T R A I T E DES A R B R E S F R U I T I E R S.
Ce gcnro comprend, avec l'olivier cultivé en Eui-ope, olea eui-opoea,
plusieurs aulres esj)èces exotiques. Nous iic traiterons ici que de la
première gcncralcmciil coiuuie par l'usage qu'on fait de son f r u i t , et
sur-lout <le son huile qu'aucune axitre ne peut remplacer dans l'écononiie
dome&ti(|ue (i).
Le port de roli\ier d'Europe n'a rien de distingué. Lorsqu'il est
livrd à Ini-nkéme , dans un terroir et ù une cxposilion qui lui conviennent,
il •atieint tout au pUus 6 ou lo mètres (20 ou 3o pi.) de
Laulem', et produit souvent deux ou trois liges médiocres qui s'élèvent
de la mémo racine. Au bas de la tige, ou plutôt aux côtés de la
racine, il se forme une protubérance q u i a souvent i mètre ( 3 p i .)
<le diamètre, sui- 4 ou 7 décimètres ( i ou 2 pi. ) d'élévation. Ses feuilles,
d'un vert terne en dessus et blanches en dessous, sont opposées, simples,
très-entières , persistantes , plus ou moins lancéolées selon ses nombreuses
variétés. Cet arbre commence ordinairement à se charger d'une
grande -ciuantité de fleurs dans le mois d'avril. Ces fleurs, d'un blanc
jaunâtre, et que l'énergie du climat ne favorise pas assez sans doute,
ne sont compleLtemenL éj)anoiiies qu'au mois de juin. Ses fruits, assez
connus sous le nom d'oli\cs, prennent, en mûrissant, une couleur noinître,
\ iolcite ou rougeàtre, à l'exception d'une variété qui a les siens
d'un blanc mat, et que cette particularité rend très-remarquable. Les
olives n'acquièrent leiu- parfaite maturité que depuis la mi-octobre
jusqu'en décembre, et peuvent rester siu- l'arbre jusqu'au mois d'avril.
Scion Duhamel, l'olivier produit une immense quantité de racines
qui se conservent en terre pendant des siècles entiers. Le funeste hiver
de 1709 doinia l'occasion de remarquer cette particularité. Plusieurs jiropriétaires
venrlirent alors de ces racines pour plus qioe ne valait leur
fonds.
Une partie des territoires de la Provence et du lianguedoc ,
(1) Celle de "iarachis hrpogea mcirilera peui-ètrc d'être exccplée quand eUs sei'.i inicut cor
Vous allous, au reste, Otrc Jjientik lixûs à cet ('gard. Dei essais en grand sur la cultur
:etlc plante ont clé faits l'été dernier ( i b o S ) dans notre voisinage avec un plciii succès.
T R A I T É D E S A R B R E S F R U I T I E R S,
le département des Pyrénées orientales et celui des Alpes maritimes,
sont les seules contrées de la France où Ton cultive l'olivier: par-tout
ailleurs, on ne le trouve qu'isolé dans les jardins des curieux. 11 passe
quelquefois les hivers doux en espalier sous le climat de Paris où il
fructifie même s'il est secouru par des circonstances très - favorables.
Selon Miller, en 1719, des oliviers bien abrités à Kinsington, près de
Londres, produisirent une grande quantité de fruits qui devinrent
assez gros pom^ être marinés^ mais ce fut un phénomène. On dit que
la culture de l'olivier s'est établie et prospère dans la Caroline du
sud.
L'olivier, le palmier, l'oranger, le iîguier, le mûrier et la vigne se
sont acclimatés dans la partie la plus méridionale de l'Europe à laquelle
ils étoient étrangers. Le palmier, plus délicat, est resté dans la Sicile,
dans le Sud de l'Italie, de l'Espagne et sur la côte de Gènes où il
existe à la faveur de quelques abris naturels. L'oranger a fait un pas de
plus-, il s'est avancé jusqu'à ÏNice et Hières, près de Toulon. L'olivier
non-seulement croît avec le palmier et l'oranger, dans les pays qui leur
sont exclusivement appropriés, mais il s'est établi sm- toutes les côtes
de la méditerranée, et pénètre dans la Provence et le Languedoc, d'un
côté jusqu'à Montéliniart, et de l'autre jusqu'à Carcassoime. Le
figuier s'est étendu deux ou trois degrés de plus vers le nord de la
France. La vigne est plantée à une latitude encore plus boréale et le
mûrier qui prospère dès longtems dans les campagnes du Brandebourg
, atteindra peut-être un jour celles de la Sibérie. L'olivier, sous
le rapport de la résistance à l'action du climat, tient donc le troisième
rang parmi les arbi^es exotiques^ il doit être délicat par sa nature,
et réclamer des soins particuliers dans les parties mêmes de la France
où sa culture est établie. On ne peut douter que ce ne soit à sa culture
très-ancienne, puisqu'on la rapporte à l'arrivée des Phocéens à Marseille,
que sont dues les nombreuses variétés de cet arbre précieux. Toutes ces
variétés qui dérivent, pour la plupart, de circonstances locales, et <jui
souvent se confondent par des nuances aussi minutieuses que fugitives,
ne peuvent ici nous occuper. En attendant qu'elles aient été l'objet d'un
travail long, fastidieux, difficile sans doute , mais bien nécessaire, et à
l'aide duquel ou puisse se diriger dans leur obscure synouimie, nous
nous bornerons à désigner les plus remarquables de ces variétés , les
y