Presque tous les pruniers drageonuent plus ou moins, et Ton se -sèrl
i|uelqucfois de ces drageons comme de sujets sur lesquels on greffe les
bonnes espèces; mais il vaut mieux se servir de sujels venus de noyaux,
parce qu'ils drageonuent moins que ceux provenus de drageons mêmes.
Les sujets de Ceriselte et de Saint-Julien sont préférés pour recevoir
toutes les espèces de prunes, parce qu'étant d'une moyenne vigueur
et avant la séve douce, ils forment des arbres plus fertiles. Le petit
damas noir est aussi un fort bon sujet, niais il est trop foible pour
recevoir la grefîe des espèces vigoureuses. L'abricotier et le pécher
reçoivent aussi fort bien la gi^efTe des diverses sortes de prunes.
On ne cultive guère le prunier (ju'en plein vent. Quelques espèces
délicates se mettent fort bien en espalier au midi, où leur fruit ac(juiert
des qualités supérieures. Toutes viemient dans toutes sortes de terrains j
mais les prunes ne sont bonnes que dans les terres sablonneuses, légères,
chaudes, e.x.pûsées au soleil : à l'ombre et dans les terres fortes et Iroides
elles sont insipides.
Les diverses espèces de prunes se succèdent depuis la fin de juin
jusqu'en octobre. La plupart se mangent crues; quelques-unes ne sont
bonnes que cuites ou en pruneaux, ce (jui n'euq^éche pas tfucles meilleures
à manger crues ne soient aussi les meilleures cuites ou préparées de dilférenles
manières dans les offices. En général, les prunes crues sont appétissantes,
émollientes, ra frai ci lissantes pour les estomacs bien constitués,
tandis qu'elles sont indigestes et fiévreuses pour les estomacs foibles et
pituiieux.
Le bois du prunier est dur, veineux, ordinairement rouge; en le
faisant bouillir dans de la lessive ou de l'eau de chaux, il devient encore
plus rouge, et comme il est toujours plus veiné que le merisier, il devient
souvent plus beau. Sa gonune a la couleur et à peu jirès les propriétés de
la gomiuc arabique. Aussi assure-t-on que les marchands les mêlent
ensemble dans le commerce.