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f ite , & qui fut re çu à la maniéré du païs. {¿Ij
Nous cont inuâme s nôt re v o y a g e à l ’ent ré e
de
( a ) L a Ville de L a r , ou
L a e r , donne l’on nom à un
petit païs, compris entre le
Khujtjlan 8t Je Kerman , qui
font deux Provinces du
Royaume de Perfe, quis’é-
tendent jufques au Golphe
Perfique. Cette Ville , qui
eft à quatre ou cinq journées
de Gamron, a été autrefois
le Siège d’un Prince
qui prenoit le titre de Roy
du Larijian , comme nous
l ’aprenons de M. Jderbelot.
Çe petit Etat a été aufïï gouverné
par des Princes, qui
fe difoient defcendus de
Siroes fils de Chofroes , Roy
de Perfe, qui faifoient
profeiîion de Ja Religion
des Mages. Les Arabes leur
enlevèrent cette Souveraineté
; mais ils en furent
çhalfez eux-mêmes par les
Curies, l ’an joo. de l ’Egi-
re, & de Jefus-Chrifl i i q 6. ôc
ceux-cy s’y maintinrent jufques
au régne de cha h -A bas,
qui fe rçndit maître de cette
Ville & de tout Je païs
en i6oz. Quoy que les Arabes
euflent introduit le Mahométifme
dans le Larijian,
cependant la Religion des
Mages s’y conferva jufques
à Chah-Abas, qui en chaffa
tous les Guèbres , & les
confina dans les extrèmi-
tez du Kerman , entre la
Perfe & l ’Indouftan, où ils
font encore aujourd’huy ,
toujours attachez au Cuite
du Feu, comme les Anciens
Perfes, ainfi que je l ’ay remarqué
dans une autre No*
fe. Les Auteurs Perfans racontent
qu’il y .avoit autrefois
, dans le petit Royaume
de Lar , un Châteaii
très-fort, qui fervit de retraite
à Seidat, Mere du jeUr
neSultan Magdeddulat, dans
le terns que ce Prince l'é-
loigna des affaires , pour
élever à la Charge de Premier
Miniilre, le fameux
A n tien n e , dont il avoit encore
plus befoin, pour guérir
fa mélancolie, que pour
gouverner fes Etats. Le
Gouverneur de Tabref^{ c ’é-
toit le nom de ce Château )
reçû.t la Reine difgraciée ,
& lui donna des Troupes
pouK
d e C o r n e i l l e l e B r u y n . 475
-de la nui t , par une bel le Plaine bordée d ’ar- 1705.’
bres & de mai fons d ’un c ô t é , q u ’on diro.it qui 3°- Août.
font part ie de la Vi l le ; & après a vo i r t raver -
fé plufieurs Vi l la g e s , nous ar r ivâmes à mi -
Dui t au Ca r a v an f e r a y de Bajht-paryouw , à 4.
lieuës de la Vi l l e , Nous en pa rt îmes le trent
ième , & t raver fâmes trois fois une pet i te
R i v i e r e , fo rt baffe en ce tems - lâ, & fo rt enf
lée en h y v e r , & nous arr ivâmes deux heures
après,à Bajiele, où nous at tendîmes la Li t
ière. Nous pour fuivîme s enfui te nôtre c h e min
, & nous nous arrêtâmes à onz e heures à
un pet i t Ca r a v an f e r a y à demy d émo l i , où il
y a voi t une v i e i l l e f emme a v e c des p ro v i -
f ions. Qn t rouv e en çe quarcier - lâ, quant i té Ab o n d an c e
de Ci te rne s couver tes , dont l ’eau eft admi - de Clter-
r a b l e , & beaucoup de gens o c cupe z à en creu-
fer d’autres , & des Pui t s , fans quoy on n ’y
pourvoi t fubf i f ter , ny même le béta i l . On y
che r ch e auifi a v e c foin des Sources d ’eau v i v
e , comme on fai foi t dans les p remiers tems.
O n en t rouve.un exemple au premier L iv r e
de Mo y f e ,. où il eft d i t , q u ’Ifaac fit rétabl ir
les P u i t s , que fon pere a vo i t fai t c r e u f e r , &
. que
pour faire la Guerre à fon 1 toute l ’authorité , & ce
fils , qu’elle vainquît dans I Prince fut fort heureux juf-
une Bataille ; & après l ’à- qués à la mort de fa Mere,
voir puny, en le retenant i dont il fuivit toujours les
en prifon, elle lui redonna I confeils.
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