T R A I T É D E S A R B R E S F R U I T I E R S,
d'en clouier, la récolte qui suit l'année de la taille doit être toujours
plus abondante. Cependant on peut objecter (jue plusieurs autres arbres
à fruit sont dans le même cas sans qn'on puisse le rapporter a la
même cause. H y a plus: on connoît des arbres, tels que le géroflier
et le muscadier, f(ui sont triennaux, par leur nature.
D'après tout ce qu'on a dit sur la saison la plus favorable pour
planter les oliviers, et d'après l'analogie, il paroîtroit avantageux de
retarder celte opération jusqu'après l'hiver. On suivroit en cela la
méthode usitée assez constamment poiu' les arbres à feuilles persistantes,
et qui craignent les fortes gelées (i). Rozier, après avoir longuement
discuté la question, se décide cependant pour la plantation automnale.
Au surplus, on peut dire de l'époque de la plantation de l'olivier ce
que l'on a dit de la taiile de cet arbre : elle doit être réglée sur le
climat, l'abri, le sol, l'dge de l'individu et son espèce. En employant
les sohis nécessaires, on peut transplanter l'olivier avec succès, même
au coeur de l'été. Les anciens avoient parlé de cette transplantation
insolite: Rozier qui en a fait l'expérience, en a prouve la possibilité.
On dispose ordinairement les oliviers en quinconce dans les champs
où l'on récolte des grains. On les plante au^si en bordure, et même
dans les vignes. Par-tout, les travaux donnés aux végétaux parmi lesquels
ils se trouvent placés, ne leur suffisent pas : ils en réclament de particuliers
et d'indispensables.
Les olives se confisent poior la table, ou servent à faire de l'huile.
Dans le premier objet, on les cueille avant leur maturité; et pour leui'
ôter une partie de leiu- amertume, on les soumet à une préparation
dont le sel marin est la base. Quand elles sont parfaiiement mûres, et
qu'elles ont changé de couleui-, on les mange avec du sel, du poi\Te
et de l'huile.
Le revenu le plus sûr que l'on puisse se promettre de l'olivier, est,
sans contredit, celui de l'huile qii'on retire de ses fruits, soit pour la
(i) Olivier de Serres est de t
quand il s'agit d'un arbre qu'il a
Cb n'cbt pas une petite autorité qtic la s
s los yeux et qu'il cullivoit lui-nicme.
T R A I T E D E S A R B R E S F R U I T I E R S.
préparation des comestibles ou des médicamer.s, soit pour brûler, ou
pour la composilion du savon, ou enfin pom- servir dans quelques arts
utiles. Celle qu'on desline pour la table ou pour les nu-<licameiis, est au
rang des huiles fines. Tous les lerreins, toutes les espèces d'oliviers ne
peuvent la produire. Sa fabrication exige la parfaite maturité des olives,
la plus grande célérité dans Tcxtraotion, dos soins parliculiers pour la bien
dépurer, et une grande attention poiu'qu'elle ne gèle point avant <jue
sa dépuration soit totalement effectuée. L'iiuile de pi'emière (}ualité, dite
/iiii/c vierge, est exprimée sans i'intoi'mède do l'eau ])0uillaiUc. Celle
qu'on retire par ce moyen, est d'une moindre valeur, et «.l'aulant plus
inférieure à la première, que le dchiîiis des olives a été plus arrosé
d'eau bouillante, et qu'il a subi plus souvent l'action du pressoii'. Ces huiles
servent à brûler, ou p o w le tirage <lcs laines, ou vont alimenter les nianufacttures
de savon.
L'huile d'olive entre dans la composition d'une quantité de baumes,
d'onguents et (l'(împl;Ures ([u'il seroit très-inutile d'énumérer i<ri. Elle
passe aussi pour calmante et vermiltige. Connue elle ne sèche presque
jiunais parfaitement, elle n'est point employée pour la peintin-e. "
La récolte des olives doit se faire avec précaution. T^ meilleure
n\anière est de les cueillir à la main; on les abat le plus souvent avec
des perches, et on les reçoit sm' des toiles tendues à cet effet sous
les arbres. Cette méthode, plus expéditive, ne doit s'employer que
]>om' les olives dont on veut faire de l'huile, encore ne faut-il pas tarder
à les porter au pressoir, parce qu'étant potu'la plu[)art meurtries, la
qualité de l'huile s'en ressentiroit infailliblement.
L'olivier et ses fruits sont attaqués par beaucoup d'insectes. La larve
du hanneton commim nuit à ses racines. Une espèce de scarabée se
nourrit de son aid)ier, se fixe sur ses branches et les fait quelquefois
périr. Une sorte de kermès qui se muliiplie prodigieusement, s'attache
aux feuilles, aux tendres rameaux de cet arbre qu'il amaigrit et qu'il
épuise. Une espèce de psylle suce les nouvelles productions des branches,
et enduit les pédoncules des fleurs d'une matière visqueuse qui s'oppose
à la végétation. Une chenille mineuse détruit le centre des bourgeons,
et donne lieu à des excroissances funestes à la végétation. L'intériem'