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Europe par les Romains lorsqu'ils firent la conquOlc de la Grcce. Il
n'étoit connu ni en Italie ni en Espagne ni même en Afrique sous Je
règne de Tarquin.
Lolivier, iious l'avons déjà dit, est un arbre délicat qui rcclame des
soins parliculiers et une attention presque continuelle de la part des cultivateurs.
Rozier s'est beaucoup étendu sur la culture de folivier. On
trouve d'excellentes choses dans le chapitre de son ouvrage qu'il a consacré
à cet objet; mais il y a niis, à son ordinaire, tant de divagations
et de répétitions inutiles, qu'il seroit encore trop long de chereber à
l'abréger. Il nous suffira d'extraire dans son travail et dans celui des
meilleurs agronomes qui ont traité de l'olivier, les résultats les plus généraux
et les plus utiles sur la manière de le cultiver. M. Reguis,
directeur des droits réunis dans le département de Lot-et-Garonne, et
qui joint à de grandes connoissances en agi-iculture, une rare obligeance,
nous a aussi fourni des rcnsoignemens précieux sur le même
sujet. Nous ne saurions assez lui témoigner à cet égard toute notre recounoissance.
Si l'existence de l'olivier en Eiu-ope est impérieusement subordonnée
à la liaïue température des localités; si Ion ne doit l'abondance de
ses produits qu'à l'abri des hautes montagnes, dans les contrées de hi
France même où sa culture est établie, il est loin d'être aussi délicat
sur la nature des terres où livré à lui seid , il pcui croître et fructifier.
Tous les sols en général, excepté les marécageux conviennent à l'olivier;
il végète seulement avec plus de vigueur , et atteint dans moins de
tems une plus grande élévation dans les fonds substantieux ; mais ses
fruits plus succulcns ont moins de saveur et de finesse. Dans les tcrreins
maigres, caillouteux ou mariieux, ses développeniens sont moindres,
ses fruits plus rares et plus petits, mais ils sont plus délicats; l'huile
f|u'ils produisent est aussi plus douce et d'uiie conservation j)lns assurée.
Si l'on veut avoir de grands oliviers et beaucoup de fruits, il faut donc
cultiver cet arbre dans les vallons et dans les plaines, l'aider par des
engrais, lui procurer le bénéfice des irrigations bien entendues, et lui
j)rodigucr5 eu un mot, un travail analogue à celui des vergers et des
jardins. Si l'on a pour but, au contraire, de recueillir des fruits savoureux,
jiroduits d'une sève moins abondante, mais plus atténuée, on
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plantera l'olivier sur le revers des collines exposées au midi, on n'amendera
que très-peu le sol desséché de ces collines, et on se contentera de
lui donner les façons que reçoit la vigne dans les mêmes terreins. IJÎS
oliviers seront plus petits mais plus robustes, les olives moins succulentes,
mais plus fines , ce qui rentre dans l'ordre de tous les effets de ce
genre dont on est chaque jour témoin dans la pratique de l'agriculture.
Quoicjue l'expression dont nous nous sommes servis en parlant d'irrigation
ait dû faire sentir qu'elle devoit être employée avec ménagement,
nous croyons devoir revenir sur cet objet k raison de son importance,
et prouver que si l'irrigation a beaucoup d'influence sur le produit de
l'olivier, elle peut aussi lui devenir très-funesle.
Point de doute qu'elle ne rende cet arbre plus sensible aux effets
des gelées par le surcroît d'humidité ([u'elle lui procure.
Il y a trente ans que les plus riches plantations d'oliviers existoient
dans cette partie de la Provence que traverse la roule d'Arles à Aix.
Un grand canal d'irrigation, connu sous le nom de canal Boisgelin ,
ayant été praticjué , ce canal, <|ui prenoit ses eaux dans la Durance ,
et devoit les conduire jus<ju'à Aix, en fertilisant la plaine inculte çt
pierreuse de laCrau, procura l'occasion d'arroser plusieurs cantons peuplés
d'oliviers. Cette tentative eut des succès étonnans. Dans un seul territoire
(celui d'Istres) qui renfermoit le plus d'oliviers, les récoltes quintuplèrent.
En 1787, où ils avoient été presque tous arrosés, le produit
eu huile excéda de 5oo,ooo francs celui d'une année commune ; ce
qui doit paroître d'autant plus extraordinaire tjue la (jualité de l'huile
ctoit inférieure à celle des années qui avoient précédé l'irrigation.
De tels succès ne furent pas de longue durée. Le terrible hiver de
i^Rj) survint; il ne resta pas un seul olivier de ceux qui avoient été
arrosés; ils périrent même dans leurs racines. Inutilement furent-ils
reccpés; aucun rejeton ne se montra : l'espoir même d'un remplacement
futur n'apporta aucune consolation aux malheureux cultivateurs.
Les oliviers de la Provence ne sont plus arrosés depuis cette fatale
épo([ue.