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 20.  Aîars. 
 Fête  de  
 l'Année Solaire. 
 Feftin Royal. 
  i 
 94  V o y a g e s 
 r iable  ,  ( a )   qui   dura  jufqu ’à  la fin  du mois? 
 Le   V e n d r e d y   ,  v in g t i ème   de  ce mo i s ,   q ui   
 eft leur D imanch e ,  on cé lébra la Fête de l ’A n née  
 Sola ire.   Les  Bazars  font   c h a rman t s ,   à la   
 c h a n d e l l e , en ce t ems - là , toutes les Bout iques   
 en  étant   fort   ornées  ,  &   fur - tout   cel les  des  
 C onf i tu r ie r s ,   8c  des  Fruit ières  ,  qui   font   un  
 fpectacle  t rès-agréable  à  la  y ûë .   Cel les   des  
 Cui f iniec s   font   rempl ies  de  toutes  fortes  de  
 me t s ,   qu’ ils  font  por ter  par toute  la V i l l e ,  c e   
 qui   ne  fe  prat ique  pas  en  d’autres  païs .   A n   
 réf te. ,   elles  font   bien  - tôt   dégarnies   par   le   
 g r a n d  concour s  d’E t range r s  que  la Fête a t t i re   
 à  I fpahan. 
 Je me  rendis de bon m a t in,  a c c omp a g n é  de  
 nôt re   Ecu y e r   ,  qui   é toi t   Pe r fan  8c  for t   c o n nu  
 ,  au  P a l a i s ,  où  le   R o y   d e v o i t   régaler   les 
 p r in c i - 
 < a )  Les Voyageurs  dé-  
 vroient bien  fe corriger  du  
 défaut,  qu’ils  ont  prefque  
 tous,  de nous aprendre des  
 chofes de cette nature, fur-  
 tout  dans  des  païs  où  cela  
 n ’elf point  extraordinaire ;  
 ils  pourraient  retrancher  
 auffi  tout  ce  qui  regarde  
 leurs repas,  fit mille  autres  
 bagatelles,  qui  n’interref-  
 fent  point  les  Leéteurs ;  il  
 vaudrait  bien  mieux  nous 
 infiruire de  la Géographie ±  
 des Moeurs, des Coutumes,  
 de la Religion,des Sciences,  
 &  des préjugez  des peuples  
 parmy  lefquels  ils  voyagent. 
   Mais, comme la plupart  
 ne favent pas les  -Langues  
 des lieux où ils fe  trouvent  
 , ils nous difent-plutôt  
 ce qu’ils fo n t , ou  ce  qu’ils  
 vo y en t,,  que  ce  qu’ils  dé-  
 vroient aprendre  des naturels  
 du païs. 
 d e   C o r n e i l l e   l e   B r u y n .  95  
 pr inc ipaux  Seigneur s   de la Cour .   O n   fe  mi t  i   
 table  fur  les  dix  heures  &   le  repas  ne  dura  
 q u ’une demy -heur e .   Les v iande s   y  furent  fer-   
 v i e s   dans  deux  cents  plats  d ’or  8c  d ’a r g e n t ,   
 en  quoy   conf i f te   la plus  grande m a gni f i c en c e   
 des  Roi s   de  P e r f e ,   8c  on  en  fert   une  fois  autant 
   lors qu’ i l y   a plus  de comp a gni e .   La plupa 
 r t   des  S e ign eu r s ,   qui   font   in v i t e z   à  cet te  
 F ê t e ,   por tent   un  Tu rban   g a rn y   de  perles  8c  
 de  pierres  précieufe s.   C e   Bonne t   fe  nomme   
 Tha-eits-timaer  ;  &   il  y   en  a  qui   font   o rne z   de  
 plumes  de  hé ron  d’une  g rande   beauté.   Ils  
 ô t en t   ces T u r b a n s ,   auf li-tôt   qu’ ils  font   hors  
 de  la  Salle  du  Feft in  ,  les  font   por ter   de v ant   
 e u x , par  leurs Efc lave s ,   8c  ils reprennent  ceux  
 q u ’ ils  por tent   ordina i rement .   Ce s   Seigneurs  
 font  d’ une ma gni f ic enc e  e x t r ao rd ina i r e ,  pendant 
  le cours de c e t te  Fête;   8c  fur-tout  ce jour -   
 l à ,  auquel   on  ne v o i t  per fonne qui  ne  foi t  habi 
 l lé  de  neuf .   Il y   a v o i r ,   proche  de  l ’endroi t   
 où  le  R o y   donna   ce  Feft in  ,  i z .   ch e v a u x   de  
 ma in de ce Pr ince   ,  r ich ement  c apa r a ç on ne z ,   
 dont   les  houfles  &   les  belles  é toient   garnie s   
 dg  perles  8c  de  pierres p r é c ieufe s ,   8c  les  br i des  
 d’or  maffif.  Ils  étoient   a t ta che z   ,  a v e c   
 des  cordons  de  foy e   ,  qui   t ra înoient   jufqu ’ à  
 ter re  ;  mais  il  fallo ir  bien  fe  donne r  de g a rde   
 de mar che r  deffus.  Il  y   en  a voi r   fept   b l a n c s ,   
 qui   a voient  une part ie  du  c o r p s ,   la queuë  8c. 
 les 
 17Ô47 
 îo .  Mart. 
 Magnificence  
 des  
 Perfes.