au-dessus de mes forces. Il ne pouvait être entrepris
que par celui qui se trouverait dans la situation
et qui posséderait les moyens d’étudier avec
fruit les divers systèmes d’organes de la classe
entière à laquelle les mammifères appartiennent;
et j ’étais loin d’être dans ce cas.. Heureusement le
hasard offre quelquefois à l’observation ce qu’avec
tous les efforts de l’esprit le plus éclairé on cher-r
cberait vainement à pénétrer et à reconnaître.
Aussi est-ce à une circonstance purement fortuite
que je dois d’avoir aperçu toute l’étendue qu’on
pouvait donner aux dents mâchelières pour déterminer
les rapports naturels des mammifères d’un
même ordre.
Mon frère nous avait chargés, M. D u v e r n o y ' et
moi, d.e travailler au catalogue de sa collection
d’anatomie ; la description des squelettes m’était
tombée en partage, et c’est en voyant la ressemblance
parfaite, qui existe entre le nombre , la
forme et les relations des mâchelières du genre
des chats, admis avec raison comme un de ceux
dont les espèces présentent l’organisation la plus
identique, que je conçus l’idée d’appliquer cette
observation aux autres mammifères, c’est-à-dire,
d’examiner si tous les genresentre lesquels ces
animaux avaient été partagés, présentaient le même
x G. L. D uverkoy, qui a rédigé les trois dernie rs volumes dés
teçnns d anatomie comparée de mon frère. ï
phénomène. Cette recherche me fit reconnaître que
tous les genres manifestement naturels, et admis
comme tels par tous les naturalistes, étaient formés
d’espèces pourvues de mâchelières absolument
semblables ; que ceux qui comprenaient des espèces
dont les mâfchelières différaient, n’offraient point
ce caractère d’unité qui était le partage des premiers
, et enfin , qu’en réunissant les espèces à
mâchelières semblables bn reformait des groupes
parfaitement analogues à ceux que l’on pouvait
considérer comme les plus parfaits. Cependant je
remarquai que les espèces de ces genres naturels
présentaient, dans la structure de leurs sens, des
variations qui ne pouvaient manquer d’exercer
une influence notable sur leur existence, et que
celles qui, sous ce rapport, se ressemblaient dans
un même genre, devaient être réunis en groupes
secondaires ; qu’ainsi les chats dont les yeUx ont
la pupille alongéé et ne voient bien que la nuit
devaient être séparés de ceux qui ont la pupille
ronde et qui voient de jour ; qu’il devait en être de
même des chiens et dés renards, qui présentent
les mêmes différences que les chats, etc. Cette
observation sur un sens me conduisit naturellement
à envisager dans le même point de vue les
autres sens, les organes du mouvement et ceux
de la génération qui me parurent devoir renfermer
toutes les modifications extérieures caractéristiques
des groupes immédiatement supérieurs à ceux des.