nouil, que j ’avois par hazard dans mes mains. Cela feroit peut-
être affez fâifable, en employants quelques autres drogues communes
, & de peu de valeur, & qui euffent la propriété d’empêcher
le mauvais effet que le long ufage de cette boiffon pourroit produire
dans le corps. La pratique de la diftilation fur les vaiffeaux, dans
une grande necefïïté,- feroit facile avec des vafes de cuivre, particulièrement
à ces Nations, qui ont abondance de charbon de pierre
, avec lequel on pourroit faire le le ft, & s’en fervir dans l ’oc-
cafion.
Différence de T’a i fait cuire dans l’Eau naturelle de Mer des légumes & de la
l'eau de la ^ ; , &
mer, & de chair, & j’ai enaye de réduire avec elle la farine à l’ufàge du pain. leau mfipide 7 J J ü r
fcTdesk^’ Les légumes furent des lentilles & des fazeoles. Je mis une once de
lentilles, dans une livre & demie d’Eau de la Mer, & autant dans la
même quantité d’eau de Cîterne. Au bout d’un certain temS je vis
que celles qui avoient bouilli dans l’Eau de la Mer étoient moins Cuites
que les autres. Les fazeoles au contraire devinrent plus tendres
dans cette eau, que dans celle de Cîterne. Je laiffai bouillir ces deux
légumes dans les deux differentes eaux jufques à ce qu’ils M e n t à fèc
Ceux, qui étoient dans l’Eau de Mer, fe trouvèrent alors plus durs
que lors qu’ils étoient cruds, & les autres fe réduifirent dans l’eau de
Cîterne en une pâte très-molle. T ou t cela prouve la différence, qui
eft entre la nature de ces deux diverfes eaux, l’une infipide & l’autre
falée, à l’égard des légumes.
Différence de L a chair de mouton mife dans divers vafes remplis d’une égale ces deux for- . o
îfcuiSdè11 quanth é d’eau de Mer & de Cîterne, prit fans diftinâion, dans l’une
h chair. ^ pautre ^ une couleur égale, & qui eft propre à la chair bien
cuite. Le goût en étoit different, car celle que l’on tira de l’eau
de la Mer étoit plus falée, & amere que l’autre.
A y a n t fait continuer la cuiffon jufqu’à la confommation des
deux eaux, j ’obfèrvai que celle, qui avoit bouilli dans l’eau de la
Mer, étoit devenue plus tendre & plus blanche que l’autre.
C ette blancheur m’a furpris, ayant vu auparavant, dans mon
féjour en Hongrie, que les eaux de puits, comme ceux de Javarin,de
Strigonie, & de Bude, rendoient rougeâtre par leur nature nitreufe la
chair qu’elles cuifoient, & trouvant un effet tout different, dans
celles de la Mer pleines d’un fel, qui, félon l’experience des eaux
fuperficielles, participe du nitre. 11 eft vrai que le fel des eaux fù-
perficielles, qui a montré dans le papier bleu la couleur rougeâtre,
étoit feparé de cette partie bitumineufe qui l’accompagne, lors qu’il
eft
D E L A M E R . P a r t i e II,
eft encore mêlé dans l’eau, & cela eft peut-être caufe que fa nature
acide ne paraît point de la même forte, que lors qu’elle en
eft feparée.
A u refte pour ce qui eft de fe fervir de l ’eau de la Mer d faire
le pain , elle eft d’un affez bon ufage tant pour lui conferver
une belle couleur que pour faire bien lever la pâte, & la laiffer
bien cuire j & fon effet feroit entièrement fembiable à celui des
autres eaux de puits , 8c de Cîterne, fans le goût falé quelle
donne au pain,- qui fe peut manger étant frais, mais non pas
lors qu’il eft d’un jour, car alors l’amertume, qui fe fait fentir
le rend infùportable. ’
Je laiffe plufieurs autres expériences , qui auraient pu fe faire,
touchant la cuiffon des Mandes ; parce quelles ne donneraient
pas effentiellement une plus grande connoiftance là-deffus, & qne
d’ailleurs je fuis bien aife de conferver la complaifance du Leéteur,
pour les autres parties qui doivent faire la conclufion de nôtre
Effai.
h i s t o i r e