espèces , c’est-à-dire à ceux qui comprennent
les individus. Aussi l’on trouve , dans mes premiers
Mémoires, quelques mots sur ces différens
ordres de caractères qui, comme les dents, ont
fait depuis l’objet de mes recherches, sans qu’il
m’ait cependant été possible de porter cette partie
de mon travail au terme où j ’ai porté l’autre :
c’est que toutes les fonctions et toutes les influences
des dents se manifestent par leur structure et
leurs rapports, et qu’il n’en est pas à beaucoup
près de même des sens. D’ailleurs, pour étudier
les organes des sens , même extérieurement, il
faut posséder les animaux vivans ou du moins
avant qu’ils soient altérés par les préparations
qu’on leur fait subir pour les conserver ; tandis
que les, squelettes suffisent pour l’étude des dents.
Mon frère, ayant approuvé ces premières vues,
voulut bien mettre à ma disposition tout ce qui
s’y rapporte dans la vaste collection qu’il a formée
au Jardin du R o i , et qui seule pouvait donner
l’idée et fournir les matériaux de cet ouvrage. Aussi
lui appartient - il autant qu’à moi.
En envisageant les mammifères sous de nou
veaux rapports, je devais être conduit à des chan-
gemens dans leur classification ; outre les genres
nombreux que j ’ai formés, soit en divisant ceux
qui avaient été établis sur des caractères vicieux,
soit en parlant d’espèces nouvelles, j ’ai encore
été obligé de modifier quelques-unes de leurs
divisions supérieures. Ainsi j ’ai séparé les roussettes
, animaux exclusivement frugivores , des
chauve-souris qui ne se nourrissent que de matières
animales. Le sous-ordre des plantigrades est venu
se fondre dans les autres carnivores, qui se sont
partagés en plusieurs familles. Le genre des phoques,
a pris l’importance d’un ordre par le nombre
et la variété des genres qui le composent'. Les
sarigues , les péramèles et les dasyures se sont
réunis aux insectivores, etc., etc. ; et je crois avoir
été conduit à ces modifications par des motifs légitimes,
En effet, tous les plantigrades -entrent
dans lu série des genres de chacune des familles
auxquelles ils appartiennent , et ils ne peuvent
en être séparés sans rompre l’unité naturelle à
laquelle ils concourent. D’ailleurs , les qualités
de plantigrades et de digitigrades n’ont rien d’absolu;
la famille des civettes, en commençant par
les civettes proprement dites, et en finissant par
lés ietides, nous offre toutes les gradations entre
les espèces qui ne marchent que sur'l’extrémité
des doigts et celles qui marchent sur la plante
entière-des pieds, et, sous ce rapport, les mangoustes
n'appartiennent ni aux uns ni aux autres.
Les apparences extérieures des phoques suffisaient
seules: pour annoncer que ces animaux devaient
i J’ai publié les détails de ce travail sur les phoques dans les
Annales du Muséum d’histoire naturelle , tome XI.