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T R A I T É D E S A R B R E S F R U I T ! lOES.
•ces envois se sont trouvés des noyaux de prunier, qu'on a semés au
Jardin du R o i , à Paris, dans l'endos où l'on faisoit les couches alors, et
qui est aujourd'hui converti en pépinière.
Les arbres qui en provinrent, fleurirent et fructificrcni huii à dix
ans après, et l'on connut qu'ils consliluoient une nouvelle espèce. On
la multiplia de greffes et de graines, ou la repandit dans les jardins,
et plusieurs pépiniéristes la vendirent et la vendent encore aujourd'hui
sous les noms de prunier d'Amérique, du Canada, et à feuilles de
pécher. Cependant elle est restée ignorée ou négligée des botanistes plus
de quarante ans, jusqu'à ce qu'enfin le laborieux voyageur et naturaliste
Michaux, l'ayant retrouvée dans les provinces de la Virginie, de la
Caroline et au Canada, l'eût insérée dans sa J-lom hoi-eali-amcricana,
publiée à Paris en i8o5.
Nous avons comparé les échantillons de l'herbier de cet auteur avec
des rameaux pris sur des individus vivans au Muséum d'histoire
naturelle, et nous nous sommes assurés que les uns et les autres
appartenoient à la même espèce.
Le plus fort pied de ce prunier, que nous conuoissions, exisle dans
l'un des carrés du Muséum d'histoire nalinelle. Il a environ vingtcinq
ans, et paroît être sur le retour, quoiqu'il n'ait encore atteint
que la taille de nos plus petits pruniers cultivés. Son tronc, haut de
20 décimètres ( 6 pi.) sans branches, est terminé par une tête arrondie,
composée de rameaux dont les extrémités sont menues , et très-divisées.
Nouvellement greffé, cet arbre pousse des bourgeons effilés, longs de
i 4 à 20 décimètres ( 4 à 6 pi. ) , glabres, rougeâtres, marqués de points
gris, garnis d'yeux aigus et de feuilles longues de 17 centimètres (6 po.),
et larges de 6 centimètres ( n p o . ) , assez semblables à celles du pêcher:
c'est pourtjuoi les pépiniéristes le nomment/jri^uVr « feuilles de pécher,
mais ce caractère disparoit bientôt, et les feuilles prennent peu-à-peu
une forme ovale conmie celle des autres ja'unicrs.
Un jeune arbre greffé a presque toujours des épines fortes et dures fjiu,
la plupart, sont courbées vers la terre; il les perd, ainsi <jue la forme;
alongcc de ses feuilles, en vieillissant. Alors ses bourgeons sont d'un brun
T R A I T É D E S A R B R E S F R U I T I E R S,
luisant et tiquetés de points cendrés. Les boutons, très-gros, relativement
à la force des bourgeons, sont coniques, droits et ordinairement
géminés.
I^s feuilles sont ovales, longues d'environ 9 centimètres (3po. ) , terminées
en pointe alongée, d'un vert sombre en dessus, pâles et velues dans
les angles des nervures en dessous, bordées de dents inégales et
profondes. Le pétiole, long de i à 3 centimètres ( 6 à 12 Jig. ) , est violet
en dessus, légèrement canaliculé, cilié au milieu du canal, et ordinairement
muni d'une ou de deux petites glandes cupulées, brunes. Dans
l'involution, une feuille a deux stipules sétacées, et les deux demidiamètres
de sa lame sont appliqués fuii contre l'autre.
U n bouton d o n n e n a i s s a n c e à 3 où 4 f l e u r s b l a n c h e s ou l é g è r e m e nt
l a v é e s de r o s e , larges de 2 7 m i l l i m è t r e s ( i po. ) , p o r t é e s s u r des pédonc
u l e s f i l i f o r m e s , g l a b r e s , l o n g s de 2 5 m i l l i m è t r e s ( 1 0 l i g . ) : l e c a l i c e est
d ' u n r o s e - v i o l e t à son o r i f i c e , et ses d i v i s i o n s , l i n é a i r e s , r é f l é c h i e s , un
p e u soyeuses , sont t e r m i n é e s par <]uelques petites dents aiguës : les
p é t a l e s , e n f o r m e d e l a n g u e , sont u n p e u c o n c a v e s , d e n t i c u l é s ou f r a n g és
a u s o m m e t et r é t r é c i s e n onglet à la b a s e ; e n f i n les é t a m i n e s , diposées
s u r d e u x c e r c l e s , ont les lilets s é t a c é s , violets à la base et t e r m i n és
p a r des a n t h è r e s j a u n e s à d». j x lobes très-distincts.
Le f r u i t , pendu à une queue longue et menue, a toujours été
jusqu'ici peu nombreux sur les arbres que nous connoissons, quoique
constamment précédé d'une très-grande quantité de fleurs. 11 est ovale,
long de 27 millimètres ( i po. ) au plus, marqué d'un sillon longitudinal
peu profond et qui se distingue par des stries transversales.
S a p e a u d e v i e n t d ' u n r o u g e de f e u vif ( i ) , et n a pas la f l e u r q u e l ' on
t r o u v e sur la p l u p a r t des p r u n e s 5 e l l e a d h è r e à la c h a i r q u i est j a u n e,
g r o s s i è r e et acerbe.
(i) Michaux, dans une noie, dit que le fruit est noir, acerbe, et qu'on le mange l'hiver. U faut que
;e botaniste ait eu eu vue uiie autre espùcc de prune en faisant cotte note, cai- les échantillons de
:on herbier, qui ont servi à faire la description du prunus hjemnlit, apparùeimcnt évideuiraent à
lotre prunier (loin les fruits soui rouges et mûrs des le mois d'août,