Que la partie
la plus noble
de eet ouvrage
eft le Go-
rail. .
Cavernes où
croît le Corail.
Siïbftance du
badin de la
mer.
Mâgîrtan »
fond accidentel
& fon ac-
croiflement.
Situation des
Cavernes.
Paralleles edi-
mées propres.
Deux hauteurs
de mer
où les pêcheurs
cherchent
ces cavernes.
D V C O R A I L .
Cr.TtE partie eft la plus noble des Plantes pierrëufes, étant celle
qui contient la defeription du Corail, depuis la première formation
julqu’à fon état le plus parfait. C ’eft auflî celle, qui doit defabufcr
le public de toutes ces narrations chimériques, que lui ont donné divers
Auteurs , tant anciens que modernes ; & desquelles, s’il me
falloit faire ici la compilation, je groffirois mon Ouvrage d’un volume
fort fuperflu & très-inutile à mon deiTein j qui eft d’expofer ce
que j ’ai reconnu de vrai, fur le fondement des nombreufes pêches
que j ’ai faites de cette plante , uon fans beaucoup de. danger & de
dépenfo. Je luis perlhadé que la comparaifon* que les Savans pourront
faire de ce que je dirai, avec ce qu’ont écrit les autres j contentera
mieux leur curiofité, que tout ce que je pourrois moi-même
en raporter ici.
Les endroits,, où naît le Corail, Ibnt de certains trous , ou des
cavernes, qui font tantôt dans la roche vive, & tantôt dans des a-
mas terreftres, liez en forme de T u f , par la Glu de la mer.
La Roche vive eft la lùbftance, qui, comme je l’ai fait voir dans
ma première Partie, forme le véritable Baffin de la mer. Les amas
terreftres que les Corailliers nomment, Magirian, Ibnt ce qui forme
le fond accidentel, & croilfant quelquefois extraordinairement,
ils donnent lieu à des antres confiderables, qui commencent à lafii-
perficie du rocher lùr lequels ils polènt.
Les Corailliers expérimentez diftingtietit comment ces antres doivent
être lîtuez, pour permettre au Corail de faire en leur intérieur
fa végétation réglée : car fi elles font perpendiculaires au centre
, ou au fommet de la terre, elles n’y font pas propres ; mais bien,
fi elles font parallèles ou à peu près.
Ce font ces dernieres, que les Pêcheurs cherchent avec un foin,
& une fatigue incroyable, tantôt lùr le bord de la mer, & tantôt au
large, à beaucoup de profondeur , s’abandonnant en cela au pur
hazard, puis qu’elles font entièrement couvertes par les eaux.
Mais celui qui le premier peut découvrir ces fortes de trous , qui
dans les mers de Catalogne fe trouvent pour l’ordinaire auxllles
Baleaires ; en celles de Provence , entre les Caps de la Corofie
& de St. Tropez | dans la partie méridionale de la Sicile, & aux Cô-
.» • tes
D E L A M E R . P a r t i e IV. 109
tes d’Afrique, en face de B arca ,& vers le Cap-Negre, celui-là,dis-
je , eft alfuré de voir lès fatigues payées par la découverte d’une nouvelle,
& entière forêt de Corail. U en arrive enfuite la mêmecho- Fo.rêtd(:C°* J rail comparée
fe qu’aux forêts de la terre: car après qu’avec les Inftrumeus propres r,°rfj$ ,j.°
pour cet ufage , on a travaillé long temps dans ces antres, & ehterre'
qu’on y a tout coupé, il faut necelfairement que l’on lailfe écouler
quelques luftres, avant que la forêt fo renouvelle : & la Mer eft
d’autant plus fujette à cet inconvénient, que la liberté de la
Pêche y fait négliger cet ordre, qui s’obferve dans les B o is , &
qui donne lieu à la revégetation. Ainfi pleins de l’efperance,
qu’il eft relié dans ces grotes du Corail fa it , & d’une grolfeur mU
confiderable, les Pêcheurs y jettent continuellement leurs inftru-
mens , rompent & defolent toutes les nouvelles formations de
cette belle Plante , & fe mettent par-là dans l’impuiftance d’en
trouver de leurs jours aucune d’une grandeur un peu confiderable,
& effectivement ce defaut ne vient pas de la nature mais de
ce qu’on ne veut pas lui laiffer le temps d’agir.
Il y a encore de particulier, & d’extraordinaire en cette Plante *
qu’elle différé par fa pofition en ces antres, de toutes les autres de du C°raÜ'
la terre, & de celles de la mer que nous appelions molles: car elle
croît de telle forte, que fes rameaux tombent perpendiculairement
vers le Centre de la terre, & fon pied refte verticalement pofédans
ces trous, ainfi que me le fait voir un morceau de Roche percé ,
que j ’ai dans mon Cabinet & qu’on verra dans la figure fuivante, où
la partie fuperieure de ce petit antre eft marquée A A. & les
rameaux perpendiculaires du Corail font diftinguez par B B B.
Le même fait eft encore mieux prouvé par une piece de T u f , ou
terre conglutinée, qui en fa partie fuperieure a des plantes d’une îuanK'
herbe molle, dont les rameaux & les feuilles fuivent le cours ordinaire
des plantes de la terre , s’élevant de bas en haut comme
C .C .C , & dans la partie inferieure & oppolée, cette piece a la plante
de Corail D D. qui , par un cours tout different, va vers lecen-
tie du monde. Tous les morceaux que j’ai pêchez moi-même iv F|™',e Sÿfc
que je conierve, mont toujours perfuade, & fans aucune exception
de la maniéré extraordinaire dont croît cette plante. , l'Aqtenr.
On peut produire, pour une autre preuve, l’effet que font les ins- 8 § y | |
trumens pour l’arracher, & qui difficilement feroit tel que je l e d e - ^ ? L
ciiiai, fi la pofition de la plante étoit autre que je le dis.
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