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1. May-
Gens d’é-
pée.
Leur difïï-
inulation.
V o y a g e s
r ien chang e r au Se rv ic e D i v in , de peur de
s'att irer l ' ind igna t ion de ces Tê t e s Sacrées.
Il s’en t rouv e pluheurs exemples , Sx on ne
f çauroi t donner une preuve plus év idente de
la conf idérat ion qu ’on a pour e u x , que le Pr i v
i l è g e q u ’ ils ont de s’ aileoir à- côté du R o y ,
à une pet i te di f tancé , dans les Af femblées
Ro y a le s .
La manie-re dg v i v r e , de la Cour & de la
Noble f fe , eft fort di f férente de la leur . Les
Cour t i fans affeétent une c iv i l i t é toute par t i cul
ière , & une f ranchi fe eng a g e ant e ; mais
leur langue s’ accorde rarement a v e c le coeur.
-Ils s’abandonnent ent iè r ement à la fenfual i -
té Sx aux plaifirs. Leurs habits , & leurs,équip
a g e s , font magni f iques , Sx ils a iment 1 arg
ent à un tel p o in t , qu’on ne peut rien obtenir
d’eux qu’en leur fai fant des prefents. A u
refte , ils font fort affables Sx paroi f fent for t
honnê te s ; mais ils font rampans env e r s ceux
dont ils a t tendent quelque c h o f e , & haïffent
mo r t e l lement ceux qui afpirent aux. mêmes
Cha r g e s qu’e u x , ou qui che r chent a les iup-
plante r ; Sx lors qu’ ils ont fur eux quelque
a v an t a g e , ils les t rai tent ave c l a derniere in-
«
humani té . Ils ne n é g l ig en t aucune oc câf ion
de leur n u i r e , ôc-onc l ’art de donner une idée
de fa vanta g eufe de ce q u ’il y a déplus re côm-
mandable en eux. En un m o t , ils n ’ont point
d e C o r n e i l l e l e B r u y n .' 15,9
de repos q u ’ ils ne les a y e n t ruinez . A u Contraire
, ils, Hâtent a v e c excès ceux qui font fa-
v o r i i e z de la fortune Sx dans les grands emploi
s , & leur..attribuënt toutes les per fect ions
dont ils p euv ent s’avi fer : mais aulfi , ne font -
ils pas plutôt tombe z dans la d i fgrace , qu’ ils
inful tent à leur malheur , Sx cha r g ent d’opro-
bres ceux qu’ ils a voient é le v e z ju fq u ’aux
nuës , pendant qu’ ils étoient dans la faveur .
Il ar r ive même fo u v e n t , en ce c a s , que ceux
qui leur ont le plus d’ob l ig a t ion font les premie
r s à les déchi rer .
La manié ré d’agi r des gens de L e t t r e s , ou
de Pl urne , c omme on les nomme en ce païs-
l à , eft à peu près femblable . Ils font o rguë i l -
leux Sx fuffifants » env i eu x Sx_jaloux du mér i te
des autres , fai fant bonne mine , Sx mi l le
careffes à ceux qu’ ils haï ffent le plus,lors qu’ ils
les r e n c o n t r e n t ,& les dé chi rent imp i to y ab le ment
, aulf i -tôt q u ’ils o n t l e dos tourné. La
di i f imulat ion eft leur v i c e fa v o r y , Sx leur v a ni
té s’é t e n d ju fq u ’à fe loüer eux-mêmes â tous
propo s , & à fa ire, , fans fcrupule , l ’éloge de
leur propre mé r i t e . -Cependant ils font R e l i g
ieu x en apparence affeétent de faire pa-
rot tre un g rand dégoût des v a n i t e z mo n d a i nes
, ne parlant que de la Fé l i c i té du P a r adi s ,
pendant qu’ ils s’ abandonnent en fecret aux
v ic e s les plus én o rme s , Sx même les plus c o n traires
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J , M a y . |
Gens de
Lettres.
Leur âiiïi.
mulation.