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"1703. h a u t , dont les deux p remiers font jointes en-
Novtmb. femble , 8c appar tenaient à quelque édifice,
public*, ou à que lque M o fqué e . Elles font po-
fées fur une murai l le qua r ré e , é levée au-de f -
fus de la t e r r e , à peu près de la hauteur des
même s c o lomn e s , & le por tai l de c e t te mu rai
l le eft une g rande arcade voûté e . Les deux
autres font féparées 6c plus endomma g é e s .
O n v o i t au haut des p r emi è r e s , une e fpece de
chapi t e au Tans ordre , 8c trois di fférents c o r dons
autour des colomne s . El les paroi f fent
affez égales à la v û ë , 6c c ependant el les font
moins grof fes par le haut que par le bas ; 8c
ontau-de f fous du chapi teau une m oulure v e r te
6c o r , un peu déf igurée. Le B a z a r , ou M a r ché
p u b l i c , n ’ eft pas fo rt c on f id é r a b l e , pa r c e
que c e t te V i l l e n ’ eft pas for t mar chande , (a)
O n
(æ) Le principal commerce
de cette Ville , eil de Poteries
& de Lames d’Epée.
Celles qui s’y font font eili-
mées les meilleures de tout
le pais; l ’A c ie r , dont on les
fo rg e , vient de la Ville de
jV;m, à 4. journées d’Ifpa-
han , où l ’on trouve , dans
la Montagne de DemaWend,
de très-riches Mines de Fer
& d’Acier. La Poterie y efl
aulii fort eilimée > fur-tout
fes cruches qui fervent à rafraîchir
l ’eau, comme nous
l ’avons dit dans un autre
endroit de celles qu’on fait
en Egypte. Mais on doit remarquer
, avec Tavernier,
que ces cruches ne peuvent
fervir que cinq ou fix fois à
cet ufage , parce que les
Pores fe bouchent par les
ordures qui font mêlées
avec Beau.
d e C o r n e i l l e l e B’r u y n . " • 57
O n t r o u v e un g r a n d b â t ime n t à cô t é du P o n t ,
pa r où l ’on ent r e dans la V i l l e , a v e c une b e l le
6c g r a n d e cou r qua r r é e , au mi l i e u de laq
u e l le i l y a une F o n t a in e . C ’ e f t une e fp e c e de
M o f q u é e ou de C h a p e l l e , o ù l ’on p r é t e n d que
r e p o f en t les c en dr e s de la foeur d’ Imaan R ifa,
ôc d ’Imaan Ainubammed, qui v i v o i e n t il y a 750.
ans . ( a ) C e T om b e a u eft en g r a n d e v é n é r a t
io n
{a) Aucun Voyageur,que
je fâche , n’a mieux d écrit,
que Chardin , cette célébré.
Mofquée, où font les Tombeaux
de Cha-Sefi, de Cba-
¿ibasîll. Sc de Fathime , fille
d’iman Ocen. Comme cet
Auteur eil entre les mains
de tout le monde , on n’a
pas cru qu’il fut neceifaire
d’en faire icy l ’abregé, d’autant
plus qu’il rapporte toutes
les Infcriptions qui font
fur cesMonuments,8tqu’on
fera bien aife de lire tout
du long. La Chapelle , où
eil le Tombeau de Fathmé,
eil la plus belle Sc la mieux
ornée; On dit quefon Pere
l ’emmena à Com, àcaufède
la perfécution que les Califes
de Bagdat faifoient à fa
Famille , Sc à tous ceux qui
tenoient Hali & fes def-
cendants , pour les feuls
Tom. IK .
1703.
Novi mb*.
y
Succefleurs légitimes de
Mahomed. Cette Princeiîe
fit faire de très-beaux Edifices
dans cette V ille , Sc y
mourut. Le peuple croit
qu’elle fut enlevée au C iel,
Sc que fon Tombeau ne renferme
rien , & n ’eil qu’une
reprefentatiôn. Ce qu’il y *
de plus remarquable dans
cette Mofquée , qui eil la
plus célébré de tout l ’Orient
, eil une T ente qui
coûta deux millions ; l ’An-
ti-chambre eil faite d’un velours
à fond d’or , Sc la
corniche eil ornée d’une
Infcription, dontlafin eil:
Si t» demandés en quel tems et
été fait Le Trône de ce fécond
Salomon ; ‘e te diray , regarde
le Trôné du fécond' Salomon.
Les lettres de ces derniers
mots, prilès pour des chiffres
i font 1057. Pour enten-
H