T R A I T É D E S A R B R E S F R U I T I E R S,
par se détruire mutuellement. Toutes circonstances égales, une seule
tige sera plus producuve, plus durable, et n'olTrira pas les nombreux
incoiivéniens de la méthode contraire. On peut voir cet objet très-bien
discute dans les et 5o du Journal du Var, des 10 et 20 septembre
dernier (1806).
De quelque manière qu'on multiplie lolivier, il n'est pas douteux
qu'il ne soit avantageux de 1 elever en pépinière. Les ciats de Provence
avoient voulu, dans les dernières années qui ont précédé la révolution,
former des éiabUssemens de ce genre. Des primes, des encouraf^cmens
avoient été promis, quelques essais même avoient déjà réussi; mais
cette entreprise utile fut bientôt abandonnée.
Les oliviers, du moins en Europe, veulent, en général, être tailles
et fumes pour produire une plus gi-ande quantité de fruits. Ils doivent
être taillés : cette règle cependant n'est pas sans quelques exceptions.
En Italie, aux environs de JNioe et en Corse, on les taille très-peu ou
même point du tout: celle taille au reste, telle qu'on la pratique ordinairement
dans nos départemens maritimes méridionaux, n'est ui savante
ni difficile. Elle consiste uniquement à supprimer les rameaux inférieurs
qui, penchés vers la terre, empccheroient ou gèneroient les travaux que
l'arbre réclame, à retrancher les branches languissantes ou gourmandes,
le bois mort ou les brindilles superflues, ou qui s'cntre-croisant, font un
efiet désagi'éable. Bien entendue et faite avec discernement, celle opération
est très-délicate. Pour l'elfectuer métliodiquement, il est indispensable
d'avoir égard au climat, au sol, à l'espèce et à plusieurs autres
circonstances que rintelligence de l'ouvrier doit lui faire prendre eu
considération. Il paroît en général <pie la laille hi'enne, la plus usitée,
est la meilleure. Cependant les oliviers sont taillés chaque année en
quelques endroits, et doiment de belles récoltes; aillem-s ils ne le sont
que tous les trois ou quatre ans, et leur fécondité n'en est pas moindre.
Il n'y a donc nulle part, à ce sujet, de règle fixe 5 on suit par-iout la coutume,
c'est-à-dire une vieille habitude dégénérée en préjugé, et Ion néglige
ou l'on méprise les principes. Si Ton veut prendre k cet égard des notions
plus étendues, il faut consulter le Cours d'agricultm-e de liozier,
où ce chapitre important, traité à fond , ne lais.se rien à dosirer. (]et
auteur mérite d'autant plus de crédit sur tout ce qui tient à la cuUiu-c
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de l'olivier , qu'il a suivi particulièrement cette culture dans un voyage
entrepris à cet effet de JNarbonne à Gènes, et jusque dans l'île de Corse.
Il conclut que toute espèce de taille, soit annuelle, bienne, trienne, etc.
est bonne en elle-même, pourvu qu'elle soit raisonnée et qu'elle soit
adaptée aux circonstances qui doivent la déterminer.
Les oliviers veulent être fumés 5 c'est encore une condition essentielle
de leur culture, sans laquelle on ne peut espérer une grande quantité
de fruits. Toutes sortes de fumiers ou d'engrais, lorsqu'ils sont
bien élaborés, conviennent à ces arbres. Cependant, comme la surabondance
des fumiers ou leur trop d'activité pourroient altérer la
qualité des olives, rendre l'huile louche ou sujette à se gâter, on doit
préférer le terreau, les bonnes terres transportées, bien ameublies et les
plairas qui donnent de la vigueur aux arbres sans nuire à la bonté de
leurs fruits. Le mois d'octobre est le plus favorable pour fumer les
oliviers: il n'est ni assez chaud pour précipiter l'évaporation, ni assez
froid pour provoquer le funeste effet des gelées blanches.
On a prétendu qu'un supplément de labours pouvoit tenir lieu des
engrais exigés par les oliviers. La division des molécules terreuses facilite
sans doute l'introduction des principes nutritifs fournis par l'air
et par l'eau; mais cela n'est vrai que jusqu'à un certain point, et
l'amendement qui en résulte reconnoît des bornes : il est même des
circonstances où les labours trop répétés, au lieu d'être avantageux,
seroient extrêmement nuisibles.
L'olivier reçoit facilement diverses sortes de greffes. Celle a écusson
est la plus usitée sur les jeunes sauvageons, et celle en couronne se
pratique sur les vieux arbres dont l'écorce dui^e et desséchée ne peut
j)lus être écussonnée.
Les oliviers ne produi.sent guère deux grandes récoltes consécutives.
La cause en a été aiu-ibuée, sans preuves directes, mais avec beaucoup
de vraisemblance, à la taille bietmc presque généralement pratiquée.
En effet, on a renianjué <|ne les olives naissent en gi-ande partie sur
le jeune bois. Si la laille de l'année précédente a provoqué la vigueur
de l'arbre et fcmission de nouvelles branches, coimne il n'est pas permis