gras , & qu’ils le font encore lorfqu’ils fe raniment au'
printemps : cette abondance de graille eft une nourriture
intérieure qui foffit pour les entretenir & pour fuppléer
à ce qu’ils perdent par la tranlpiration.
Au refie , comme le froid eft la feule caufe de leur
éngourdiffement, & qu’ils ne tombent dans cet état que
quand la température de l’air eft au deftous de dix ou
onze degrés , il arrive fouvent qu’ils fe raniment même
pendant l’hiver / car il y.' a des heures , des jours , &
même des fuites de jours , ' dans cette faifon , où la
liqueur du thermomètre fe foûtient à douze , treize,
quatorze, &c. degrés, & pendant ce temps doux les
loirs fortent de leurs trous pour chercher à vivre , ou
pluftôt ils mangent les provifions qu’ils ont ramaffées
pendant l’automne, & qu’ils y ont tranfportées. Ariftote
a dit * , & tous les Naturaliftes ont dit après Ariftote ,
que les loirs paffent tout l’hiver fans manger, & que
dans ce temps même de diète ils deviennent extrêmement
gras , que le fommeil feul les nourrit plus que les
alimens ne nourriffent lès autres animaux. Le fait non-
feulement n’eft pas vrai , mais la fuppofition même du
fait n’eft pas poffïble, Le loir engourdi pendant quatre
ou cinq mois ne-polirroit s’engraiffer que de l’air qu’il
relpire : accordons fi l’on veut ( & c’eft beaucoup trop
accorder ) qu’une partie de^ cet air fe tourne en nourriture,
en réfultera-t-il une augment’fiôn fi corrfidérable !
cette nourriture fi légère pourra-t-elle même fuffire à
* Hift, animal, lib, VII I, cap, i y.
la déperdition continuelle qui fe fait par la tranlpiration '
Ce qui a pu faire tomber Ariftote dans cette erreur,
c ’eft qu’en Grèce,.où les hivers font tempérés, les loirs
ne dorment pas;continuellement, & que prenant de la
nourriture,:peut-être abondamment, toutes les fois que
la chaleur les ranime | il les aura trouvés très-gras , quoi*
qu’engourdis. Ce qu’il y a de vrai, c’eft qu’ils font
gras en tout temps, & plus gras en automne qu’en été:
leur chair eft affez fi mblablc à celle du cochon d’Inde.
Les loirs faifoient partie de la bonne chère chez les
Romains ; ils en élevoient en quantité. Varron donne la
manière de faire des garennes de loirs, & Apicius celle
d’en faire des ragoûts : cet ufage n’a point été fuivi,
fort qu’on ait eu du dégoût pour ces animaux, parce
qu’ils rcft'emblenl aux rats , foit qu’en effet leur chair ne
foit pas de bien bon goût. J’ai ouï dire à des paylàns
qui en avoîent mangé , qu’elle n’étoit guère meilleure
que celle du rat d’eau. Au refte , il n’y a que le loir qui
foit mangeable ; le lérot a la chair mauvaifo & d’une
odeur defâgréable.
Lé loir reffemble affez à* l’écureuil par les habitudes-
naturelles; il habite comme lui les forêts , il grimpe
fiir les arbres , faute de branche en branche , moins'
légèrement à la vérité que l’écureuil qui a les jambes'
plus longues, le ventre bien moins gros , & qui eft
auffi maigre que le loir eft gras : cependant ils vivent
tous deux des mêmes alimens ; de la faine /des noifettes,
de la châtaigne , d’autres fruits fauyages , font leur