les trois quarts de leur v ie , elles s’y retirent pendant
l ’orage , pendant la pluie , ou dès qu’il y a quelque
danger ; elles n’en fortent même que dans les plus
beaux jours, & ne s’en éloignent guère; lune fait le
guet, affile fiir une roche élevée, tandis que les autres
s’amufent à jouer fur le gazon , ou s’occupent à le
couper pour en faire du foin ; & lorfque celle qui fait
fèntinelle aperçoit un homme, un aigle, un chien, &c.
elle avertit les autres par un coup de fifflet, & ne rentre
elle-même que la dernière.
Elles ne font pas de provifions pour l’hiver, il femble
qu’elles devinent qu’elles feroient inutiles ; mais.lorsqu’elles
fentent les premières approches de la fàifon qui
doit les engourdir , elles travaillent à fermer les deux
portes de leur domicile , & elles le font avec tant de
foin & de folidité , qu’il eft plus aifé d’ouvrir la terre
par-tout ailleurs que dans l’endroit qu’elles ont muré.
Elles font alors très-grades, il y en a qui pèlent jufqu’à
vingt livres; elles le font encore trois mois après, mais
peu à peu leur embonpoint diminue, & elles font maigres
fur la fin de l’hiver. Lorfqu’on découvre leur retraite,
on les trouve refferrées en boule & fourrées dans le
foin , on les emporte tout engourdies, on peut même
les tuer fans qu’elles paroiffent le fentir ; on choifit les
plus grades pour les manger, & les plus jeunes pour les
apprivoifer. Une chaleur graduée les ranime comme les
loirs , & celles qu’on nourrit à la maifon, en les tenant
dans des lieux chauds , ne s’engourdiffent pas, & font
même
même auffi vives que dans les autres temps. Nous ne
répéterons pas , au fujet de l’engourdiffement de la marmotte
| ce que nous avons dit à l’article du loir ; le
refroidiffement du fàng en eft la feule caufe , & l’on
avoit obfervé avant nous, que dans cet état de torpeur
la circulation étoit très-lente auffi-bien que toutes les
fécrétions, & que leur fàng n’étant pas renouvelé par
un chyle nouveau, étoit fans aucune ferofité. Voyez les
Tranfattions Philofophiques , n i 39 7. Au refte , il n’eft
pas fur qu’elles foient toûjours & conftamment engourdies
pendant fept ou huit mois, comme prefque tous
les Auteurs le prétendent. Leurs terriers font profonds
, elles y demeurent en nombre, il doit donc s’y
confèrver de la chaleur dans les premiers temps, & elles
y peuvent manger de l’herbe qu’elles y ont amaftee,
M. Altmann dit même, dans fon Traité fur les animaux
de SuifTe , que les ChafTeurs Liftent les marmottes
trois femaines ou un mois dans leur caveau avant que
d’aller troubler leur repos ; qu’ils ont foin de ne point
creufer lorfqu’ii fait un temps doux , ou qu’il fbufïïe
un vent chaud; que fans ces précautions les marmottes,
fè réveillent, & creufent plus avant; mais qu’en ouvrant
leurs retraites dans le temps des grands froids , on les
trouve tellement aftoupies qu’on les emporte facilement.
On peut donc dire qu’à tous égards elles font comme
les loir9, & que fi elles font engourdies plus longtemps
, c ’eft qu’elles habitent un climat où l’hiver eft
plus long.
Terne VJIL F f