XLVIII d i s c o u r s p r é l i m i n a i r e .
Plusieurs hypothèses ont été imaginées pour rendre
raison de ce singulier phénomène.
L’idée d’un dissolvant s’est naturellement présentée {
mais comment aurait-il épargné les parties voisines, et
surtout la dent de seconde dentition ?
L’action mécanique de la seconde dent sué la pre-
mière a aussi été supposée, et de tout-és les explications
c’est assurément la plus malheureuse. Une dent
n’aurait pu en user une autre qu’en s’usant elle-même,
et la dent de seconde dentition est toujours dans le
plus grand état d’intégrité lorsque lâ première tombe.
Enfin, on a attribué ce singulier effet à la forcé
d'absorption, et il paraît qu’aujourd’hui c’est l’opinion
le plus généralement adoptée, et, je pense, avec raison.
Mais, comment n’a-t-on pas été conduit, par des
analogies qui me semblent toute-puissantes, à attribuer
la carie des dents à la même cause ? Beaucoup d’observations
m’ont convaincu que cette cruelle maladie,
dans un grand nombre de cas du moins, n’a pas d’autre
origine : elle est la conséquence d’un état particulier6
du bulbe, qui reste dans la dent; état plus ou moins
durable et qu’on parviendrait peut-être à modifier ou
à changer entièrement par le secours de remèdes qui
lui seraient appropriés.
Des différentes formes des dents et des relations
qu elles ont entre elles.
Ce que nous avons dit jusqu’à présent de la complication
des capsules dentaires , de la variété des substances
dont beaucoup de dents se composent, des soins
qu’a pris la nature de pourvoir au remplacement de
celles qui sont destinées à tomber, des diverses places
qu’elles occupent, des noms qu’elles ont reçus, laisse
d i s c o u r s e é é l im i n a i r e . xlix
déjà apercevoir l’importance de ces organes et la diversité
des fonctions qu’ils doivent remplir; mais on acquiert
une idée beaucoup plus étendue de leur destination,
quand on les étudie dans leurs formes, dans les
relations qu’elles ont entre elles, dans leurs rapports
avec le naturel des animaux, etc. : aussi nous reste-t-il
à les faire rapidement envisager sous ces divers points
de vue.
Lorsqu’on rassemble sous ses yeux toutes les espèces
de dents, on voit qu’elles se réunissent sous un assez
petit nombre de formes principales; D’abord chez les
unes, comme nous l’avons déjà dit, on n’observe aucune
différence entre la racine , c’est-à-dire la partie renfermée
dans les os qui portent les dents, et la couronne
ou la partie qui est hors de ces os. Ces dents n’ont
point de racines dans l’acception qu’on donne à ce mot j
c’est, à proprement parler, la couronne qui se continue
jusqu’à la capsule dentaire, laquelle ne produit jamais
que la couronne , tant qu’elle reste libre et active ; circonstance
quia lieu chez quelques animaux durait tout
le cours de leur vie. Chez d’autres , au contraire, les
racines; sont très-distinctes de la couronne : elles sont
simples ou complexes , et ne présentent pas en général,
dans leurs formes, la constance que l’on rencontre toujours
dans les formes de la couronne; ce qui s’explique
naturellement par leur mode de formation.
Considérant ensuite les dents par leur couronne seulement,
nous voyons que toutes peuvent se réunir sous
trois formes principales, lesquelles se modifient presque
à l’infini , se transforment les unes dans les autres^
de telle manière qu’il est presque impossible de déterminer
rigoureusement le passage d’une forme à l’autre*
aussi n’envisageons-nous cette division que comme un
d