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 La   démarche  des  chauve-foi-iris  étant  toû jours  pelante,  &   
 fou vent  fort  lente,  diffère  peu  de  leur  état  de  repos;  aufii  ne  
 prennent -  elles  cette  allure  que  lorfqu’elles  font  engourdies  ou  
 fatiguées,  ou  lorfque  le  grand  jour  ne  leur  permet  pas  de  fortir  
 de  leur  retraite,  ni  d’apercevoir  les  objets  ;  mais  dès  que  la  
 lumière  eft  proportionnée  à  la  foiblelîè  de  leurs  y e u x ,  &   que  
 la  qualité  de  l ’air  leur  eft  propre  &   met  en  mouvement  les  
 ■ infeéles qui  leur  fervent  de  pâture,  elles  développent  de  longues  
 ailes,  prennent  i’eflbr,  s’élèvent  &   s’abailfent  en  l ’air,  &   parcourent  
 rapidement  de  longs  elpaces. 
 Revenons  à  la  chauve - fouris  portée  fur  fes  quatre  jambes,  
 pour  examiner  le  développement  de  fes  ailes.  J ’ai  déjà  dit  que  
 l ’on  ne  voyoit  dans  les  pieds  de  devant  qu’un  feul  doigt,  qui  
 étoit  le  pouce ;  il  y   a  de  plus  quatre  doigts  fort  longs,  étendus  
 contre  l’avant - bras,  repliés  près  du  coude  par  leur  extrémité ,  
 &   enveloppés  d’une  membrane  chiffonnée.  Lorfque  la  chauve-  
 fouris  veut  prendre  fon  v o l ,  elle  éloigne  fes  quatre  doigts  l ’un  
 de  l’autre,  la membrane  qui  les  enveloppe  fe  tend &   forme une  
 aile ;  cette  même  membrane  fe  prolonge  au  delà  du  quatrième  
 doigt  jufqu’au  corps  de  l’animal,  enveloppe  le  bras  &   la  cuiffe,  
 &   s’étend  au  delà  julqu’à  la  queue,  quelle  enveloppe  encore,  
 comme les  quatre jambes  &   les quatre doigts  du pied  de  devant. 
 L a   membrane  de  la  chauve-fouris  eft  fouple,  &   a  fi  peu  
 depaiffeur  qu’elle  eft  à  demi-tranfparente;  elle  eft  fi  forte,  que  
 l ’on  a  de  la  peine  à  la  déchirer.  En  regardant  à  travers,  on  y   
 aperçoit  quelques  vaiffeaux  fànguins  &   des  fibres  mufeuleufes  
 qui  la  froncent  lorfque  les  ailes  font  pliées,  &   qui  y   forment  
 dans  cet  état  de  petites  cavités  placées  en  files  comme  les mailles  
 d’un  réfeau.  En  déchirant  cette  membrane,  on  effile  des  fibres  
 blancheâtres  qui  découvrent  le  tiffu  dont  «lie  eft  compofe'e. 
 L e   bras  (AA,   fg.  2,  pl.  x v i ) ,  l ’avant-bras  (BB),  les  
 quatre  doigts  (C C ,  DD,  E E ,   F F )   des  pieds  de  devant,  la  
 cuiffe  &   la  jambe  n’ont  que  très-peu  de  chair,  &   reffemblent  
 à  des  parties  d’un  fquelette  qui  feraient  enveloppées  d’un  crêpe.  
 L e   premier  doigt  ( C )   eft  placé  près  du  fécond  (D );   il  y   a  
 beaucoup  plus  de  diftance  entre  le  fecond  &   le  troifième  doigt  
 (E )   qu’entre  le  premier  &   le  fecond;  le  troifième  eft  encore  
 plus  éloigné du  quatrième  (F)  que  du  fecond.  L e   bord  pofté-  
 rieur  de  la  membrane  forme  de  chaque  côté  de  l’animal  quatre  
 échancrures,  la  première  (G )  entre  le  fecond  &   le  troifième  
 doigt,  la  féconde  (H )  entre  le  troifième  &   le  quatrième,  la  
 troifième ƒ  I)  entre  le  quatrième  doigt  &   la  jambe,  &   la  quatrième  
 (K)  entre  la  jambe  &   la  queue  (L ) ,  dont  la  dernière  
 fauftè  vertèbre  eft  en  partie  dégagée  de  la  membrane.  Ces  
 échancrures  fÿmmétriques  ont  été  imitées par  les  deffinateurs,  &   
 fervent  d’ornemens  dans  les  cartouches  &   autres  deffeins. 
 Lorfque  la  chauve-fouris  ceffe  de  voler  &   fe  pofe  fur  la  terre,  
 elle  fléchit  les  quatre  doigts  des  pieds  de  devant  le  long  de  
 l ’avant -  bras,  &   elle  s’appuie  fur  le  pouce  (M M )   8c for  le  
 poignet. 
 La  tête  de  cet  animal  paraît  confondue  avec  le  corps,  on  
 n’y   voit  que  le  mufeau  &   les  oreilles,  qui  font  fort  grandes;  
 on  aperçoit  à  peine  les  yeux  prefque  cachés  dans  le  p o il,  qui  
 eft  long  fur  toutes  les  efpèces  de  chauve-fouris.  Les  Auteurs  
 dHiftoire  Naturelle,  qui  ont  fait  mention  de  ces  animaux, n’en  
 ont  connu  jufqu’à  préfent  qu’une,  ou  deux  efpèces  dans  notre  
 climat;  cependant  j’en  ai  trouvé  aifement  un  plus  grand nombre,  
 des  que  j ai  commencé  à  les  obferver,  &   en  quatre  ans  je  fois  
 parvenu  à  en  raffembler  fept  efpèces  très-différentes,  dont  j’ai  
 déjà  rapporté les caractères dans  lui Mémoire furies  chauve-fouris, 
 Qiij