yeux grands , d’un verd jaunâtre ; un bandeau noir &
tranfverfal au deffiis des yeux ; le mufeau effilé, le nez
un peu retrouffé, la lèvre inférieure moins, avancée que
la fupérieure ; les dents comme le chien, fix incifives
& deux canines: en haut & en bas; la queue touffue ,
longue au moins comme Je corps, marquée par des
anneaux alternativement noirs & blancs dans toute fon
étendue ; les jambes de devant beaucoup plus courtes
que celles de derrière, & cinq doigts à tous les pieds,
armés d’ongles fermes & aigus ; les pieds de derrière
portant affez fur le talon pour que l’animal puiffe s’élever
& foûtenir fon corps dans une fituation inclinée en
avant. Il fe fort de fes pieds de devant pour porter à
fa gueule ; mais comme fes doigts font peu flexibles,
il ne peut, pour ainfi dire, rien fàifir d’une feule main,
il fe fert des deux à la fois, & les joint enfemble pour
prendre ce qu on lui donne. Quoiqu’il foit gros &
trapu, il efl cependant fort agile ; lès ongles pointus
comme des épingles, lui donnent la facilité de grimper
aifément fur les arbres ; il monte légèrement jufqu’au
deffiis de la tige , & court jufqu’à l ’extrémité des
branches ; il va toujours par fauts, il gambade pluflôt
qu’il ne marche, & fes mouvemens, quoi qu’obliques,
font tous prompts & légers.
Cet animal efl originaire des contrées méridionales
de l’Amériqueon ne le ,trouve pas dans l’ancien continent;
au moins les-Voyageurs qui ont parlé des animaux
de l’Afrique & des Indes orientales , n’en font aucune
m ention ; il e f l au contraire trè s -com m u n dans le climat
ch aud d e l ’Am é r iq u e , & fur-tout à la Jama ïque ' o ù il
habite dans les m o n ta g n e s , & en d e fc e n d p ou r manger
d e s cannes d e fu c re . O n ne le trou v e pas en C a n a d a ;
ni dans les autres parties foptentrionales d e c e c o n t in
e n t , cep en dan t il ne craint pas e x c e ffiv em en t le f r o id ;
M . K l e in b en a nourri un à D a n t z i c k , & ce lui que nous
a v ion s a paffé une nuit entière le s p ied s pris dans d e la
g la c e , fans q u ’il ait été in c om m o d é .
Il trem p o it dans l ’eau , o u p lu flô t il d é tr em p o it tout
c e q u ’il v o u lo it manger ; il je to it fon pain dans fâ te r rine
d ’e a u , & ne l ’en retiroit que quand il le v o y o it
b ien im b ib é , à m o ins q u ’il ne fu t p re fïe par la faim ;
car alors if p r en o it la nourriture f e c h e , & telle q u ’on la
lui p r é fen to it ; il fu r e to itp a r - to u t, m an g eo itau ffi d é f o n t ,
d e la chair c ru e ou c u i t e , du p o i f fo n , d es oe u fs , d es
volailles v ivantes , d es g ra in s , d e s r a c in e s , & c . il man-
g e o it auffi d e toutes for te s d ’in fè é le s ; il fe pla ifoit à
ch e r ch e r les araignées , & lo r fq u ’ il é to it en lib e rté dans
un ja rd in , il p ren o it le s l im a ç o n s , les h annetons , les
vers. Il a imoit le fu c r e , le la i t , & le s autres nourritures
d o u c e s par deffiis toute c h o f e , à l ’ e x c ep tio n d e s fru its ,
auxquels il p r é fé r a it la c h a i r , & fu r - to u t le p o iffon . Il
fe retiroit au loin p o u r faire fes b e fo in s , au re fie il é toit
Voyez l’Hiftoire Naturelle de la Jamaïque , par Hans Sloane,
Londres, 1725 , in-folio, tome I I , page y 2fi , en Anglois.
1 Klein, de quadrup. pag. 62.
V u ij