376 H i s t o i r e Na t u r e l l e
b e fo in ; il fo plaît à faire du d é g â t , à c o u p e r , à ron g e r
tout c e q u ’il trou v e ; lo r fq u ’on l ’ir r ite , fon p o il fe h é rifïe
fur la c r o u p e , & il frappe fo r tem ent la terre d e fes p ieds
d e der rière ; il m o r t c ru e llem e n ta ; il ne fe Creufe pas
un trou c om m e le lapin , ni ne fe tient pas fur terre à
d é c o u v e r t c om m e le liè v re ; il habite o rd inairement dans
le creu x d es arbres & dans le s fo u ch e s pourr ies. L e s
f r u it s , les p a ta te s , le m an io c fo n t la nourriture ordinaire
d e c eu x qui fréqu entent autour d es habitations ; le s
feu ille s & les racines d es plantes & d es arbrilfeaux fon t
le s alimens d es autres qui d em eu ren t dans le s b o is &
le s favanes. L ’agouti fe f e r t , c om m e l ’é c u r e u il, d e fe s
p ied s d e dev ant p ou r faifir & p o r te r à là gu eu le ; il
c o u r t d ’une très-grande v îte lfe en plaine & en m ontan t;
mais c om m e il a les jam b e s d e dev ant plus cou r te s q u e
c e lle s d e d e r r iè r e , i l fe ro it la cu lb u te s ’ il n e ralentilfoit
là co u r fe en d efcend ant. II a la v û e b o n n e & l ’o u ïe
t r è s - f in e ; lo r fq u ’on le p i p e , il s ’arrête p o u r é c o u te r .
L a chair d e c eu x qui fon t gras & b ien nourris n ’e ft
pas mauvaife à m a n g e r , q u o iq u ’ e lle ait un p e tit g o û t
fauvage & q u ’ e lle fo it un p eu dure : o n é ch a u d é l ’a gou
ti c om m e le c o c h o n d e la it, & on l ’apprête d e m êm e .
O n le ch a fle a v e c d e s ch ien s ; lo r fq u ’on p eu t le faire
entrer dans des cannes d e fu c re co u p é e s , il eft b ien -tô t
* Cet animal eft fort méchant ; les Capucins d’OIinde au Brefil er»
ékvoient un à qui ils avoient arraché ies dents dans.fà jeunefle, &
malgré cette précaution il étendoit fon defordre auffi loin que le per-
mettoit fa chaîne. Hijloire des Indes par Souchu de Rcmefort, page 2,0 p.
ren d u ,
rendu, parce qu’il y a ordinairement dans ces terreins
de la paille & des feuilles de canne d’un pied d’épaif-
feur, & qu’à chaque faut qu’il fait il enfonce dans cette
litière , en forte qu’un homme peut fouvent l ’atteindre &
le tuer avec un bâton. Ordinairement il s’enfuit d’abord
très-vite devant les chiens, & gagne enfuite fa retraite
où il fe tapit & demeure obftinément caché : le chaf-
ftu r, pour l’obliger à en fortir, la remplit de fumée ;
l ’animal à demi fiiffoqué jette des cris douloureux &
plaintifs, & ne paraît qu’à toute extrémité. Son cri, qu’il
répète fouvent lorfqu’on l’inquiète ou qu’on l ’irrite, eft
femblabfoà celui d’un petit cochon. Pris jeune, il s’ap-
privoife ailement, il refte à la maifon , en fort feul &
revient de lui - même. Ces animaux demeurent ordinairement
dans les bois , dans les haies ; les femelles y
cherchent un endroit fourré pour préparer un lit à leurs
petits ; elles font ce lit avec des feuilles & du foin ; elles
produifent deux ou trois fois par an ; chaque portée
n’eft , dit-on *, que de deux ; elles tranfportent leurs
petits, comme les chattes , deux ou trois jours après
leur naiffance ; elles les portent dans des trous d’arbres,
où elles ne les alaitent que pendant peu de temps : les
jeunes agoutis font bien-tôt en état de fuivre leur mère
& de chercher à vivre. Ainfi le temps de J’accroifle-
ment de ces animaux eft aflez court, & par conféquent
leur vie n’eft pas bien longue.
* Voyez i’Hiftoire générale des Mes Antilles par le P. du Tertre.
Paris, 1667, tome II, page 2 0'6.
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