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Expérience . j> A j vu la même chofe fe faire 8 dans la belle & falutaire eau du
f t æ K pleuve U n a , les troncs d’arbres & les racines feches, qu’on y trempe,
fleuveun^u fc couvratlE dans l’inftant d’une croûte de tartre, qui s’augmente dans
la fuite du tems d’une maniéré monftrueufe. Le fol de fon baffin,
dans lequel il a fait plufieurs cataractes, s’élève par confequent
tous les jours.
Desordre qui s 1 ja N ature avoir, à un pareil degré, rempli les Eaux de la Mer
danskbÆm j cctte fubftance de tartre, il y a apparence que fon baffin, expofé
ËMaEpft à d’étranges changemens pendant le cours de tant de iiecles, auroit
rcufc’ caufé de furieufes inondations ; ce que l’on croira d’autant plus ai-
fément, fi l’on confidere cette maffe de corps folides heterogenes,
que j ’ai fpécifiez, en parlant de la ftruéture du Baffin de la Mer,
qui certainement contribueroit auffi a ce defordre.
Du degré d« L es tartres que j ’ai trouvez dans la M e r , fur divers corps,
des tartres n’ont jamais eu plus de fix pouces d’epaiffeur. Il y a parmi
produits par J *■ ■. r
rem de la eux quantité de morceaux terreftres, & , leur mer fur div 1 manquan..t ce, lecoui s
tck corps. fubftance differente de celle, qui leur eft propre, ils n ont pas
plus de deux lignes.
Examen du A u t o u r des Lithophytons fecs ,qui alors fe déchargent de leurs
lourdes Li- écorces la Mer forme affez_ volontiers ce tartre, dont nous parthophytons.
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Ions ; ce qui les a fait apeller par les Anciens des plantes a ecorce
pierreufe, ou du corail qui n’eft pas mûr, n’ayant pas connu que
ces écorces de tartre, qui couvroient en partie ou entièrement ces
plantes n’étoient pas les leurs naturelles.
O n peut conduite de cette démonftration, que dans l’eau de la
Mer, quoi que fi riche de fe l, & fi pefante de bitume, & nourrif-
fant un fi grand nombre de plantes pierreufes,- il y a pourtant beaucoup
moins, à proportion, de particules de tartre, que nous n’en
voyons dans les eaux infipides de la terre.
Proportion I I eft probable auffi que cette partie de tartre provient du fel qui
mmcftvK eft en elle, à un certain degré ; car dans les lieux, où l’eau, par le
defaiure de mélange des Rivières, le trouve moins lalee, on ne voit point ces
fortes d’appofitions. C ’eft ce qui paroît fort fenfiblement à l’embouchure
du Port Miou, où commence à manquer cette belle ligne de
tartre confiderable par fa groffeur, fa ftruéture, & la variété de la
couleur, qui fuit toute la Côte de Provence, à niveau de l’eau de la Mer,
lors que le vent n’eft pas orageux. Si-tôt qu’elle entre dans ce Port
& qu’elle s’eft aprochée du Fleuve foûterrain, qui s’y dégorgeant a
diminué la faiure de l’eau, elle paroît entièrement éteinte, dans tout
cet efpace, où la mer fe trouve deffalée. I |
I l fëroit à propos de finir cet examen de l’Eau de la M er,
par quelque expérience , qui regardât l’ufage de la vie & de la
Médecine.
C e t t e derniere n’eft pas compatible avec mon état préfènt & Examen da
mon Génie naturel ; c’eft pourquoi je n’en produirai aucune expe- ^ ru d'j.ala
rience, étant bien fûr que n’ayant pas le charme de la nouveauté cet- ™ humJlnei
te production ne fèrviroit qu’à ennuyer le Lecteur.
| P our l’autre, fèrvant tous les jours à la nourriture des hommes
elle a exigé plufieurs expériences Phyfiques, pour corriger, ou ôter
à cette eau les qualitez mauvaifes & contraires au foûtien des animaux
terreftres. L a caufe de cette impoffibilité de s’en fervir, provient des
deux aoûts, falé & amer ; l’un defquels eft caufe par le fèl, comme
nous l’avons fait voir, & l’autre par le Bitume.
L a fubftance falée, qui eft en elle , & qui a été fixée par les uÆtf deu
rayons du Soleil, ou par le feu, fert, comme chacun fait, à donner
la Saveur aux alimens infipides, & à conferver les viandes ; leur étant
comme un baume incorruptible.
L a partie amere eft la plus ingrate, n’étant d’aucun ufage, ou, pour Difficulté
mieux dire, étant contraire à la vie humaine, & de plus fi opiniâtrement ï amcrSc!
attachée à l’Eau de la Mer, qu’il n’a pas été poffible jufqu’à aujourd’hui
à l’art de l’en féparer. Il eft vrai que j ’ai lû plufieurs relations
qui affinent qu’en Angleterre on a trouvé le fecret de remedier à cette
incommodité. Une invention d’un fi grand ufage feroit mériter
fans doute à fon Auteur la reconnoiffance de tout le Public; puis
qu’elle aporteroit un foulagement infiniment confiderable à tous ceux
qui vont fur la Mer ; lefquels font très-fouvent obligez de rompre
leurs plus belles Navigations, par le défaut de l ’Eau de la Mer, qui
ne peut pas leur fervir pour la boiffon, • & pour la cuiffon des viandes
• mais comme depuis le tems que l’on parle de cette découverte,
on ne s’aperçoit pas même que les Anglois en ayent aucunement
profité , il eft croyable que l’imperfeétion de cette découverte
eft la feule caufe qu’ils ne l’ont pas communiquée aux autres
Nations, comme tant d’autres curieufes, dont ils leur ont fait
part.
J’a 1 reconnu dans les operations que j ’ai faites, par le feu, pour L'Eradei»
chercher la quantité de fel qui eft dans l’Eau de la Mer, que bien ™p°ffib,c*
■ qu’elle foit entièrement dépouillée du fe l, l’amertume qui lui refte
la rend fi dégoûtante, qu’il n’eft pas poffible de la boire. J’ai effayé
de corriger ce mauvais g o û t , par l’infufion de la graine de fe-
L ■ nouil,