T U A I T É D E S A R B R E S F R U I T I E R S.
• ïi n'est point d'arbre en Europe qui se mulliplie plus facilement que
l'olivier. On le propaf^e par la voie des rejetons, par celle des boutures,
par les racines et par la suppression de la tige. On peut aussi l'élever
<le semences ^ mais ce moyen qui produiroil des individus plus forts, et
nous onricliiroit do varlétcs nouvelles, seroit trop long peut-êire : nous
n'avons pas conuoissance qu'il ail été jamais essayé.
On élève les oliviers de rejetons ou dratçeons enracinés. Celte méthode,
sans contredit la plus sûre, ne peut malheureusement foui"nir une grande
([uantité de sujets. Ceux des rejetons qui naissent éloignés de la tige
sont les i)lus précieux 5 mais on ne doit en consei'ver <ju'im ou deux,
et trois tout au ["lus, à ciiaijue arbre, encore faut-il qu'il soit vigoureux
ou pas assez productif pour craindre de l'affoiblir. Ceux qui sorient
du collet, réduits aussi en petit nombre, peuvent élre d'une égale
milité. Lorsque les premiers ont acquis G à 9 ceniimètres ( a à 5 po. )
de diamètre, on les enlève en coupant au-dessus et au-dçssous de leur
insertion la racine dont ils émanent. On sépare les seconds de la protubérance
qui se forme sur Je collet avec un ciseau bien iranehant et
à coups de muillet, ou bien avec une forte hache on emporte le rejeton,
en coupant Ja partie de la protubérance à laquelle il est adhérent.
Ix)rsqu'on se sert de la hache, hi portion détachée est toujours fort
considérable; souvent même elle pèse de 98 à kilogrammes ( 2 à5
(piinianx). On observe en Provence, où cette méthode est praticpiée,
que plus la partie emportée est volumineuse, plus le rejeton est fori,
plus la reprise est assurée, et plus rapides sont les progrès de l'arbre
planté (i). INous ne pouvons cependant nous empêcher de remarquer
que celte opération meiu^trière doit endommager pour longtems l'arbre
qui a fourni les rejetons. Ne vaudroii-il pas mieux sévrer ces rejelons
avant qu'ils eussent acquis des dimensions aussi fortes, et les élever en
pépinières ?
Par boutures : c'est la voie la plus commode. Elle réussit en général
d'autant mieux (]ue la bouture a été ramenée à une mointlre liauteur
au-dessus du sol. On a proposé de pratiquer des ligatures sur 1 s branches
( i ) Ces rejetons se veudcnt 3 à 4 francs pièce.
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•pour y former des bourrelets favorables à I émission des raeines ; mais
il paroil, d'après les expériences faites par Rozier à ce sujet, que cette
précaution est absolument superflue. Le meilleur moyen de multiplier
l'olivier par boutures, est de laisser à la branche qu'on emploie une
portionj en forme de cro.ssette, du rameau sur lequel elle étoit insérée.
Par les racines : Rozier recommande cette manière de multiplier les
oliviers, comme celle qui lui a le mieux réussi. Selon cet auteur,
lorsqu'on arrache un de ces arbres, les morceaux de racines , qu'on néglige
ordinairement, doivent être conservés avec soin pour en former
des pépinières. Dans ce cas, on divise les fragmens de racines sur une
longueur de 27 à 36 centimètres ( g à t a p o . ) , et on les enterre à
la profondeur de 12 à i5 centimètres ( 4 à 5 p o . ). Nulle sorte de
bouture, dit-il, n'a en chez lui de succès plus complet. 11 se peut
néanmoins que cette méthode exige des soins au-dessus du commun des
agricnlteurs, et que, pratiquée très-heureu,sement par Rozier, elle ne
réussisse pas aussi bien en des mains moins exercées.
Par la suppression de la lige ; lors<pie l'olivier est sur le retour, que
son intérieur se décompose, ou qu'il périt victime d'un hiver rigoureux,
on le coupe, on couvre sa sonche de quelques pouces de terre ameublie.
Il s'élève bientôt, du bourrelet qni se forme autour de l'amputation,
quantité de rameaux, parmi lesquels on choisit ceux qui doivent être
conservés. En supprimant le pins grand nombre de ces rameaux, il
convient do ne point les éclater dans la partie de la souche qui les
supporte; elle pourroit souffrir longtems des plaie.s qui résulteroient de
ces blessures. Pour tirer le meilleur p.irti des rejetons , on les réduit successivement
à une demi-douzaine tout au plus. A la troisième année, ils
ont acquis assez de racines pour être transplantés. C'est ainsi, dit-on,
qu'après les fortes gelées de 1709, si célèbres dans les fastes de l'agriculture
, on p.irvint à repeupler tl'oliviers les provinces maritimes "de
la Fr.ince méridionale.
Il est bon de remarquer qu'à cette époque, on laissa plusieurs tiges
s'élever sur une même souche pom- remplacer l'olivier qni avoit péri.
I.'c.xpérience a fait sentir depuis les désavantages d'un semblable procédé,
li est certain que ces arbres jumeaux se nuisent entre eux, et finissent