
 
		aider à les mieux faire comprendre;  et ce motif seul nous  
 servirait  de  justification,  si  nous  en  avions  besoin. 
 Définition  des  dents. 
 Depuis  que  l’anatomie  se  trouve  être  assez  riche  en  
 faits  positifs,  en  observations  exactes,  pour ne  plus  se  
 restreindre  à  les  généraliser, mais encore pour admettre  
 comme  certaines,  toutes  les  analogies,  plus  ou  moins  
 éloignées ,  que  l’esprit  peut apercevoir  entre  eux ,  et  
 toutes  les  conséquences  qu’il  peut  en  déduire  logiquement, 
   le  sens  du mot dent  a  pris  une  extension  qu’il  
 n’avait  point  autrefois.  Aujourd’hui  ,  dans  un  grand  
 nombre  d’ouvrages,  il  embrasse,  plus  ou moins  explicitement, 
   toutes  les  parties qui  se  présentent  à  la  surface  
 du  corps,  et  qui  sortent  du  derme,  comme  les  
 poils,  les  ongles,  les  cornes,  les  écailles,  etc.  Ges  
 parties  ont  en  effet  plusieurs  analogies  avec  les dents;  
 elles  sont  en  quelque  sorte  les  plus  extérieures  du  
 corps;  elles  résultent  de  l’excrétion  d’organes  qui  pa-  
 roissent,  à  quelques  égards,  se  ressembler:  elles  sont  
 mortes en  ce sens,  qu’elles sont dépourvues de vaisseaux  
 et  que,  l’étant  aussi  de  nerfs,  elles n’ont  aucune  sensibilité. 
   Mais  ces  rapports  suffisent-ils  pour  qu’on  puisse  
 les  classer  dans une  seule  et  même  catégorie,  en  n’envisageant  
 les différences qui les  distinguent  que  comme  
 de  simples modifications  d’un  état  normal quelconque ?  
 J’avoue  que  j’ose  en  douter.  On  ne  les  connaît  encore  
 qu’imparfaitement  en  elles-mêmes  et  dans  les  organes  
 qui  les  produisent,  et  cependant  ce  qu’on  en  sait,  me  
 semble  déjà  suffire  pour  qu’on  doive  les  envisager  
 comme  essentiellement  différentes.  Les  dents  les  plus  
 simples  ont  une  base  gélatineuse,  dans  les  mailles  de  
 laquelle  se  dépose un  sel  à  base  de  chaux,  ou  elles  ne 
 sont  même  composées  que  de  gélatine,  comme  celles  
 des  ornithorinques.  Que  trouve-t-on  de  semblable  
 dans  les  cornes  ou  dans  les  poils?  La matière  cornée  
 n’est  point  encore  pour  nous  la  gélatine,  les  qualités  
 physiques  et  chimiques  de  ces  substances  les  séparent  
 également;  et  je  ne  connais  aucun  fait,  où  la  nature  
 nous montre  le  passage  d’upe  de  ces  matières  à l’autre.  
 Il  faut  donc  que  les  organes  qui  produisent  des  substances  
 si  différentes,  soient  différens  eux-mêmes;  que  
 les  forces  avec  lesquelles  ils  agissent  sur  les  corps  élémentaires  
 dont  elles  se  composent,  soient  des  forces  
 spéciales  et  distinctes.  Alors  l’idée  dans  laquelle  on  
 veut  les  réunir,  change  entièrement  de  nature;  elle  
 prend  une  généralité  beaucoup  plus  étendue  que  celle  
 qu’on  lui  attribuoit,  et  ne  comporte  plus  d’autre  sens  
 que  celui  des  rapports  que  nous  venons  de  rappeler,  
 qui seuls existent réellement  entre  les dents  et les poils,  
 c’est-à-dire  de  se montrer  en  partie  hors  de  la  peau. 
 Les  dents  ne  seront  donc  encore  pour  nous  que*  ce  
 qu’elles  sont dans  la  plupart  des  traités  d’anatomie :  le  
 nom propre  de  Ces organes n’aura  guère  dans notre  ouvrage  
 que  son  sens  vulgaire;  il  désignera  des  corps  généralement  
 dvrs  et  d’apparence  calcaire,  produits par  
 la sécrétion  d’un  organe  spécial,  qui  garnissent  les  parties  
 antérieures  du  canal alimentaire,  à l’aide  desquels  
 la  plupart  des  animaux  saisissent,  retiennent  ou  divisent  
 les  alimens  dont  ils  se  nourissent,  et  que  quelques 
 uns emploient comme  des  armes  offensives  ou  défensives. 
 C’est d’ailleurs de  ces  organes là  seulement que la nature  
 de  notre  travail  nous  conduit  à  parler ,  et  comme  
 nous  n’avons  eu  pour  objet  que  les  dents  des  mammifères, 
   nous  pouvons  encore  restreindre  la  définition 
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