nous avons obfervé fe trouvant d’accord avec ce qu’il
en d it, nous ne doutons pas que ce qu’ii a obfervé de
plus ne (bit également vrai.
La marmotte , prrfe jeune, s’apprivoife plus qu’aucun
animal fàuvage , & prefqu autant que nos animaux domef-
tiques ; elle apprend aifément à faifir un bâton , à gelli-
culer, à danfer, à obéir en tout à la voix de fon maître ;
elle efl, comme le chat, antipathique avec le chien: lorsqu'elle
commence à être familière dans la maifbn , &
qu’elle fe croit appuyée par fon maître, elle attaque &
mord en fà préfènce les chiens les plus redoutables.
Quoiqu’elle ne Soit pas tout-à-fait auffi grande qu’un
lièvre , elle efl bien plus trapue, & joint beaucoup de
force à beaucoup de foupleffe : elle a les quatre dents
du devant des mâchoires affez longues & affez fortes
pour bleffer cruellement ; cependant elle n’attaque que
les chiens, & ne fait mal à perfonne à moins qu’on ne
l ’irrite. Si l’on n’y prend pas garde , elle ronge les
meubles, les étoffes , & perce même le bois lorfqu’elle
efl renfermée. Comme elle a les cuiffes très - courtes,
& les doigts des pieds faits à peu près comme ceux
de l’ours, elle fe tient fouvent affife, & marche comme
lui aifément fur fes pieds de derrière ; elle porte à fà
gueule ce qu’elle fàifit avec ceux de devant, & mange
debout comme l ’écureuil ; elle court affez vite en
montant, mais affez lentement en plaine ; elle grimpe
fur les arbres, elle monte entre deux parois de rochers,
entre deux murailles yoifines , & c ’eft des marmottes,
d it-on , que les Savoyards ont appris à grimper pour
ramonner les cheminées. Elles mangent de tout ce qu’on
leur donne , de la viande , du pain , des fruits , des
racines , des herbes potagères, des choux, des hannetons
, des fauterelles , &c. mais elles font plus avides
de lait & de beurre que de tout autre aliment. Quoique
moins enclines que le chat à dérober, elles cherchent
à entrer dans les endroits où l ’on renferme le lait, &
elles le boivent en grande quantité en marmottant,
c ’effcà-dire en faifant comme le chat une efpèce de
murmure de contentement. Au refie, le lait efl la feule
liqueur qui leur plaife ; elles ne boivent que très-rarement
de l’eau , & refufent le vin.
La marmotte tient un peu de l’ours & un peu du rat
pour la forme du corps ; ce n’efl cependant pas Y arflo-
mys ou le rat-ours des Anciens ,■ comme 1 ont cru
quelques Auteurs, & entr’autres Perrault. Elle a le nez,
les lèvres & la forme de la tête comme le lièvre , le
poil & les ongles du blaireau, les dents du caflor , la
mouflache du chat, les yeux du loir, les pieds de l ’ours,
la queue courte & les oreilles tronquées. La couleur
de fon poil fur le dos efl d’un roux brun , plus ou
moins foncé ; ce poil efl affez rude , mais celui du
ventre efl rouffeâtre, doux & touffu. Elle a la voix & le
murmure d’un petit chien lorfqu’elle joue ou quand on la
careffe ; mais lorfqu’on l’irrite ou qu’on l’effraie , elle
fait entendre un fifflet fi perçant & fi aigu , qu’il bleffe
le tympan. Elle aime la propreté, & fe met à l ’écart,
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