i 24 D e s c r i p t i o n
La démarche des chauve-foi-iris étant toû jours pelante, &
fou vent fort lente, diffère peu de leur état de repos; aufii ne
prennent - elles cette allure que lorfqu’elles font engourdies ou
fatiguées, ou lorfque le grand jour ne leur permet pas de fortir
de leur retraite, ni d’apercevoir les objets ; mais dès que la
lumière eft proportionnée à la foiblelîè de leurs y e u x , & que
la qualité de l ’air leur eft propre & met en mouvement les
■ infeéles qui leur fervent de pâture, elles développent de longues
ailes, prennent i’eflbr, s’élèvent & s’abailfent en l ’air, & parcourent
rapidement de longs elpaces.
Revenons à la chauve - fouris portée fur fes quatre jambes,
pour examiner le développement de fes ailes. J ’ai déjà dit que
l ’on ne voyoit dans les pieds de devant qu’un feul doigt, qui
étoit le pouce ; il y a de plus quatre doigts fort longs, étendus
contre l’avant - bras, repliés près du coude par leur extrémité ,
& enveloppés d’une membrane chiffonnée. Lorfque la chauve-
fouris veut prendre fon v o l , elle éloigne fes quatre doigts l ’un
de l’autre, la membrane qui les enveloppe fe tend & forme une
aile ; cette même membrane fe prolonge au delà du quatrième
doigt jufqu’au corps de l’animal, enveloppe le bras & la cuiffe,
& s’étend au delà julqu’à la queue, quelle enveloppe encore,
comme les quatre jambes & les quatre doigts du pied de devant.
L a membrane de la chauve-fouris eft fouple, & a fi peu
depaiffeur qu’elle eft à demi-tranfparente; elle eft fi forte, que
l ’on a de la peine à la déchirer. En regardant à travers, on y
aperçoit quelques vaiffeaux fànguins & des fibres mufeuleufes
qui la froncent lorfque les ailes font pliées, & qui y forment
dans cet état de petites cavités placées en files comme les mailles
d’un réfeau. En déchirant cette membrane, on effile des fibres
blancheâtres qui découvrent le tiffu dont «lie eft compofe'e.
L e bras (AA, fg. 2, pl. x v i ) , l ’avant-bras (BB), les
quatre doigts (C C , DD, E E , F F ) des pieds de devant, la
cuiffe & la jambe n’ont que très-peu de chair, & reffemblent
à des parties d’un fquelette qui feraient enveloppées d’un crêpe.
L e premier doigt ( C ) eft placé près du fécond (D ); il y a
beaucoup plus de diftance entre le fecond & le troifième doigt
(E ) qu’entre le premier & le fecond; le troifième eft encore
plus éloigné du quatrième (F) que du fecond. L e bord pofté-
rieur de la membrane forme de chaque côté de l’animal quatre
échancrures, la première (G ) entre le fecond & le troifième
doigt, la féconde (H ) entre le troifième & le quatrième, la
troifième ƒ I) entre le quatrième doigt & la jambe, & la quatrième
(K) entre la jambe & la queue (L ) , dont la dernière
fauftè vertèbre eft en partie dégagée de la membrane. Ces
échancrures fÿmmétriques ont été imitées par les deffinateurs, &
fervent d’ornemens dans les cartouches & autres deffeins.
Lorfque la chauve-fouris ceffe de voler & fe pofe fur la terre,
elle fléchit les quatre doigts des pieds de devant le long de
l ’avant - bras, & elle s’appuie fur le pouce (M M ) 8c for le
poignet.
La tête de cet animal paraît confondue avec le corps, on
n’y voit que le mufeau & les oreilles, qui font fort grandes;
on aperçoit à peine les yeux prefque cachés dans le p o il, qui
eft long fur toutes les efpèces de chauve-fouris. Les Auteurs
dHiftoire Naturelle, qui ont fait mention de ces animaux, n’en
ont connu jufqu’à préfent qu’une, ou deux efpèces dans notre
climat; cependant j’en ai trouvé aifement un plus grand nombre,
des que j ai commencé à les obferver, & en quatre ans je fois
parvenu à en raffembler fept efpèces très-différentes, dont j’ai
déjà rapporté les caractères dans lui Mémoire furies chauve-fouris,
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