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 4.  janvier-  jour   de  l ’an  ,  outre  que  le canon  fe  fit  ent endre  
 à  toutes  les  fant e z .   Il  y   eut  auiïî de la Mu -   
 i îque  à  la maniéré  du pai s .   Sur  le  f o i r ,  il   s’y   
 rendi t  un  Danfeu r  G é o r g i e n , qui  voulut  fai re   
 pa roi t re   ion  adr e l fe ,   quo y   qu’ i l   n ’y   eut   rien,  
 de  fort   e x t raordinai re   dans  fon  jeu.   O n   appor 
 ta  un  homme   emma i l lo t t é   dans  un  drap*  
 blanc   ,   dont   on  ne  v o y o i t   que  les  bras  ,   a c c 
 ommo d e z   c omme   deux  e n f a n t s ,   dont   l ’un  
 r epre fentoi t   un  g a r ç on   &   l 'autre  une  f i l le.   Il  
 etoi t   étendu  c omme   un  homme   mor t  É &   ne  
 iai i foi t   pas  de  faire  des  mo u v emen t s   c omi ques 
  ,  au fon des inf t rument s ,   a yant  les ma ins   
 env e lopé e s   dans  les  têtes  de  ces  enfants p r é tendus  
 >  qui   firent   d'abord  que lque s  g a lant e ries  
 ,  &   puis  fe donnè r ent  bien des  coups ,   (a}  
 j ^ nexce^’   -  Moni teur   K^afieleiny auquel   j.’a y  mi l le   ob l i gat 
 ions   ,  m’én v o y a  enfui te de c e l a ,   q u a to r z e   
 groi fes   boutei l les  d’un  v in   blanc   excel lent , :   
 dont   il eut  foin de me p o u r v o i r , pendant  tout 
 l e 
 (a) LesPerfans, qui font  
 fort  fainéants  ,  comme  
 prefque tous les Orientaux»  
 &   qui la plupart ne font autre  
 choie, du matin au foir,  
 que  fumer  &  prendre  du  
 calfé »  fe plaifent  fort  à ces  
 fortes  de  badineries  i  les 
 Places  y  font  remplies  d e   
 Bateleurs »  de Danfeurs  de  
 Corde, ou de Joüeurs de Gobelets  
 ;  &   les Hôtelleries,   
 de femmes qui y vont  dan-  
 fer , ou d’hommes qui chantent  
 ou  joüent  de  quelque  
 inllrument. 
 l e   féjour que  je   fis  en cet te V i l l e ,  outre  q u ’ il  1704*  
 me   régaloi t   tous  les  jours  a dîne r  &  à foupe r .   é*  *nvicr‘  
 Ma i s   je   ne  manquois   pas  ,  au  fort ir   de  t a b 
 l e ,   de me  rendre feul   à mon  a p p a r t eme n t ,  
 pour  m’appl iquer   aux  c h o f e s ,  que  je   in’etois   
 propofées  de faire  ,  en ent reprenant  un v o y a g 
 e   fi  pénible .   Le  v in   ,  dont   je  p a r le ,   eft  le  
 me i l leur   de  toute   la  Per fe  i  car  on  ne  prend  
 aucun  foin  d’ é c lai rc i r   le  v in   à  Ifpahan  ;  tout   
 ce lui   qu’on  y   boi t   eft  t r o u b l e ,  &   d’ un  g o u t   
 de fagréable .   O n  n ’y clar i f ie  que  ceux de  Z)ie-  
 ra.es t ou  de  Chiras  ,  qui   font   les  mei l leurs  ,  &   
 dont  on  parlera  dans  la  fuite .   La  plupar t   des  
 Europé ens ,   qui   demeurent   i c y   depuis  l o n g -   
 t em s ,  fe  font   faits  au  g o û t  des  Perfes ,  ôt  ne  
 fe  me t tent   pas  en  peine  que  le  v in   foi t   cla ir  
 ou  trouble  ,   pourvu  qu’ il   foi t   fort .   Le  v i n ,   
 dont   il  me  f i tp r e f e n t ,   é toi t   clai r   c omme   du  
 c r i f t a l ,   approchoi t   du  g o u t  du  v in   de  R h i n , 
 &   ne  c édoi t   à  aucun  v in   de France  que  j  a y e   
 b û   de ma v i e .   Il y en  a  aufli de  r o u g e ,  qui  approche 
   for t   de  c e lui   de Florence.   O n  y   clar i fie  
 ces  v ins - là   dans  de  gros  pots  de  t e r r e ,   au  
 l ieu  de  to n n e a u x ,   comme   dans l   Iile de C h y pre  
 ;  &   après  qu’ ils  ont   bien t r a v a i l l e ,  on les  
 me t   dans  de  groffes  boutei l le s  de  v e r r e ,   qui   
 en t iennent   1 6. ordinaires.  Ils choi f i i fent  pour   
 ces v in s - l à ,   les  mei l leurs  r a i f in s ,  &  ont   foin  
 de  n’ en  point   employ e r   de  pourris  ni   d en- 
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