
 
        
         
		17° 4 -  
 1.  May- 
 Gens  d’é-  
 pée. 
 Leur difïï-  
 inulation. 
 V o y a g e s   
 r ien  chang e r   au  Se rv ic e   D i v in   ,  de  peur  de  
 s'att irer  l ' ind igna t ion  de  ces  Tê t e s   Sacrées.  
 Il  s’en  t rouv e   pluheurs  exemples  ,  Sx  on  ne  
 f çauroi t   donner  une  preuve  plus  év idente  de  
 la  conf idérat ion qu ’on  a pour e u x ,  que le Pr i v 
 i l è g e   q u ’ ils ont   de  s’ aileoir  à- côté   du  R o y   ,  
 à  une  pet i te  di f tancé  ,  dans  les  Af femblées   
 Ro y a le s . 
 La   manie-re  dg  v i v r e   ,  de  la  Cour   &   de  la  
 Noble f fe   ,  eft  fort   di f férente  de  la  leur .   Les  
 Cour t i fans   affeétent  une  c iv i l i t é   toute   par t i cul 
 ière  ,  &  une  f ranchi fe   eng a g e ant e   ;  mais  
 leur  langue  s’ accorde  rarement   a v e c   le  coeur.   
 -Ils  s’abandonnent   ent iè r ement   à  la  fenfual i -   
 té  Sx  aux plaifirs.  Leurs  habits  ,  &  leurs,équip 
 a g e s ,   font   magni f iques   ,  Sx  ils  a iment   1 arg 
 ent   à un  tel   p o in t ,   qu’on  ne  peut  rien  obtenir  
 d’eux  qu’en  leur   fai fant   des  prefents.   A u   
 refte  ,  ils  font   fort   affables  Sx  paroi f fent   for t   
 honnê te s   ;  mais  ils  font  rampans env e r s   ceux  
 dont   ils  a t tendent  quelque  c h o f e ,  &  haïffent   
 mo r t e l lement   ceux  qui   afpirent   aux. mêmes  
 Cha r g e s   qu’e u x ,   ou  qui che r chent   a  les  iup-   
 plante r   ;  Sx  lors  qu’ ils  ont   fur  eux  quelque 
 a v an t a g e   ,  ils  les t rai tent  ave c   l a   derniere  in- 
 « 
 humani té .   Ils  ne  n é g l ig en t   aucune  oc câf ion  
 de  leur   n u i r e ,  ôc-onc  l ’art de donner  une  idée  
 de fa vanta g eufe   de ce  q u ’il y  a déplus   re côm-   
 mandable   en  eux.   En un  m o t ,  ils n ’ont  point 
 d e   C o r n e i l l e   l  e  B r  u  y n .'  15,9 
 de  repos  q u ’ ils  ne  les  a y e n t   ruinez .   A u  Contraire  
 ,  ils, Hâtent  a v e c  excès ceux qui font   fa-  
 v o r i i e z   de  la  fortune  Sx  dans  les  grands  emploi 
 s ,  &   leur..attribuënt toutes  les per fect ions  
 dont   ils  p euv ent   s’avi fer   : mais aulfi  ,  ne  font -   
 ils  pas  plutôt   tombe z  dans la d i fgrace  ,  qu’ ils  
 inful tent   à  leur  malheur ,   Sx cha r g ent  d’opro-   
 bres  ceux  qu’ ils  a voient   é le v e z   ju fq u ’aux  
 nuës  ,  pendant   qu’ ils  étoient   dans  la  faveur .   
 Il  ar r ive  même  fo u v e n t ,   en  ce  c a s ,   que ceux  
 qui   leur  ont   le  plus  d’ob l ig a t ion font   les premie 
 r s   à  les  déchi rer . 
 La  manié ré   d’agi r   des  gens   de  L e t t r e s , ou  
 de  Pl urne  ,  c omme   on  les nomme   en  ce  païs-  
 l à ,   eft  à  peu  près  femblable .   Ils  font  o rguë i l -   
 leux  Sx  fuffifants » env i eu x   Sx_jaloux  du  mér i te 
   des  autres  ,  fai fant   bonne  mine  ,  Sx  mi l le  
 careffes à ceux qu’ ils haï ffent  le plus,lors qu’ ils  
 les r e n c o n t r e n t ,& les dé chi rent  imp i to y ab le ment 
   ,  aulf i -tôt   q u ’ils  o n t l e   dos  tourné.   La  
 di i f imulat ion  eft leur  v i c e   fa v o r y   ,  Sx  leur v a ni 
 té  s’é t e n d ju fq u ’à  fe  loüer eux-mêmes â tous  
 propo s ,   &   à  fa ire, ,   fans  fcrupule   ,  l ’éloge   de  
 leur  propre mé r i t e . -Cependant   ils  font   R e l i g 
 ieu x   en  apparence  affeétent  de  faire  pa-   
 rot tre  un  g rand  dégoût   des  v a n i t e z  mo n d a i nes  
 , ne  parlant   que de  la Fé l i c i té   du P a r adi s ,  
 pendant   qu’ ils  s’ abandonnent   en  fecret   aux  
 v ic e s   les  plus én o rme s ,   Sx même   les plus c o n traires 
 i 7° 4-"j 
 J ,  M a y . | 
 Gens  de  
 Lettres. 
 Leur  âiiïi.  
 mulation.