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avec les deux pieds de devant pour les porter à là bouche ; il
ne pouvoit pas les lâifir ni les empoigner avec un lëul p ied ,
parce-que les doigts ne plioient que très-peu : il foûtenoit entre
lès deux pieds le morceau qu’il vouloit manger, il le frottait
en tenant les doigts tendus ; lorlqu’H trouvoit de l’eau, i l ne
manquoit jamais d y plonger lès pieds laïus quitter Ion morceau,
& de le frotter comme s’i l avoit voulu le laver , mais c’était
eii effet pour le détremper, car louvent il le laiffoit dans l’eau,
& lie le frottait que iorfqu’il-en était déjà imbibé: il trempoit
ainfi toutes fortes d alimens, même dans l’eau la plus froide. On
la trouve pendant une grande gelée ayant les deux pieds pris
dans la glace qui setoit formée dans la terrine où on lui donnoit
de 1 eau. Italique la faim le prelîbit, il mangeoit tout ce qu’il
trouvoit fins le frotter ni le tremper dans l ’eau.
- .11 était très-carnaffrer ; lorfquïl fe trouvoit en liberté, il furetait
dans les angles des murs & dans les trous , fous lès pierres &
fous les plantes, en un mot dans tous les coins, pour chercher des
infeétes , comme des araignéès, des limaces, des limaçons, & c .
êc des animaux tels que des taupes, des founs , : des'grenouilles,
& ç . II mangeoit la chair des poiffms avec plus d’avidité »que
celle des animaux quadrupèdes & des oifeaux. En général, cet
animal mangeoit de toute chair crue , cuite, & même affai-
fonnée , cependant le fromage fermenté & la moutarde lui
répugnoient ; il était fort avide de k i t , de crème, dë focre, &
xle tout et* qui était confit au focrè ; il mangeoit auffi des fruits-,
mais fëulemçnt au défaut de la chair des animaux ; il buvoit en
Jappant homme lés chiens , & en humant comme les chevaux.
• -Ce raton étoit très-dàmilier, & même fort careliant; il con-
noiflbiteeux qui lapproehoient fou vent, & qui lui donnoient à
manger ; il badinoit comme les chiens & les chats. Il avoit beaucoup
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d’agilité , & il grimpait fur les arbres -très - légèrement ; il
étoit prefque toujours en mouvement pendant le jour , & il
avoit une allure fort fingulière étant à k chaîne ; il dccrivoit
un arc de cercle =en fàifint des pas à droite avec' les jambçséde
devant, & forfqa’il rencontrait la chaîne’ il paffoit les pieds-de
derrière par delîiis en fautant , enfoite il revenoit àégauche de
la même manière , & il continuoit cette allure pendant des
heures entières, A u moindre bruit qu’il entendoit, il fe dreffoit
for lés pieds-de derrière fë tenoit.élevé pour-écouter-&
pour découvrir la caufe de ce bruit : il avoir ibeaucoup d’iriftiriél
& de vivacité. Je crois que les animaux de cette élpèce s’ap^
privoiferoient comme les chiens, car celui-ci était fort docilè, &
n’a mordu que les gens qui l ’approchoient trop brufquement,
ou qui vouloient lui arracher k proie. Il fe retirait au plus'iairr
pour rendre fes excrémens, & les recouvrait comme les chats.
La couleur de cet animal étoit du g r is , mêlé de noir &
dune teinte de fauve; les levres & le nez étaient noirs : il y
avoit une bande longitudinale de couleur brune - noirâtre, qui
setendoit depuis le nez-jufqu’au deffus du fr o n t , & une autre
bande tranfverfâle de k même couleur, & beaucoup plus k rg e ,
qui paffoit de chaque côté foi- les yeux & au defîôus} & qui
fe prolongeoit for 1a partie poftérieure de 1a mâchoire dm deffous.
L e deffos du front, le fommet & le derrière de 1a tête , le deffus
du c o u , i’épaufe, le dos , la croupe , la. partie fopéfieure des
côtés du corps & la face extérieure de la cuiffe avoient une-
couleur mêlée de gris, de n o ir , & d’une légère teinte de fauve.:
Les poils étaient de deux fortes ; les uns plus courts, plus doux-
& plus nombreux que les autres, formpient une efpèce de duvet
d é ro u leu r cendrée - brune ; les poils longs & fermes étaient
de couleur cendrée-claire-près de k racine; ils avoient une