IÏI D I S C O U R S P R É L lM I N A I R HT.
être point qui, outre l’ivoire et l’émail, n’aient encore
le cortical, et parmi elles on en trouve à plusieurs racines,
comme celles des castors, des éléphans, des chevaux
, des ruminans; et sans racines, comme celles des
lièvres et des apéréas, des lagomys, des kérodons, etc.
L’usage que font les animaux de ces dents de formes
diverses, est très-varié. Pour les uns elles sont de armes
puissantes, à l’aide desquelles ils attaquent leur proie
ou l’ennemi qui les menace, ou bien se défendent
quand ils sont attaqués. Pour d’autres elles semblent
plus particulièrement destinées à retenir la proie quils
ont saisie. Celles-ci sont employées à diviser comme des
tenailles, celles-là à couper comme des ciseaux. Plus
loin c’en sont qui moudent comme les meules d’un
moulin , qui triturent comme des pilons dentelés contre
des mortiers dentelés eux-mêmes, ou qui broient par
un choc simple, une simple pression; et toutes ces
formes et ces actions diverses ont pour fin les substances
très-variées qui peuvent servir a la nourriture des animaux
; nourriture qui est déterminée par la nature
même de ces animaux, qui établit leurs rapports avec
les autres êtres et l’influence principale qu’ils sont destinés
à exercer sur la terre. Aussi rencontre-t-on ces
differentes espèces de dents combinées entre elles de
plusieurs manières. Des dents coniques, des dents tran-
' chantes et des dents tuberculeuses se trouvent réunies
thez plusieurs carnassiers. Chez le plus grand nombre
des ruminans nous ne voyons que des dents tranchantes
et des tuberculeuses. Les éléphans et les hippopotames
n’ont que des dents tuberculeuses et des défenses coniques.
Les dents coniques sont les seules que nous observions
chez les édèntés, les cachalots , et il n y a que
des dents tranchantes, et des dents coniques chez, le
nrs co D E S P R É L I M I N A I R E . Lin
phoque commun, etc. Nous ne finirions pas, si nous
voulions énumérer toutes les combinaisons des diverses
formes de dents; ce que nous venons de dire, ou ib
n’a été question de ces formes que dans le point de
vue général sous lequel nous avons été forcé de nous
restreindre, suffira pour faire sentir tout ce que nous
pourrions ajouter si nous entrions dans des détails; mais
de là sort une des considérations les plus importantes
pour la zoologie, l’emploi des dents, comme un des
signes les plus certains de la nature des animaux et
des rapports qu’ils ont entre eux; signes qui sont un
des fondemens de la science, puisqu’ils le sont de sa
méthode, ou, autrement, de l’ordre des faits et de leurs
liaisons, conditions indispensables à l’existence de toute
science.
Telle e s t, je crois, la substance de toutes les recherches
qui ont été entreprises et publiées sur la structure
et le développement-des dents. J’ai fait, ce qui a
dépendu de moi, pour avancer la connaissance de ces
organes, non moins importans par leurs fonctions que
par leurs rapports ou leurs formes; mais, si j’ai ajopté
quelques observations à celles qui avaient déjà été acquises,
je reconnais que de bien importantes seraient
encore nécessaires pour répondre aux principales questions
que ce sujet fait naître. Pour cela un grand nombre
d’animaux de tout âge et de toutes especes serait
indispensable, et ce n’est qu’à l’aide de beaucoup de
temps et de circonstances heureuses, qu on parviendrait
à obtenir de telles richesses. Ce qui est connu ,
pourra du moins diriger dans les nouvelles recherches :
c'est, relativement aux sciences, un des mérités les plus
réels de nos connaissances bornées; heureux encore,
lorsque nous savons distinguer la lumière qu’elles nous