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qu’elle s’use; les dents en germe, dont toutes les parties
sont liées, les contiennent certainement toutes, puisqu’elles
sontreproduites dans leurs diverses coupes hori-
zontales;mais l’expérience n’a point encore fait connaître
ces rapports, et sans elle on ne pourrait guère s’appuyer
que sur des conjectures vagues pour établir ceux d’une
forme à une autre. Afin de ne rien donner que de positif
sur ce point important, j’ai évité toute espèce de
supposition et ai fait représenter, chaque fois que je
l’ai pu , ces sortes de dents à l’état de germe et à diffé-
renss degré d’usure. Cette partie de mon travail est encore
fort incomplète, le temps seul peut la perfectionner,
et je la lui confie.
L’usage uniforme que font tous les rongeurs de leurs
dents, malgré les différences de forme qu’elles présentent
, ne nous permet pas non plus de nous servir de
ces organes pour établir les rapports naturels des différons
genres dont cet ordre se compose. A cet égard nous
sommes dans le cas où nous avons été pour les insectivores
: nous ne pouvons plus, comme pour les carnassiers
, faire dériver le naturel des animaux, des modifications
de leurs organes masticateurs.Tous les rongeurs,
omnivores ou frugivores, paraissent l’être au même
degré ; et si la ressemblance ou la différence de leurs
dispositions naturelles se manifestent par les organes,
ce n’est plus que par ceux d’un ordre inférieur à celui
des dents, par les organes du mouvement, des sens ou
de la génération.
Tous les rongeurs présentent, entre leurs dents, les
mêmes relations: les incisives inférieures, parleur face
antérieure, sont en rapport avec la face interne des incisives
supérieures ; et les mâchelières sont toutes opposées
couronnes à couronnes. Je me dispenserai donc,
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en décrivant chaque système de dentition de cet ordre,
de parler de l a p o s i t i o n r é c i p r o q u e d e s d e n t s ; ce que je
viens d’en dire ne souffre aucune exception.
Dans ce qui précède nous n’avons eu en vue que les
rongeurs proprement dits , et cependant nous n’en
séparerons point une espèce anomale et qui leur a été
réunie par quelques naturalistes , tandis que d’autres,
et M. de Blainville le premier, l’ont rapprochée des
quadrumanes ; je veux parler de l’aye-aye. Cet animal
en effet n’est point un rongeur ; il forme un type
nouveau, et sa capacité cérébrale, comme la forme
et les relations des différentes parties de sa tête, le rapprochent
beaucoup plus des lémuriens que d’aucun
autre groupe, quoiqu’il se trouve cependant encore
assez éloigné de celui-ci, surtout par ses dents; il n’a
en effet que des incisives et des mâchelières, et les premières
sont des dents sans racines, tout-à-fait semblables
sous ce rapport à celles des rongeurs, comme
sous le rapport du point d’où elles naissent; mais elles
sont entièrement enveloppées d’émail, et ses mâchelières
sont aussi très-remarquables par leur extrême
simplicité et par la portion très-épaisse d’émail qui les
enveloppe. L’aye-aye pourrait donc être considéré
comme un embranchement par lequel les rongeurs se
lieraient aux quadrumanes à l’aide des rongeurs omnivores.
C’est ainsi que nous avons déjà vu le potto
se lier imparfaitement aux quadrumanes, les roussettes
aux cheroptères, le phascolome aux didelphes herbi „
vores, etc., etc.