T R A I T É DES ARJÎRES FRUITIEKS.
pas iialuiel à la France, ni même à l'Em-ope, et que nous le devons
à Luculliis, qui l'apporia de ITiellcspout en Italie, l'an de Rome 680.
11 osi certain, eu effet, que Lucullus a introduit un cerisier eu Italie
après la défaite de Mitliridatc; mais on ne sait si ce fut un cerisier à
fruit doux ou à fruit aigre, et on ne sait pas mieux si c'est à ce cerisier,
quel qu'il fût, que nous devons les nôtres.
On remarque que les cerisiers ont une double écorce, ot que l'extérieure
a les fibres extraordinairement fbries et dirigées circulairement :
ils ont tous un suc goumicux, qui s'extravase assez sou\ent et les fait
quelquefois périr.
Les bonnes espèces se grefFont en fonte ou en écusson sur des merisiers
à fruit rouge, lorsqu'on veut en faire des arbres élevés; mais quand
on veut que ces espèces restent le plus bas possible, on les greffe sur
des sujets de cerisiers à fruit rond, ou même sur Je Saiute-Lucie. On
plante quelques esj)èces hâtives en espalier ou en contr'espalicr pour
avoir des fruits en mai; mais, en général, tous les cerisiers aiment le
plein vent et craignent beaucoup la serpette, c'est-à-dire qu'il faut les
lailler avec précaulioii. Ils ne soin pas très-difficiles sur le terrain; cependant
ils viennent mieux et leur fruit est inliniment meilleur dans les terres
douces, légères et à l'exposition du midi.
Les cerises, dit Labretonnière, sont fort saines étant mangées crues
le matin il j e u n ; elles sont rafraicliissanles et capables de calmer le Hop
grand mouvement du sang; mais elles se corrompent aisénieiit dans
l'estomac; et lorsqu'elles se trouvent eu très-gi'andc quantité, elles y
causent des vents et des coliques.
Les eeri,scs se mangent Iraiclies ou sécliées, comme les pruneaiix ; elles
s'accommodent au,ssi en compotes, en confitures ou à l'cau-de-vie ; on
en fait une eau trcs-rafraJeliissante, des glaces et dn ratafia. En Hspagiic
et en Pro\ence on en liiit même un viii fort agréable.
Le bois du ceri,sicr, et surtout celui du merisier, .sert à (iiirc do
jolis meubles qui imitent l'acajou. Celui du Sainte-Lucie est odorant,
léger et sonore ; les lutliiers en font des clavecins et d'autres instruinens
de musique.