* Mr. le D.
Boerbaave
Profeffeur en
Medecine ,
Chimie, &
Botanique
dans l’tJni-
verfité de
Leide , qui
vouloit fe
charger lui-
même de
l’impreffion.'
E P i T R E.
fentirai mon infuffifance ; & à l'abri de vôtre nom ,je jouirai de l ’honneur
d'une place qu'il fuffit d'occuper, pour être dijlingué} c'efi, M ess
ie u r s , pour le mériter du moins par les jufles effets de ma reconnoiffan-
c e , que j e vous confacre cet Effai, tout imparfait qu’i l ejl. J e
l’avois conduit juj.qu'au commencement de la troifiême Partie, lorf -
que tout-à-coup j e reçus ordre de N. S. P. le Pape C lém
e n t X I . mon Souverain y de três-heureufe mémoire, de me rendre
aux pieds de Sa Sainteté. Je me flatois de me retrouver en état de le continuer
} mais divers incidens , & en dernier lieu le mal contagieux, ne
m’aiant pas permis de retourner en Provence -, j ’ai été obligé d'interrompre
un travail y que j e ne pouvais aifément achever ailleurs. Cette
raifon, jointe au nombre de mes années , qui s'augmente, & “ la diminution
de mes forces, qui fe fait fentir tous les jours , auroit fuffi ;
pour le fupprimer même entièrement, fans les infiances réitérées d’un
célébré * Profeffeur de Leide, à qui j e n’ai pu refufer de mettre ce
que vous voyez au jour. Alors j e me fuis reffouvenu de l’approbation
que vous aviez daigné leur donner ; & muni d’un fuffrage Jfi authentique,
j e ne l’ai pas cru indigne de paroître. C’efi auffi pour continuer
à m’en prévaloir, que je vous fupplierai toujours de croire que j e n’ai
autre deffein en tout ceci que de vous prouver mon Z é lé , pour la perfection
des Recherches naturelles , que de me montrer du moins Cêtre
Confrère, par des efforts dignes d’un nom f i avantageux, qui me procure
le biende me foufcrtre, avec la plus vive reconnoiffance ,
M E S S I E U R S ,
Vôtre très-humble, ©? très-obéïffant Serviteur
L e Comte L O U I S F E R D IN A N D
M A R S I L L I .
r e n d a n t piufieurs voyages, que j ’ai eu occafion
| de faire en prefque tous les Païs de l ’Europe : j e Icsd>fficu!-
B j s s i r ■ f JL l ft- ü . r ; J te l, pour fyfÿi me luis appliqué a reconnoitre, su y a v o it , dans l’Eamm
jTg|||jg| le corps entier de la Terre, uneSymmetrieréglée dfiaToï
I W toutes *es parties qui le compofent. Il me fem- SibdÙ
M | bloit que la maffe, qui contient tant de corps connolr-
ÿfiêSMM animez, & inanimez qui font organifez, pour- ft",ce
jA r r i • r L . & , 7 i quonena*
ïoxc le t re , auiü bien queux, & qu’il ne leroit pas împoffible de trou- &derin-
ver par là cet ordre, qui lui fut donné par le Créateur. Il eft vrai deschores
qu’à caulè de la petite étendue de ces corps il a été plus facile d’en fai- écrit«.™’
re l’Anatomie, qu’il ne l’eft de faire celle'de la Terre, qu’on ne peut
voir entière j d’un feul coup d? oeil ; mais qu’il faut parcourir, par de
longs & de pénibles voyages -, & qui de plus tient les parties cachées
fous des Eaux, des Neiges, de la glace, & des fables; & ce font en
partie ces difficultez, qui dégoûtant les obfervateurs, les ont portez à
croire plutôt que la Terre n’eft qu’un amas confus de Corps de differente
nature que le hazard a dilpofez. Ou fi quelques perlbnnes ont
voulu y établir une ftrûéture réglée, ils ont mieux aimé l’inventer,
dans le réduit d’un Cabinet, lùr une Table unie, que d’aller, pour
ainfi parler, par monts & par vaux, s’affurer d’une vérité, qui ne
pouvoit que leur caufer beaucoup de dépenfes & de fatigues. Mais
auffi ce n’eft que par ce moyen, que l’on peut faire la diftinéfion Anatomique
de toutes les parties de ce Globe, & fans outrager, par des Chimères,
l’Auteur d’un ouvrage fi parfait, en donner une Analylè
utile, que l’on a négligée jiîfqu’à prefent.
C e t t e tentative m’a fèmblé néceffaire, dans l’étude de la Nature, utilité de
jugeant que nous entendrions beaucoup mieux quantité de chofes dans fane™0*
la Phyfique, fi une fois nous étions alfurez de 1 a (fracture de la T erre, p™îes du
On détruiroit par là certainement bien des fotilès, dont on a compofé fades
volumes, fous diferents Titre s, & par lefquelles on veut nous per- la Phyfi-
lùader que la forme du Monde a été entièrement changée, parleDé-pouriadef;
luge, comme fi un corps fi dur & fi vafte avoitpu, ainfi qu’unebou-dMSyfl*-
le de craye, fe détremper entièrement, par les eaux, & devenir tout “ “4««
autre qüe Dieu ne l’avoit fait. Toutes ridicules.que foient ces Ipécu- ÊÊÊBÊi
lations, elles ont trouvé de l’aplaudiffement, julqu’à aujourd’hui ; &
cela à caulè que perlonne n’a voulu, ou n’a pû fe donner la peine de tentative
A 1 i t r . r- | r ^ i i de l’Au- commencer 1 examen de toutes les parties qui compoient ce Globe $ jËp|
par lequel on auroit diftingué bientôt de quelle courte durée ont été
les alterations, que le Déluge fit àlafiiperfieiedelaTerre, &quelles
ruptures peuvent avoir été caufées, par fes Tremblemens.
C e deffein me parut hardi, & je jugeai que l’execution en feroit Effidccc#
difficile j mais piufieurs occafionsfeprélèntant, je me déterminai en- dans- sd
fin à en faire l’elfai. Je fis donc quelques remarques, fur cette chai- faites par
ne de Montagnes, qui eft entre les Alpes de la Suiffe, & le Rivage jjMîJîi,
occidental de la Mer Noire. Cependant comme je vis, qu’il étoit ^ “ _
néceffaire de les continuer iulques aux Monts Pirenées, où font pro- p<y«itre
prement les racines de toutes ces Chaînes qui vont aboutir a l’Océan de u suit
- s r Se, h le * lur