5 8 Histoire Naturelle
laqueue, par les jambes, fur-tout celles de derrière
qu’elle a plus courtes que la fouris ; par les oreilles * „
& enfin par les dents. Ce très- petit animal a une
odeur forte qui lui eft particulière, & qui répugne aux
chats ; ils chaffent, ils tuent la mufàraigne, mais ils ne
la mangent pas comme la fouris. C’eft apparemment
cette mauvaife odeur & cette répugnance des chats-
qui a fondé le préjugé du venin de çet animal & de là
morfure dangereufe pour le bétail, & flir - tout pour les
chevauxcependant il n’eft ni venimeux , ni même
capable de mordre , car il n’a pas l’ouverture de la
gueule aftez grande pour pouvoir faifir la double épaif-
feur de la peau d’un autre animal, ce qui cependant eft
abfolument néceflàire pour mordre ; & la maladie deschevaux
que le vulgaire attribue à la dent de la mu-
faraigne , eft une enflure, une efpèce d’anthrax, qui
vient d’une caufè interne, & qui n’a nul rapport avec
la morfure, ou , fi l’on veut, la piquûre de ce petit animal.
11 habite affez communément, fur-tout pendant
l’hiver, dans les greniers à foin, dans les écuries, dans
les granges, dans les cours à fumier ; il mange du grain,
des infeétes & des chairs pourries : on le trouve auffi
fréquemment à la campagne, dans les bois , où il vit
de graines; & il fe cache fous la moufle, fous les feuilles,
fous les troncs d’arbres, & quelquefois dans les trous
abandonnés par les taupes , ou dans d’autres trous plus
* Voyez ci-après la defcription de la Mülaraigne, 5s comparez-Ià
avec celle de la Taupe & celle de la Souris.
petits qu’il fe pratique lui-même, en fouillant avec les
ongles & le mufeau. La mufàraigne produit en grand
nombre , autant , dit-on, que la fouris, quoique moins
fréquemment. Elle a le cri beaucoup plus aigu que la
fouris, mais elle n’eft pas auffi agile à beaucoup près :
on la prend aifément, parce qu’elle voit & court mal.
La couleur ordinaire de la mufàraigne eft d’un brun
mêlé de roux, mais il y en a auffi de cendrées, de
prefque noires, & toutes font plus ou moins blancheâtres
fous le ventre. Elles font très-communes dans toute
l’Europe, mais il ne paroît pas qu’on les retrouve en
Amérique. L’animal du Brefil dont Marcgrave * parle
fous le nom de mufàraigne, quia, dit-il, le mufeau très-
pointu & trois bandes noires fur le dos, eft plus gros,
& paroît être d’une autre efpèce que notre mufàraigne.
* Vid. Marcgravii, Hifi. Brafil. pag. 2 2 $.