contraire aux précédens, qui nous est offert par les incisives
ou dents antérieures des rongeurs? La partie de
ces dents qui tient lieu de racines, est beaucoup moins
avancée, dans les os qui les contiennent, chez les
jeunes animaux que chez les vieux. Ces dents vont en
reculant par l’extrémité où est leur bulbe , à mesure
que l’animal se développe, et en avançant par l’autre
extrémité. C’est ce que j’ai constaté sur des lapins et
des cochons d’Inde, sans pouvoir trouver autrement
l ’explication de ce singulier phénomène, qu’en supposant
que le bulbe Continue à s’agrandir par sa partie
postérieure, sous l’influence des nerfs et des vaisseaux
qui y portent la vie , et ce phénomène pourrait être
commun à toutes les dents qui ont le caractère des
défenses/
On éprouve moins de difficultés à se rendre compté
d’un autre problème que présentent les incisives des
rongeurs; c’est leur courbure et l’espèce particulière
de courbe qu’elles affectent. Pour produire une dent
arquée, il suffit que sa capsule le soit; mais, si la
courbe de la capsule restait toujours la même, ces
dents, qui peuvent croître indéfiniment quand aucun
obstacle ne les arrête, présenteraient, dans ce cas, dont
■ on a de fréquens exemples, un cercle régulier. Au lieu
de cette courbe, les incisives des rongeurs en présentent
une qui approche de la spirale, et ce sont les
premières portions de la dent qui sont renfermées dans
celles qui les suivent: il faut donc nécessairement que
la capsule productrice de ces dents change de cour-
-bure, et qu’elle se redresse à mesure que ces animaux
avancent en âge, jusqu’à un point, peut-être, où elle
ne se modifie plus; et ce qu’il n’est pas inutile de faire
observer, c’ést que ces changemens sont les mêmes aux
d i s c o u r s r r ré l i m i n a i r e .
incisives des deux mâchoires ; car ces dents, à toutes
les époques de la v ie , conservent entre elles les mêmes
rapports.
Du développement relatif des dents, des dentitions
successives et des phénomènes particuliers
qu elles présentent.
L’apparition des dents hors des gencives chez les mammifères
coïncide ordinairement avec l’époque où le lait
commence à ne plus suffire pour la nourriture du jeune
animal’ mais il est très-rare qu’elles se développent
toutes en même temps; il y a à cet égard de très-
grandes différences, et la nature, dans beaucoup de
cas, ne s’est point bornée à donner à chaque animal,
une fois pour toutes, les dents qui lui sont propres: il
est peu de mammifères, il n’en est même peut-être
point du tout, où quelques-uns de ces organes ne
soient renouvelés, c’est-à-dire , que certaines espèces
de dents tombent, et sont reproduites ou plutôt remplacées,
une ou plusieurs fois, par des dents qui se
développent successivement dessous, devant ou derrière
elles.
Ces premières dents, qui font place à des dents nouvelles,
sont désignées parles noms de dents de première
dentition ou de dents de lait, et celles qui leur succèdent,
sont nommées dents de remplacement. Mais
ces dénominations, fondées sur ce qui s’observe dans
l’espèce humaine, ne doivent point être prises dans un
sens rigoureux, quand elles s’appliquent aux autres
mammifères; car chez eux nous verrons des dents de
lait tomber avant la naissance , ou long-temps après
l’âge adulte. Afin d’éviter toute méprise, nous n’em-
ploîrons que les mots de première, seconde, troisième