varios&in di-
Verfa altitudineoppofitosfsepe inter
fe motus, gurgites, voragines, producere
j unde mille numquam prius
intelledtarum apparitionum eaufas
pulcherrirhe intelligis.Strata in T e llure
certo ordine Saxa ita difponi, ut
ordinatas forment intercapedines,
quas mobilior materies replet, primo
hie docemur. Mox inde difei-
mus, mollem bane materiem infe
gererd, fovere, perficere, movere,
fecernere, exeernere, fingularium
Foffilium femina, horumque omnium
maturosfruâus. Sed & pari Ex-
perientis evidentia demonftrantur,
nata fie, & perfedla, fo'ffiiia traus-
fudare tandem per vias modo didtas,
atque invaftaMaris cava, utinre-
P R E F A C E . vi t
fouvent opofés entr'eux , félon leur déférente
hauteur ; © y forment des gouffres
© des abîmes. T a r de femblables in-
Jlru&ions *. vous pouvez très-bien déve-
loper la caufe de mille ‘Phénomènes, qu'on
n'avoit jamais pu comprendre auparavant.
Nous y aprenons d'abord , que les
Roches couchées par un ordre certain
lu n e fu r l'autre , dans la f e r r è , y font
cependant difpofées, de maniéré , qu'elles
y forment des efpaces réguliers , que remp
l i t une matière plus mobile. Nous a-
prenons enfuit e q u e cette matière tendre^
porte en elle-même , que lle nourit j
q u e llep e r fe ltion e , que lle met en mouvement
, qu'ellefépare , quelle crible les
fimences de toutes les efpèces de Fojfiles,
© leurs fr u it s , lors qu’ils font parvenus
a maturité. L a même Expérience nous
montre , que les Fojfiles formés © per-
feBïonés de cette maniéré , tranjpirent
p a r les voies dont nous venons de parler',
© f i je tten t fouvent dans les antres de la
M e r , comme dans des réceptacles généra
u x , © communiquent des qualités mer-
veilleufes à f in eau, que Thalès regardait
comme la matierè univerfelle des
corps. Vrus v o ïe z des digues naturelles
fouvent fa ite s en talus, fouvent auffi vers
t seulement efearpées ,q u i vous paroiffoient
formées au h a za rd, © fans ordre , ju s -
quet dans l'abîme de l'Océan. M a is que
vous votez ici toutes ces chofii bien difé-
remment ! Car , vous y apercevez , que
le bord de la Terre échancrée , en defeen-
dant jusqu'au vafie abîme j conferve toujo
u r s ces mêmes couches , pour pouvoir
je t t e r f i s produisons dans les cavités de
la Mer. Qu'y a -t-il de p lu s admirable ,
que de voir les rives opofées d'une Mer
fouvent f i large , confiruits de maniéré
que, malgré leur éloignement, la fitua-
tion de ces planchers de pierre , © leur
parallélisme. par raport à l'H o r izo n , né
nous permettent plus de douter , que la
fuperficie © les enfin pur es de ces rivages
ne confefvent le même ordre des parties
qu elles foutiennent, © même par raport
à la hauteur, le même nombre , que f i
les cavités fùccejfives des Mers euffent
é té remplies, par la fu ite des deux bords,
©■ qu'elles euffent achevé la figure circulaire
de leur Jphere, à travers les lieux ,
qui actuellement contiennent l'eau. On
pir e roit, que la Terre cette Mere féconde,
de toutes ces v e in e s , verfe dans de
vafles fe in s remplis auffi de veines pareilles,
j e v eux dire les M e r s , prefque
toute forte d’humeurs , qu'elle avoit
( b ) z for