Expérience
de la filtration
de l’Eau
de la Mer par
la terre de
Jardin.
* Planch. 13.
crois que l’on pourrait prouver par-la, que le fel. fixe, qui le trouve
par toute la T er re , n’eft que d’une feule elpece, & que ces alterations
d’acides, & d’alcalis ne lui viennent que des differentes fitua-
tions, où il le trouve à l’égard de l’air, qui aulfi bien que 1 eau en fait
une continuelle confomniation.
J e n’ai pas négligé la filtration de l’Eâu de la Mer, par la terre
de jardin, & par le fable, afin de Connoître combien elle pouvoit
perdre, par ce moyen, de fon goût fa lé , & ce que 1 on pouvoit
conclurre de la circulation de l’eau, au travers de la terre.
L a terre de Jardin & le fable deftiné à cette expérience furent
lavez cinq1 fois ; de forte que je fils bien aflïïré qu’il n’ÿ reftoit plus
aucune partie de ce fel; qui peut être dans la terre & dans le fable,
que l’on a pris dans un endroit proche de la Mer.
P o u r faire cette opération je préparai quinze vafes de teire cuite
de la figure exprimée dans le deffein * , châcun defquels avoit
cinq pouces de largeur, & de hauteur. Ils étoient difpofez de maniéré,
que la quantité d’eau que l’on jettoit dans le premier vafe,
pour fe filtrer, paffoit fucceffivement par tous les autres, & s’alloit
fendre dans le récipient, qui étoit mis au bout; ce que l ’on peut voir
nettement, & d’un feul coup d’oeil dans la Planche 13.
S i ces vafes avoient été tous unis enfemble ils auroient formé un
Cylindre de foixante & quinze pouces de long, & cinq de large,
dans laquelle étendue, tantôt pleine de terre, tantôt de fable, a dû
pafferla quantité de quatorze livres d’eau fuperficielle de Château-
vieux, qui, félon l’Aréomètre, faifoient une once; trois dragmes,
quarante-neuf grains. L a couleur en étoit très-claire„ comme
eft ordinairement celle de l’Eau de la Mer. La première expérience
for faite dans de la terre de Jardin, de laquelle les vafes étoient remplis.
On verra dans cette première expérience, laquantité de quatorze livres
d’eau, qui fe diminua de neuf livres dix onces; puis que dans le récipient
il ne s’en trouva que cinq livres deux onces, le refte étant demeuré
dans la terre. Sacouleur naturelle fe changea en celle de paille.
S on goût falé diminua, avec le poids, comme le firent voir la
Balance commune, & l’Aréomètre ; & la quantité d’Eau de Mer naturelle,
qui étoit d’abord, de vingt-quatre onces, s eft trouvée
après la filtration diminuée d’une dragme ; ne reftant que.de vingt-trois
onces ,fept dragmes, & l’Aréomètre qui avoit fon équilibre, avec une
once, trois dragmes, quarante-neuf grains, eut befoin alors de trois
grains de moins, ■