L E L O I R . *
IN I o u s connoiflons trois efpèces de Loirs, qui, comme
la marmotte , dorment pendant l’hiver, le L o ir , le
Lérot & le Mufcardin ; le loir eft le plus gros des
trois, le mufcardin eft le plus petit. Plufieurs auteurs ont
confondu l’une de ces efpèces avec les deux autres,
quoiqu’elles ioient toutes trois très - diftinctes, & par
conféquent très-aifées à reconnoître & à diftinguer. Le
loir eft à peu près de la grandeur de l’écureuil , il a ,
comme lui, la queue couverte de longs poils ; le lérot
n’eft pas fi gros que le rat, il a la queue couverte de
poils très-courts, avec un bouquet de poils longs à
l’extrémité; le mufcardin n’eft pas plus gros que la
fouris , il a la queue couverte de poils plus longs que
le lérot, mais plus courts que le loir, avec un gros
bouquet de longs poils à l’extrémité. Le lérot diffère
des deux autres par les marques noires qu’il a près des
* Le Loir ; en G r e c , Mvutyç, félon Gefner ; e'ahoV > félon les
Grammairiens; en Latin, G lis ; en Italien, Galero, Gliero, Ghiro ;
en Efpagnol, Liron; en Allemand, Scebens-chlafer, félon Klein; &
Greul en quelques endroits d’Allemagne, félon Gefner; enPolonois,
Saurek ; en Suifïe Rdl, Rdl muß; en vieux François, Liron,
Rat-Liron, Rat-veule.
G Us- Gefner, Hiß. quadrup. pag. j ƒ o. Jcon. quadrup. pag. i op,
G lis. Aldrovande, Hiß. quadrup. digit. pag. g-0 g.
G lis foprà obfcure cinereus , infra, ex albo cinerefcens. Briflon, Regn,
animal-pag. i 6o.
yeux, & le mufcardin par la couleur blonde de fon
poil fur le dos. Tous trois font blancs ou blancheâtres
fous la gorge & le ventre ; mais le lérot eft d’un affèz
beau blanc, le loir n’eft que blancheâtre , & le mufcardin
eft pluftôt jaunâtre que blanc dans toutes les
parties inférieures. Voyez ci-après les trois figures & les
defcriplions.
C ’eft improprement que l’on dit que ces animaux
dorment pendant l’hiver ; leur état n’eft point celui d’un
fommeil naturel, c ’eft une torpeur, un engourdiiïement
des membres & des fens , & cet engourdiiïement eft
produit par le refroidifiement du làng. Ces animaux
ont fi peu de chaleur intérieure , qu’elle n’excède guère
celle de la température de l’air. Lorfque la chaleur de
l ’air eft au thermomètre de dix degrés au deftiis de la
congélation , celle de ces animaux n’eft aufli que de dix
degrés. Nous avons plongé la boule d’un petit thermomètre
dans le corps de plufieurs lérots vivans ; la chaleur
de l’intérieur de leur corps étoit à peu près égale à
fa température de l’air ; quelquefois même le thermomètre
plongé, & , pour ainfi dire, appliqué fur le coeur, a baille
d’un demi-degré ou d’un degré, la température de l’air
étant à onze. Or l’on lait que la chaleur de l’homme, &
de la plulpart des animaux qui ont de la chair & du làng,
excède en tout temps trente degrés ; il n’eft donc pas
étonnant que ces animaux , qui ont fi peu de chaleur
en comparailon des autres , tombent dans l’engourdif
fement dès que cette petite quantité de chaleur intérieure