où elles doivent sortir des mâchoires pour satisfaire aux
nouveaux besoins du jeune animal. Il y a plus, les dents
de formes très-compliquées, dont la couronne se termine
par plusieurs tubercules qui laissent entre eux
des vides profonds, se présentent hors des gencives par
plusieurs points à la fois, par les sommets de leurs tubercules,
et dans ce moment les gencives garnissent
encore les intervalles que ces tubercules séparent. Comment
l’idée d’un conduit s’appliquerait-elle à la sortie
de ces dents ?
Quant au déchirement, il est encore moins admissible
que le canal, dont nous venons de montrer l’invraisemblance
: on n’aperçoit pas, dans l’apparition des dents,
la moindre trace d’un tel phénomène, et aucune analogie
ne nous paraît devoir justifier cette seconde supposition.
La nature nous semble avoir un moyen plus
sûr et plus conforme à ses vues de sagesse et de conservation,
pour opérer l’effet que ces hypothèses tendent
à expliquer; elle nous le montre dans un grand nombre
de circonstances, de sorte que la loi générale qui
en résulte, trouve, dans le cas particulier qui nous occupe,
une de ses applications les plus exactes.
: En effet, une des vérités les mieux établies par l’expérience,
c’est que la nutrition de toute partie organique
s’affaiblit dès que cette partie éprouve l’action
mécanique continue d’un corps étranger quelconque;
et elle peut s’arrêter tout-à-fait, si cette action acquiert
une certaine intensité. Il semble que, dans cette circulation
perpétuelle qui constitue la vie, les nouvelles
molécules ne puissent plus remplacer les molécules exhalées
, lorsqu’une telle action comprime les parties
d’où se sont échappées celles-ci. On dirait que la place
manque aux premières, ou que la force assimilatrice qui
doit les attirer, a tout-à-fait cessé d’agir; dès-lors celte
partie s’oblitère, et les molécules qui l’auraient nourrie,
n’arrivent pas jusqu’à elle, se dissipent, ou vont se
réunir aux parties voisines.
C’est sans doute un phénomène de cette nature qui
a lieu dans l’évolution des dents; tout l’annonce d’ailleurs,
quand on suit leur développement. Lorsque la
couronne d’une dent commence à se former, et à plus
forte raison avant cette époque , toute la partie des
gencives qui doit plus tard s’entr’ouvrir, est épaisse et
remplie de vaisseaux : à mesure que la dent grandit,
cette partie s’amincit; un moment vient où elle ne consiste
plus qu’en un derme compacte et sec, qui disparaît
bientôt lui-même pour lui laisser un libre passage.
Mais pourquoi la compression qui résulte de l’accroissement
des dents, se fait-elle contre les gencives,
plutôt que dans le sens opposé? Quoique la dent ne
commence à se former que du côté de sa couronne,
il n’y a pas dans cette circonstance de raisons suffisantes
pour qu’elle tende à sortir exclusivement par ce côté.
La réaction d’une dent croissant dans la direction de
sa racine, est semblable à son action dans la direction
de sa couronne; et si la consistance des parties environnantes
devait entrer pour quelque chose dans cette
question, au lieu de percer les gencives, la dent descendrait
du côté où seront les racines ; car les parties
inférieures de la capsule et de son bulbe offriraient bien
moins de résistance que la densité des gencives. Outre
le développement de la capsule qui se fait par sa partie
inférieure, serait-ce encore à l’impulsion que la circulation
imprime aux organes dentaires qu’on pourrait
attribuer la direction naturelle des dents ? Car l’agrandissement
de la capsule me paraît loin d’être suffisant
e.